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 LameNeige, tome 1 La Faneras et le collier d'ambre

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Nicolaï KalonErch
Nouveau en Alagaësia
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Nicolaï KalonErch


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LameNeige, tome 1 La Faneras et le collier d'ambre Empty
MessageSujet: LameNeige, tome 1 La Faneras et le collier d'ambre   LameNeige, tome 1 La Faneras et le collier d'ambre Icon_minitimeDim 21 Fév - 15:27

Voilà le début de l'histoire que je suis en train d'écrire. C'est aussi de cet univer qu'est tirer mon personnage.

Avis à ceux qui aurait des critiques à faire: ne vous gênez surtout pas.


Prélude : Le siège de Dwizerheim
276 ans avant les évênements de LameNeige (an 1 du calendrier cygnac)

Les sons métalliques des grandes balistes et des engins de sièges du duc d’Aléquimor résonnaient dans le silence total des plaines de Gaste. Le royaume autrefois fertile et riche n’était à présent qu’une terre dévastée et stérile. La nature ne reprendrait sûrement jamais ses droits sur cette lande desséchée tant le sol était à présent pervertit par la présence néfaste des Vampires.
Posé au milieu de cette vaste plaine aride, se trouvait un éperon de granite qui dominait la grande étendue vide de toute sa masse. La forteresse de pierre sombre qui était bâtie au-dessus semblait quant à elle plus écrasante que le roc. Pourtant, malgré son aspect, la place forte avait connut des jours meilleurs.
Quartier général de Viktor Von Erkuf durant sa campagne contre les humains des duchés du Cygne, elle avait connut le faste et la grandeur de la cour et des balles du Roi-Vampires et de ses plus proches soutiens. Elle avait accueillit à son pied des centaines de milliers de cadavres silencieux qui n’attendait qu’une chose : tuer tous les êtres vivants qui vivaient en très grand nombre dans les duchés.
Mais ce temps semblait bien éloigné. La campagne de conquête des duchés c’était heurté aux murs de bouclier des soldats et aux charges désespérées des chevaliers. La coalition des ducs qui semblait si fragile au début avait pourtant tenu. Durant toute une année, les hordes de cadavres qui se répandaient depuis les plaines Gaste avaient été bloquées dans les marécages du duché de Winschesberg.
Un boulet tiré par un grand trébuchet acheva de briser une grande tour qui se décrocha du reste de la structure de la forteresse. La pluie de rochers alla s’abattre au sol dans un bruit de fin du monde. Les formes humaines qui s’agitaient en tout sens, entraînées par la tour n’eurent aucune chance de survie. Si la chute ne les avaient pas réduits en bouillie, les tonnes de rochers qui s’abattirent sur eux s’en occupèrent.
La chute de cette simple tour fut accueillie par des hurlements de joie de la part des chevaliers et des soldats des armées ducales.
Lionel GwadPadal souris. À la tête des armées ducales, il se réjouissait de la chute de ce château. Dwizerheim ne serait bientôt plus qu’un souvenir il n’avait pas l’intention de laisser la moindre pierre debout.
Face à la résistance des ducs, Viktor avait fini par perdre patience. Il c’était risqué dans une bataille qu’il pensait gagnée d’avance. Se fut loin d’être le cas et voilà que quatre milles humains : chevaliers, hommes d’armes, archers et mages faisaient pleuvoir sur la forteresse des projectiles de tout type et de tout genre.
Les douze ducs et toutes leurs armées étaient unies dans un même but. Une même volonté les animait. Tous réclamaient vengeance. Pour leur frère tombé sous les coups des hordes de cadavres, pour leurs familles massacrées sans la moindre pitié pour le simple motif d’être encore en vie. Pour leur roi, ou celui qu’on considérait comme tel. Louis GwadPadal, le duc de Matriers, l’homme qui avait mit fin aux Guerres Ducales et unifié les ducs sous une même bannière afin de contrer Viktor. Le père de Lionel.
Personne dans l’armée ne doutait devoir la vie à Louis GwadPadal. Ils allaient faire payer chèrement cette mort.
Lionel ne put s’empêcher de ressentir de la tristesse. Son père c’était battu durant plusieurs mois pour obtenir l’alliance des ducs et tenter d’effacer prêt de cinq cents ans de querelles perpétuelles. Puis il avait passé un peut plus d’une année à préparer la guerre contre Viktor. Et enfin, une nouvelle année encore à chevaucher en première ligne face aux hordes de cadavres.
Mais voilà, quand la guerre touchait à la fin et que les Vampires s’enfuyaient, Louis était mort. Il avait perdu la vie durant l’affrontement qui avait opposé les chevaliers aux légions de cadavres. Celui qui avait entraîné la fin de l’armée de Viktor. Lionel y avait aussi perdu ses deux frères.
Pourtant, alors qu’il s’attendait à ce que chacun des ducs rentre chez lui et qu’ils reprennent leurs querelles sans queue ni tête, tous c’étaient prosterné devant lui, promettant de le servir. Il était devenu le nouveau Haut-Duc. Ou plus simplement, roi.
-Pourquoi réduire cette citadelle en cendre, interrogea le duc de Benklys qui se tenait à côté de lui.
Lionel ne répondit pas immédiatement. En fait, il n’y avait pas vraiment réfléchit. Ce choix c’était imposé à lui. Dwizerheim devait être réduit en cendre.
-Voulez-vous de cette terre pour y installer vos familles, interrogea Lionel ? Voulez-vous de ces longues landes desséchées et stériles où le soleil perce à peine les nuages ?
Le mage regarda autour de lui.
-Honnêtement, non votre majesté.
Un peut plus loin, le duc de Florissant émis soupire qui semblait chargé de dédain. Malgré l’alliance, les vieilles querelles étaient toujours vivaces et le duché de Florissant et de Benklys n’avaient jamais été capable de s’apprécier. Même pour se battre contre un ennemi commun. Florissant, le duché des Faneras et des charges héroïques et Benklys, la grande terre des mages étaient trop opposé pour s’entendre.
Louis ignora l’intervention du duc de Florissant.
-Personne ne pourrait vivre ici à l’exception des Vampires, expliqua Lionel. Dwizerheim exercerait une pression constante sur la frontière. Je ne peux pas le permettre. De plus, la détruire est un symbole.
Lionel aurait préféré que se ne soit pas le cas. Il aurait tant aimé que Viktor se soit réfugié ici pour pouvoir le tuer et rapporter sa tête à Matriers au bout de sa lance. Se n’était malheureusement pas le cas. Viktor c’était plus enfoncé dans son royaume de Gaste.
Ce territoire étant trop désert et dévasté pour être conquis. Une telle manœuvre entraînerait un étirement dangereux des lignes de ravitaillement. Louis ne pouvait pas prendre ce risque.
-Il faut un symbole de cette victoire afin de marquer les esprits, fit le jeune roi. Mais je vous l’accorde. La décision de réduire ce château en cendre est très politique. J’aurais préféré tuer Viktor, mais cela n’est pas possible.
Un nouveau cri de joie éclata quand une nouvelle partie de la forteresse s’abattit du haut de l’éperon.
Sans le moindre espoir, une troupe de cadavres décharnés sortit de ce qui restait de la forteresse. Ces cadavres ambulants constituaient toujours l’essentiel des soldats utilisé par les Vampires. Obéissant, silencieux et sans âme, ils étaient des jouets parfaits pour qui les maîtrisaient. Les Vampires savaient les utiliser à bon escient, les envoyant dans d’interminables vagues d’assaut. Les cadavres étaient peut-être plus lent et possédant moins d’esprit d’initiative que les humains, mais ils avaient pour eux l’avantage de ne jamais être fatigué. De ne jamais avoir à se reposer ou à dormir et ils étaient toujours largement plus nombreux que les humains qu’ils dépassaient par la force du nombre. Mais plus encore que tout les reste : les tuers était extrêmement difficile car il fallait pour cela presque les réduire en pièce. Pourtant ici, ces cadavres ne seraient pas un danger. Ils étaient beaucoup moins nombreux que les humains.
-Duc Oneab KalonErc’h, l’honneur de la charge est pour vous, fit Lionel.
Le duc de Florissant souris de toutes ses dents.
-Avec plaisir majesté.
Sans plus attendre, le duc coiffa son heaume de bataille et partit au galop en direction des chevaliers qui patientait non loin de là. Les armes de sièges cessèrent de tirer quand les cavaliers l’élancèrent vers l’éperon rocheux.
Culbuté et écraser par les chevaux lancés au galop, les cadavres n’eurent pas la moindre chance. Les chevaliers ne firent que ralentir en les écrasant. Puis, ils passèrent la porte de ce qui restait de la citadelle.
Au soir, alors que les armées ducales firent demi-tour pour rentrer chez eux, Dwizerheim n’avait plus rien d’une citadelle.





La Faneras et le collier d’ambre





Chapitre I : Naissance et rencontre

La neige tombait depuis plusieurs heures sans discontinuer. Cette tempête n’était peut être pas la plus forte qu’ait connu le duché, mais cette année, la neige était arrivée en avance. Toute la campagne qui entourait la ville de Florissant, capitale du duché du même nom, avait recouvert d’un épais manteau de blanc un mois avant la date habituelle. Mais personne ne pensait à s’en plaindre. Dans ce duché du Nord, on était habitué aux rigueurs de l’hiver et au climat capricieux des montagnes. Les habitants étaient prêts à passer la mauvaise saison alors que les arbres se couvraient de rouge et de jaune. Quand les récoltes étaient rentrées et les animaux mis à l’abri, tout était prêt pour accueillir l’hiver et son cortège de glace et de neige. Avant que le premier flocon ne tombe, tout était déjà prêt. Cette année, l’hiver était juste arrivé plutôt que prévu.
C’était un peut ennuyant, mais très loin d’être alarmant ou même inquiétant. Personne ne contrôlait le climat, quoi qu’on en dise, il fallait bien faire avec les caprices de la nature.
Personne n’était vraiment dérangé par l’arrivée précoce des neiges. Juste un rien bousculé. Ce n’était surtout pas les soldats de l’armée ducale qui allaient s’en plaindre. Les barbares nordiques qui traversaient les Pics Blancs quand ceux-ci étaient praticables avaient lancé des raids plus nombreux et plus sanglants que les années passées.
Les Pics Blancs étaient une chaîne montagneuse particulièrement élevés qui barrait tout le Nord du royaume du Cygne, constituant ainsi une ligne de défense d’une grande efficacité contre les attaques des guerriers nordiques qui se jetaient sur les terres riches du royaume en quête de pillage et de massacre afin de plaire à leurs dieux.
Beaucoup de soldats étaient morts pour défendre les cols ou dans des affrontements en plaine avec des groupes de pillard. Ces derniers profitaient du fait que le duc et les grands seigneurs soient occupés à maintenir à distance les envahisseurs nordiques pour laisser libre court à leurs envies meurtrières. Ces gens étaient souvent de petits voleurs qui se faisaient entraîner dans des bandes. Mais en franchissant le pas entre voler une bourse à un homme dans un marché et torturer des paysans innocents, ils franchissant une limite. Alors, se n’était plus aux milices des villes de s’occuper de ces bandes. Mais à l’armée ducale. Cette armée ducale était donc confrontée à un double problème. Les guerriers des Terres Gelées attaquaient par le Nord et des propres citoyens du royaume menaient des actions de rébellion. Heureusement, le duché avait toujours été confronté à ce type de problème. Il lui avait fallut s’adapter et les vieilles traditions des Guerres Ducales étaient restées en place même après la fondation du royaume.
Tout homme habitant dans le duché devait suivre un entraînement d’un mois dans l’armée durant l’hiver, quand les attaques nordiques étaient rendues impossibles à cause de la neige. En outre, il lui était remis un équipement certes sommaire mais suffisant quand il atteignait l’âge de dix-sept ans. Une épée, un grand bouclier rectangulaire, une courte lance, une cotte de maille et un casque.
L’hiver donnait l’occasion de souffler un peut. Les cols étant impraticables et les nordiques allaient donc devoir attendre la fonte des neiges pour reprendre leurs raids meurtriers dans le royaume du Cygne. Personne ne se risquait à s’aventurer dans les Pics Blancs en hiver. Car on ne pouvait pas y survivre bien longtemps. Le froid y était extrême. Les soldats en poste durant l’hiver s’enfermaient dans les bastions avec une quantité de bois et de nourriture suffisante pour tenir jusqu’au dégel. C’était seulement ainsi qu’ils parvenaient à tenir dans les Pics au plus fort des tempêtes de neiges. Une troupe en mouvement n’aurait aucune chance. Qu’ils aient été dévorés par des prédateurs ou mort de froid, certains avait tenté cette périlleuse traversée. Aucun n’était jamais revenu. Les soldats qui n’avaient pas reçut la garde des forteresses retournaient dans leurs familles revoir femmes et enfants après de longs mois passés dans l’armée ducale.
Fergys de Vryl venait de rentrer d’une campagne contre une bande de ces maudits pillards.
Avec une quinzaine de villages pillés à leur actif et des centaines d’innocents massacrés. Quand les soldats avaient mis à sac le repère des bandits, tous les pillards n’avaient pas été faits prisonnier lors du court affrontement. Les soldats n’avaient pas hésité un seul instant à appliquer les sentences ni prit la peine de tenter d’alléger les souffrances de ces bandits. Certains des bandits avaient tenté de se battre. Il n’avait fallut que quelques minutes aux soldats pour les éliminer sans pitié ni regrets.
Pour les habitants de Florissant, s’en prendre à des gens désarmé était la pire de lâcheté. Ce genre d’acte n’était pas excusable. Les esthariens n’avait aucune clémence à avoir vis-à-vis de ces gens quand ils essayaient de vous tuer. C’était totalement inutile. Ce caractère froid et austère valait très certainement aux habitants du duché d’être considéré comme des brutes guerrières partout dans le royaume. Mais il ne fallait pas s’y méprendre. Si on ne venait pas à eux les armes à la main, ces hommes froid et discipliné étaient aussi aimables et prévenants que n’importe qui d’autre dans le royaume.
Malgré cette histoire de pillage, Fergys de Vryl était occupé par tout autre chose alors qu’il faisant les cents pas devant la porte de sa chambre. Tout vicomte de Vryl et guerrier réputé dans tout le duché, Fergys ne pouvait s’empêcher d’avoir peur. Pas pour lui, mais pour sa femme dont il entendait les cris de douleur malgré l’épaisseur de la porte.
De nombreuses torches éclairaient le couloir. Pour le chauffage, une cinquantaine de braseros avaient été placés dans toute la demeure. Cela rendait juste l’air frai, mais il faisait toujours un peut froid et humide. Sauf bien sur dans la salle à manger ou se trouvait une grande cheminée, dans la cuisine pour la même raison et bien sur, dans la chambre. Fergys c’était assurer qu’il y faisait suffisamment chaud. Il ne voulait pas que son enfant à naître meure d’un mauvais rhume. Trop de nourrissons mourraient tous les ans à cause du froid. Se ne serait pas le cas de celui-ci en tout cas. Fergys s’en était fait le serment et il avait fallut insister pour qu’il renonce à placer trois braseros supplémentaires dans la chambre.
Au dehors, le vent hurlait et la couche de neige s’épaississait vite.
Fergys frissonna et resserra son manteau de fourrures autour de lui.
-Tout se passera bien, ne cessait-il de se répéter.
A l’intérieur, sa femme poussait des cris à fendre le cœur. L’accouchement ne semblait pas très bien se passer, mais aucune des servantes qui avaient fait le trajet entre la chambre et le couloir où Fergys tournait en rond ne lui avait dit quoi que ce soit, mis à part : « Je n’ai pas le temps, maître. Il nous faut des serviettes et de l’eau chaude. »
Fergys dirigeait une petite province sous la tutelle du duc de Florissant qui lui offrait le titre un peut trop pompeux à son goût de vicomte de Vryl. Il assistait à une grandiose parade de clôture d’un tournoi dans la loge ducale quand un cavalier était venu l’avertir que sa femme était en train d’accoucher. S’excusant auprès de son suzerain, il avait quitté sa place et, accompagné d’une escorte de huit hommes, quitter le lieu du tournoi aussi vite que le lui permettait la bienséance. A l’instant même où il était hors de vue, il avait piqué des deux sa monture pour rejoindre son hôtel situé à une demi-lieue de Florissant.
Sa femme poussa un nouveau cri, plus déchirant que les précédents. Fergys sentit son estomac se retourner. Lui qui avait, à tant de reprises montré sa bravoure ne se sentait ni la force ni le courage de faire face à se qui se déroulait dans la chambre.
Finalement, il perçut un autre cri. Peut être plus aigu que le précédent. En tout cas, ce n’était pas sa femme cette fois-ci. Non, se n’était pas elle. Il en avait la certitude.
Il se passa plusieurs minutes durant lesquelles il n’entendit que ce tout petit cri qui perçait le silence. Fergys était aussi tendu qu’un arc, prêt à fondre dans la chambre à l’instant même où la porte s’ouvrirait. Les minutes s’écoulaient si lentement qu’il eut l’impression qu’il allait mourir de vieillesse avant qu’on ne le laisse rentrer dans cette chambre.
Finalement, une servante vint lui ouvrir et il se précipita à l’intérieur comme si sa vie en dépendait.
Quand Iolana le vit, elle lui adressa un sourire. La jeune femme était épuisée. Il lui avait fallu tant de temps pour mettre au monde cet enfant qu’elle avait cru à un moment ne jamais y parvenir. Mais elle ne regrettait rien. Même si ses bras semblaient peser une tonne, qu’elle avait une effroyable envie de dormir et que se redresser sur le lit n’était même pas du domaine de l’envisageable. Iolana ne pouvait pas détacher les yeux du nourrisson emmailloté blotti contre sa poitrine.
Le seigneur s’approcha du lit et s’agenouilla pour être à la hauteur de sa femme. Il ne quittait pas le bébé des yeux.
-C’est une fille, fini-t-elle par murmurer. Ta fille. Auréane.
Incapable de dire quoi que ce soit, Fergys caressa doucement de ses gros doigts le visage de cette petite fille, n’arrivant toujours pas à mesurer toute l’ampleur de la situation. Iolana lui avait dit depuis longtemps qu’elle était enceinte. Huit mois et treize jours pour être exact. Mais même s’il avait eu un an pour se préparer, Fergys savait que cela n’aurait servit à rien.
Fugacement, il se demanda si son propre père avait ressenti cette même impression de fierté à sa naissance.
-Auréane de Vryl, murmura-t-il pour lui-même. Louée soit la Dame.

* * *

Frère Anselm n’était pas le genre d’homme à déroger à ses habitudes. Il était même particulièrement têtu. Qui pleuve, qu’il vente ou qu’il neige, tous les matins, il quittait le cloître pendant trois heures juste après le lever du soleil. Le temps d’une promenade en forêt, il s’efforçait de ne plus penser à cette vie de recueillement qu’il menait.
Pour un ancien sergent de l’armée ducale de Florissant, la vie dans le cloître était terriblement ennuyeuse. Il n’avait pourtant jamais songé à la quitter et après quarante années d’études assidues de divers manuscrit. Il n’y avait de toute façon rien à attendre du monde extérieur.
Le cloître était un environnement d’étude. Ceux qui, comme lui, avaient choisit d’y passer la fin de leur vie se vouaient à la réflexion et à l’étude d’anciens textes. Soit pour les traduire, soit pour en tirer des enseignements que leur avaient légués les anciens par delà les siècles. Il y avait quelques enfants et jeunes adultes qui résidaient au cloître, mais ils étaient très peut nombreux par rapport aux vieux hommes qui constituaient la population de ce quasi-lieu saint.
Anselm marchait à pas rapide, se remémorant les souvenirs de sa jeunesse quand son dos ne le faisait pas encore souffrir le martyr à chaque fois qu’il voilait se lever.
Les longues heures passées à tenter d’entraîner le petit groupe dont on lui avait donné la charge. Au début, ils n’étaient que de simples paysans ou des hommes voulant s’assurer un revenu fixe, mais au fil du temps, ils étaient devenus des soldats. Pourtant, quand le moment était venu de partir au combat, quand il avait fallut monter à l’assaut d’une colline où s’étaient regroupé des barbares nordiques, cela avait été autre chose. Aucun entraînement ne pouvait préparer à cela. Anselm avait été le seul survivant de la première vague d’assaut. Les autres étaient morts.
C’est à ce moment qu’il avait prit la décision de quitter l’armée et de rentrer dans un cloître. Il avait vu trop d’horreur et de morts pour continuer à mener cette vie.
-Pitié.
Anselm regarda tout autour de lui. Il ne vit personne. Mais y avait-il vraiment quelqu’un ? Il n’en était pas certains lui-même. Ce mot avait été comme un souffle, comme un murmure. Peut être l’avait-il simplement inventé. Peut-être était-ce le vent.
-Pitié.
Cette fois, se n’était pas le vent. Cette fois, quelqu’un l’appelait à l’aide.
En regardant plus attentivement, il finit par la voir.
C’était une femme, une toute jeune femme qui ne devait pas avoir bien plus de dix-sept ans. Elle était étendue dans la neige, incapable de bouger. Haletante et fébrile, elle semblait sur le poing de mourir.
Anselm s’approcha d’elle. La première chose qu’il remarqua était qu’elle devait être la plus belle femme qu’il n'est jamais vu. Ses longs cheveux noirs et lustrés gardaient encore le souvenir d’une coiffure élégante malgré le fait qu’elle avait très certainement courut des heures avant de s’effondrer de fatigue et qu’à présent, il ne restait que de vagues traces de cette élégance. Le bas de sa robe était en partie déchiqueté et couverte de boue. La crasse qui la recouvrait ne retirait rien à la beauté de son teint de neige, de ses lèvres rouge et pleine et de ses yeux d’un bleu incroyable. Semblables à deux saphirs.
La seconde chose qu’il vit était une horrible blessure à son épaule. La peau et les muscles avaient été déchirés comme si elle avait été attaquée par un loup qui c’était acharné sur elle. Le sang avait cessé de couler depuis plusieurs jours déjà. Mais la plaie était très loin d’être belle à voir et l’ancien soldat sut immédiatement qu’elle s’était infectée et que tous les remèdes du monde ne pourraient rien pour cette belle inconnue. Elle allait mourir. Et cela dans très peut de temps.
-Je vais vous conduire au cloître, dit-il malgré tout.
S’il ne pouvait rien faire pour elle, il voulait au moins qu’elle ne meure pas seule et s’assurer qu’il aurait fait tout se qui était humainement possible pour la sauver. C’était parfaitement égoïste, mais il ne voulait pas avoir ce doute sur sa conscience.
Il allait la prendre pour la soulever aussi délicatement que possible, mais elle se mit à remuer.
-Non, non, non, répétait-elle sans arrêt.
Comprenant qu’il n’y arriverait jamais, Anselm abandonna son idée.
-Je vais mourir…bientôt. Les Vampires…, murmura-t-elle.
Les Vampires ? Qu’est-ce qu’ils avaient à voir là dedans ? On était bien trop loin dans les terres du royaume pour rencontrer de pareilles créatures. A Winschesberg peut-être. Mais pas à Florissant. Ils vivaient beaucoup plus loin dans l’Est. D’autant plus que les buveurs de sang n’étaient pas les bienvenus dans le royaume. Qu’est-ce que cette femme voulait dire ?
D’une main, elle lui désigna un petit paquet et tissus et lui fit signe de le prendre.
Plus intrigué que jamais, Anselm le souleva et manqua de le lâcher quand le paquet se mit à bouger. Passé l’instant de surprise, il comprit sa méprise. Se n’était pas qu’un vulgaire paquet, mais un tout jeune enfant. Il devait avoir un peut plus d’un an et dormait tranquillement, enroulé dans la couverture.
La jeune femme agrippa une jambe du vieil homme à deux mains comme si sa vie dépendait du fait qu’elle la tenait fermement.
-Nicolaï, dit-elle. Protégez-le. Proté…
La fin de sa phrase mourut sur ses lèvres. Sa tête s’affaissa dans la neige et elle ne bougea plus.
Anselm se baissa pour voir si elle ne c’était pas simplement évanouit ou endormie, mais il savait déjà que se n’était pas le cas. Une rapide prise de pouls lui apprit se dont il se doutait déjà.
Elle était morte.






Chapitre II : Le tournoi d’Estaroth

Nicolaï ouvrait bien grand les yeux et les oreilles. Il n’avait pas souvent été autorisé à sortir de l’enceinte du cloître, mais là, c’était tout autre chose. A trois lieues à peine de l’enceinte si hermétique se tenait un grand rassemblement. Les Frères avaient prit la décision d’emmener avec eux tous les jeunes disciples. Nicolaï en faisait partit.
C’était une grande fête comme on pouvait l’imaginer. Un des évènements les plus importants de l’année pour les esthariens. En fait, c’était le plus grand tournoi organisé tous les ans par le duc. Si on voulait voir un rassemblement de chevalier plus important, il fallait attendre les tournois royaux. Mais personne ne se serait risquer à mettre en doute l’importance du tournoi d’Estaroth. Même le roi faisait certaines années le déplacement pour y assister. C’est pour dire.
Des chevaliers venaient de tous les duchés du royaume du Cygne pour participer ou assister à ce tournoi.
Dans le duché, ce jour était particulièrement important car il commémorait la victoire d’Estaroth, le premier duc de Florissant contre le terrifiant dragon Aronwaskar qui régnait jusqu’alors en despote absolu sur ces terres.
-Nicolaï, vas-tu finir par regarder devant toi au lieu d’avoir toujours le nez en l’air ?
-Désolé Frère Anselme, fit le jeune homme avec précipitation au moment ou il se rendait compte qu’il commençait à s’éloigner du groupe des novices.
-La Fillette rêvasse toujours autant, fit Yae, l’un des enfants du groupe.
La plupart pouffèrent de rire, mais quand leurs yeux croisèrent le regard glacial de Nicolaï, les rires se firent plus discret. Yae pourtant ne se démonta pas. C’était le plus âgé de la bande. Il devait très certainement avoir deux ans de plus que Nicolaï et déjà, il était suffisamment gros pour qu’on face rentrer deux comme l’enfant dans sa bure de novice.
Depuis que Nicolaï était entrer, porté par Frère Anselm alors qu’il n’était qu’un bébé dans l’enceinte du cloître, il c’était attirer les foudres de certains des Frères, persuadés que les Vampires avaient quelque chose à voir avec lui. Après tout, sa mère mourante les avait bien mentionnés. Et elle avait été mordue par une créature qui ressemblait à un chien mais dont la dentition avait pourtant quelque chose d’humain. Une seule explication à cela : Vampires.
Les temps étaient plutôt durs pour Nicolaï. A plusieurs reprises il avait sérieusement envisagé de quitter le cloître. La vie de prière, de recueillement et de dévotion n’était pas faite pour lui. Ses professeurs commençaient à s’en rendre compte. Rien ne pouvait le faire tenir en place et lui faire apprendre une leçon s’il n’avait pas décidé de le faire.
Mais cela n’était rien comparé aux brimades des autres novices. La Fillette. Voilà comment ils l’avaient surnommé. La Fillette. C’était infamant. Ce surnom lui collait à la peau comme de la poix. C’était toujours : « La Fillette ceci, la Fillette cela. » Aucun des novices ne l’appelait par son vrai nom. Mais en même temps, c’est vrai que si on y regardait d’un peut trop loin, avec ses cheveux noirs qu’il portait un peut trop long au goût des Frères son visage bien proportionner et ses grands yeux gris, c’est vrai que certains le prenaient parfois pour une fille.
-Parfais, fini par déclarer Frère Anselm. Installez donc notre étal. J’ai une affaire à régler de manière urgente. Nicolaï tu viens avec moi.
Le garçon allait protester quand il vit la lueur qui brillait dans les yeux de Frère Anselm. Ce n’était pas une proposition qu’il venait de lui donner. C’était un ordre et il avait plutôt intérêt à obéir. Quand Anselm avait ce genre de lueur dans le regard, cela laissait présager d’un sermon et en général, une punition venait ensuite. La punition était, comme toutes les punitions, bête et méchante. En général, corvée de latrines pendant une durée plus ou moins longue, corvée de cuisine ou de vaisselle. Pour Nicolaï, Anselm en avait instauré une toute particulière et rien que pour lui. Le jeune garçon devait rester tranquillement assis sur sa chaise à s’efforcer de comprendre un texte ancien et la plupart du temps, rédigé en Tiléen. Un véritable supplice pour le jeune garçon.
-Cette fois-ci, je n’ais rien fait, se plaignit Nicolaï alors qu’Anselm l’entraînait vers le vaste champ de tente où les chevaliers c’étaient installés.
La crainte de la punition lui avait fait oublier où il se trouvait. L’excitation de se trouver dans le grand tournois du duché était définitivement tombée et il ne remarquait même pas ce qui l’aurait tant émerveillé en temps normal : écuyers en livré, armuriers, magasiniers, cuisiniers, artistes itinérants, compteur, pèlerin, belle dames et tous ces choses qui créaient pendant trois jours dans ce champ sans grand intérêt tout un tourbillon de couleurs et d’odeurs.
-Je sais que tu n’as rien fait, dit Frère Anselme en s’arrêtant devant une tente.
Il s’agenouilla pour se mettre à hauteur des yeux de Nicolaï.
-Ecoute-moi bien car aujourd’hui sera sûrement le jour le plus important de ta vie tu m’entends ? Tu n’aimes pas le cloître.
Nicolaï secoua vigoureusement la tête. Même si ce que disait Frère Anselm était une affirmation, il se sentait obligé de confirmer. Il n’aimait vraiment pas le cloître.
Anselme remit nerveusement en place ses vêtements, même s’il n’y avait rien à faire et tenta de vaguement coiffer les cheveux indisciplinés de son petit protégé avec les doigts. Malheureusement, cela ne servait strictement à rien car Nicolaï était toujours aussi décoiffé. Ce n’est qu’à ce moment que le garçon se rendit compte à quel poing Anselm était vieux.
-Il va m’arriver quelque chose de grave ? Vous allez mourir ?
Anselm soupira.
-Non, mais je pense que tu ne resteras plus longtemps au cloître. Il y a un homme important qui m’a contacté. Il savait que nous élevions des enfants et souhaitait en adopter un. Il m’a demandé qui je préconisais et j’ai pensé à toi.
Anselm se redressa et repris sa marche, Nicolaï trottant derrière lui. Le Frère passa devant de nombreuses tentes bariolées sans leur porter la moindre attention.
Nicolaï n’avait rien écouté au-delà de la première phrase. Quitter le cloître. Quitter les Frères, ne plus être insulté et rabaisser jours et nuits pas les autres novices. Il en avait tant rêvé qu’il n’imaginait même plus que cela puisse vraiment arriver un jour.
Mais c’est seulement à ce moment que son esprit d’enfant comprit qu’il y avait un prix à payer pour cela et que c’était terrible.
-Mais je vous verrais plus alors.
Anselm s’arrêta net et baissa la tête vers lui.
-Non, c’est vrai. Mais tu sais, je deviens vieux et le temps sera bientôt venu pour moi de quitter cette terre pour me rendre Ailleurs. J’avais promis à ta mère de veiller sur toi. Mais je ne vais bientôt plus pouvoir le faire. La personne à la quel je vais te confier prendra soin de toi.
Nicolaï hocha la tête mais sentit un peut les larmes lui monter aux yeux. C’était trop triste. Il ne voulait pas quitter Anselm.
Au final, ils entrèrent tous les deux dans l’une des plus grande tente. Elle était aussi blanche que la neige et Nicolaï se demanda un instant à qui elle pouvait bien appartenir. Les deux hommes en armures blanches qui montaient la garde paraissaient être deux statues de marbre. Leurs yeux ne bougèrent même pas quand ils entrèrent, mais cela ne fit aucun doute qu’ils avaient assimilé leurs présences.
L’intérieure était assez spartiate. Il s’agissait après tout d’une simple tente de campagne. Il ne fallait pas s’attendre à un palais. Pourtant, malgré le peut de mobilier, ce qui s’y trouvait était assez imposant. Un lit et un trône de bois massif y étaient installés ainsi qu’une table et quelques chaises.
Plusieurs hommes se tenaient penché au-dessus de la table et se redressèrent à leur entrer.
-Vous devez être Frère Anselm, dit l’un d’eux en détaillant la robe grise et sans ornements du vieil homme.
-Oui.
La réponse laconique sembla pleinement satisfaire l’homme qui posa alors les yeux sur Nicolaï.
Caché derrière Anselm, il tentait de se faire oublier, mais visiblement, c’était sans compter le fait que, si Frère Anselm était venu ici, c’était pour lui. Il se décida à sortir de derrière le dos du Frère et toisa à son tour l’homme qui semblait être le chef.
Un soldat à n’en pas douter. Un noble. Certainement très puissant pour avoir une telle tente et un emplacement si proche de la lice. En fait, ils étaient justes à côté. Il ne portait pas de barbe, mais une moustache finement taillée et légèrement grisonnante recouvrait l’espace entre son nez et sa bouche et s’étendait d’un coin à l’autre de cette dernière. Il avait les yeux les plus bleus que Nicolaï n'ait jamais vu. Mais le garçon nota d’autres détailles au combien important. La façon dont il se tenait laissait penser qu’il avait été un grand cavalier. Les cals sur ses mains montraient que la longue épée qu’il portait à la ceinture n’était pas un jouet et qu’il savait très bien s’en servir. Malgré les rides sur son visage, on voyait très nettement plusieurs fines cicatrices. Ce n’était pas le genre de chose qu’on récoltait en restant à l’arrière. Cet homme était un héros et Nicolaï se sentit encore plus petit qu’il ne l’était.
Quelque chose le dérangeait pourtant dans la façon dont cet homme le regardait. Il répliqua donc avec une certaine effronterie. Le chevalier le fixait, parfait, il allait faire pareil.
Les yeux d’aciers de Nicolaï se rivèrent dans ceux bleus profond de l’homme.
Anselm allait intervenir, mais l’autre l’interrompit d’un geste avant qu’il ait pu dire quoi que se soit et sans avoir détourné le regard.
Plusieurs longues minutes s’écoulèrent sans que rien ne vienne les déranger. Pour finir, se fut l’un des autres chevaliers présents qui les força à arrêter ce défi silencieux en allant se poster entre eux.
-Mon vieil ami, il vaut mieux nous arrêter car si, comme je le pense, il a le même tempérament que toi, vous allez tous les deux mourir de faim avant d’avoir céder.
L’homme aux yeux bleu sourit.
-Tu as complètement raison Fergys. Je me comporte un peut comme un enfant. Frère Anselm, je ne voudrais pas vous forcer à vous séparer de ce jeune homme. Vous n’êtes en rien tenu de faire ce que vous avez proposé.
Frère Anselm croisa les bras sur son torse.
-Absolument monseigneur. Je n’y suis pas du tout obliger. Je pense pourtant que Nicolaï a un potentiel important et qu’il ne pourra qu’apporter un peut de gaieté dans votre demeure. De plus, vous connaissez mon talent pour jauger les hommes puisque j’ai longtemps servit sous les ordres de votre père, puis les votre avant de me retirer. Nicolaï n’a rien à faire dans un cloître. Je suis catégorique.
L’homme s’approcha alors de Nicolaï et, comme Anselm l’avait fait, il s’accroupit pour arriver à la hauteur de Nicolaï. Là, il le regarda à nouveau droit dans les yeux. Soudain, il poussa un cri de guerre absolument terrifiant. Surpris, Nicolaï sursauta et fut à deux doigts de s’enfuir de la tente en courant. Rassemblant ce qu’il avait de courage, il fit face au chevalier et hurla lui aussi un cri de guerre aussi fort que le lui permettait ses petits poumons.
Finalement, ils s’arrêtèrent tous les deux et le chevalier s’approcha plus encore de lui. Essoufflé, Nicolaï ne savait pas s’il avait vraiment eu une bonne idée de crier. Il risquait de ne pas avoir assez de souffle pour s’enfuir à toute jambe.
-Tu as peur de moi ?
-Oui.
Nicolaï avait répondu du tac au tac sans même y réfléchir. Cette réponse avait été toute naturelle et parfaitement véridique. Il avait très peur.
-Alors pourquoi reste-tu planté là ?
-Parce que si je ne maîtrise pas ma peur, elle me dévorera complètement.
Le chevalier lissa l’extrémité de sa moustache entre ses doigts. Il réfléchissait à quelque chose qui visiblement était pour lui un véritable dilemme.
-Après tout, pourquoi pas, murmura-t-il pour lui-même.
Il se redressa soudain de toute sa taille. Une fois de plus, ce changement brutal chez cet homme manqua de faire sortir Nicolaï en courant. Décidément, il était complètement fou.
-Fergys, trouve-lui une livré à sa taille et emmène le dans le petit pré. Je veux savoir comment il se bat. Frère Anselm, venez avec moi résoudre les derniers détails de l’adoption. Quant à toi petit, tu es désormais mon fils adoptif. Bienvenu par mis les KalonErc’h.
Nicolaï tiqua alors enfin. KalonErc’h. Cela expliquait les armoiries blanches. Cet homme qui venait de prendre la décision de l’adopter n’était pas n’importe qui. C’était Gwutha KalonErc’h. Le duc de Florissant.

* * *

Le petit pré était comme son nom ne l’indique pas, tout sauf petit.
Il était dresser juste à côté de la grande lice où demains les plus grands chevaliers de tout le royaume allaient s’affronter dans des joutes, mais aussi des combats à l’épée, des tours d’adresse afin de montrer leurs exploits et tenter de gagner les récompenses promises aux champions.
Le petit pré était réservé aux enfants, fils de noble ou de bourgeois, ils s’y entraînaient au maniement des armes quand ils étaient encore trop jeunes pour revendiquer le rang d’écuyer. En fait, l’entraînement avait pour objectif leur victoire au tournoi du lendemain car en même temps que les adultes joutaient, un tournoi était organisé pour les enfants de nobles. Les disciplines étaient à peut près les mêmes que pour les adultes, mais les plus dangereuses était supprimée et quoi qu’il se passe, les armes étaient toujours en bois.
-Bon, fit Fergys en fixant un petit bouclier rond sur le bras de Nicolaï. Il semblerait que Gwutha t’aime bien. Mais il faut savoir ce que tu vaux en temps que combattant.
Nicolaï était un peut perdu. Tout allait beaucoup trop vite à son goût. Une heure plus tôt, il arrivait sur le lieu du tournoi et voilà que maintenant il était revêtu d’une chemise matelassée, par-dessus la quel on lui avait fait enfiler une jolie tunique blanche au grand dragon azur de Florissant. Une épée de bois était accrochée à une ceinture et pendait à sa taille et voilà qu’on lui donnait un bouclier.
-Je n’aime pas me battre, fit-il.
Fergys eu un moment d’arrêt et se tourna vers Nicolaï. Il s’assit à coté de l’enfant et regarda en direction de la lice.
-Tu sais, j’ai une fille et un fils. Ils ne son pas là, mais je peux t’assurer que chaque instant j’ai peur pour eux, commença Fergys.
-Il va leur arriver quelque chose ?
Fergys eu un sourire.
-Non, je n’espère pas. Mais tu vois, notre monde est violent et dangereux. Il y a les nordiques, les ogres, les pillards, les Vampires, les pirates et beaucoup d’autre chose encore. C’est pour cela que je fais ce que je fais. Je suis un guerrier et c’est comme ça. Je les protège en empêchant les autres de leur faire du mal. Tu comprends ?
Nicolaï hocha la tête. C’est vrai qu’il y avait beaucoup de choses effrayantes dans ce monde.
-Toi aussi tu as sûrement des gens que tu veux protéger. Frère Anselm et les autres novices par exemple.
-Oui, je ne veux pas qu’il arrive quelque chose à Frère Anselm, répondit-il vivement.
-Alors voilà. Gwutha va t’aider. Il va t’apprendre à faire tout ce qu’il faut pour protéger les autres. Mais parfois pour protéger ceux qu’on aime, il faut se battre. C’est pour cela que tu es ici. Il faut que je sache le chemin qu’il te reste à parcourir avant de savoir bien te battre.
Nicolaï hocha la tête et tira sa petite épée en bois d’un air décidé. Il allait faire tout ce qu’il pouvait et comme ça, personne ne ferait de mal aux Frères. Il se baissa pour passer sous la barrière et entrer dans le petit pré quand Fergys l’arrêta, le retenant par le bras.
-Attend un peut grand champion, tu oublis ton casque, fit-il avec un grand sourire.
Le casque ajusté sur sa tête, Nicolaï s’avança dans le petit pré. Fergys héla un autre garçon qui arriva vers Nicolaï d’une démarche nonchalante avec une petite troupe collée à ses bottes.
-Arzhul, j’ai quelqu’un que je voudrais que tu affrontes. Tu veux bien me rendre ce petit service ?
Le jeune homme hocha la tête et son regard se porta sur Nicolaï.
-Lui ?
Fergys hochas la tête.
-Tu sais ce qu’il te reste à faire. N’y vas pas trop fort non plus. Je veux juste voir de quoi il est capable.
Nicolaï était toujours aussi sur de lui. Sûrement l’était-il trop car le premier coup d’épée de son adversaire le désarma, envoyant son épée de bois dans le sol boueux. L’air dépité de Nicolaï déclencha quelques rires parmi les enfants qui observaient la scène et ceux qui avaient suivi Arzhul.
-Vas la rechercher, ordonna le jeune homme à Nicolaï en désignant l’arme de bois d’un signe de tête.
Nicolaï s’exécuta et se remit en garde.
Le second assaut fut plus long, mais au bout de trente secondes, Nicolaï s’écrasa dans la boue. Dégoulinant et à moitié sonné par un coup à la tête, il pataugeait un peut. Le bouclier et l’épée qu’il refusait obstinément de lâcher l’encombraient trop.
-C’est qui celui-là, fit Arzhul avec un dégoût non dissimulé dans la voie.
Fergys n’allait pas intervenir. Il voulait voir ce que Nicolaï valait vraiment. Pour cela, le caractère provocateur et blessant d’Arzhul était ce qu’il y avait de mieux. Il fallait le pousser dans ses derniers retranchements. Alors seulement il saurait ce qu’il voudrait sur le protégé de Gwutha.
Nicolaï, essoufflé et en nage sous sa tunique matelassée avait finalement réussit à se remettre à genoux.
Arzhul le renvoya mordre la poussière d’un coup de pied dans la poitrine.
Nicolaï gisait immobile au sol. Le souffle haletant, il tentait de se redresser, d’avoir l’air moins pitoyable, mais c’était quelque chose de plutôt difficile. Il n’entendait pas Arzhul qui paradait autour de lui en prenant des postures guerrières ni les autres enfants autour de lui qui se moquaient. Son esprit était envahit d’une sorte de brume qui l’isolait complètement du monde extérieur.
D’un geste bien plus vif que se dont il se croyait capable, Nicolaï se débarrassa de son bouclier et dans le même élan se remit debout.
Arzhul était prêt à se battre à nouveau, un sourire sadique coller sur le visage.
Nicolaï lui jeta un coup d’œil, puis regarda le bouclier rond qui gisait dans la boue et il tourna le dos à son adversaire.
-Qu’est-ce que tu fais, cria Arzhul en colère. Revient ici.
Nicolaï ne l’écoutait pas. Il se débarrassa négligemment du casque qui lui couvrait la tête et le laissa tomber au sol en continuant à avancer vers l’extrémité du petit pré.
Fergys regardait la scène avec un certain étonnement. Qu’est-ce qu’il était en train de faire ?
-Revient ici, cria Arzhul.
Les jeunes combattants qui n’avaient pas encore cessé leur entraînement s’arrêtèrent pour observer la scène qui était en train de se passer.
Nicolaï ne semblait pas aller très bien. Il titubait légèrement de temps à autres et fixait le sol. Fergys commença à être un petit peut inquiet. Arzhul y était tout de même aller très fort. Pourtant, Nicolaï ne semblait pas blesser. Il avait juste la tête de quelqu’un qui s’apprête à rendre son dernier repas.
Au comble de l’énervement, Arzhul attrapas une grosse motte de terre et la jeta au garçon.
La terre grasse et labourer par les enfants du petit pré atteignit sa cible et se répandit en dégoulinant dans les cheveux de Nicolaï.
-Revient ici, ordonna Arzhul.
Nicolaï leva un instant les yeux vers Fergys, la seule personne qu’il connaissait et qui aurait put l’aider. Celui-ci ne faisait rien.
En revanche, ce n’était pas le cas des autres enfants qui, comprenant la situation avaient commencé à délimiter autour de Nicolaï et Arzhul un grand cercle de manière à empêcher le garçon de quitter le combat comme cela avait visiblement été son intention.
De son coté, Fergys jubilait. Nicolaï était à présent bloqué. Il ne pouvait pas faire autrement que de se battre.
Sans se presser, il alla donc récupérer son casque et son bouclier. Résigner, il passa le bouclier rond à son bras et enfonça le casque sur sa tête.
Un silence de mort régnait sur le petit pré et plusieurs chevaliers c’étaient même approcher pour voir ce qui se passait. Le spectacle avait même attiré quatre mages dont les longues robes bleues signalaient leur allégeance à la magie de l’Ordre. Le père d’Arzhul, Dragosh, paradait comme un coq, certain que son fils allait bientôt remporter définitivement le combat contre Nicolaï. Il faut dire qu’au vu du précédent échange, ce dernier n’était pas du tout donné favori dans les quelques petits paris des seigneurs.
Arzhul n’attendit pas très longtemps. A l’instant ou Nicolaï c’était ré équiper, il bondit sur lui, abattant son épée de bois de toute sa force en direction de la tête de Nicolaï…qui fut beaucoup trop lent à réagir.
Pour la troisième fois, Nicolaï alla mordre la poussière et s’étala de tout son long, son casque arraché de sa tête par la force du coup et à moitié sonné, un brouillard rouge devant les yeux. Autour de lui, les autres enfants se moquaient et Arzhul paradait. En fin de compte, il n’était pas très différent des novices du cloître. Il prenait lui aussi plaisir à humilier et rabaisser tous ceux qu’il pouvait. Il n’avait pas la moindre pitié pour qui que se soit et faisait toujours tout pour humilier ceux qu’il considérait comme lui étant inférieurs. C'est-à-dire tout le monde en fait.
Nicolaï en eu assez. Assez de ces traitements qu’on infligeait à ceux qui étaient moins fort, assez d’insulte, assez de prétention. Quelque chose de froid se glissa en lui. Une envie irrépressible. Il allait faire couler le sang. Celui d’Arzhul. En un seul instant, il sut comment il allait faire.
D’un coup, c’était comme si un pant de son esprit c’était déchiré. Parades, bottes, attaques, il savait comment se battre et comment gagner sans la moindre difficulté, comme si les connaissances en escrime acquise par des centaines d’année d’entraînement venaient de lui être transmise d’un seul coup.
-Je pense que…
Fergys n’eut pas le temps de finir sa phrase.
Nicolaï était debout, solidement camper sur ses pieds, bouclier dans une main, épée dans l’autre, défiant Arzhul du regard sans même avoir prêter la moindre attention à son casque.
-Tu veux continuer à ce que je vois. Au moins tu es plutôt coriace faute d’avoir d’autre qualité, ironisa le jeune noble.
Comme les fois précédente, Arzhul attaqua.
Un coup. Un coup puissant, dévastateur ou il avait mi toute sa force.
Mais cette fois, se fut différent.
Nicolaï agit avec une rapidité surnaturelle.
Passant sous la garde d’Arzhul, il lui porta un coup dans l’estomac. Souffle coupé et entraîner par son élan, il fut incapable d’éviter la chute.
Puis se fut la curé. Les trois plus fidèles partisans d’Arzhul avançaient vers Nicolaï, épée au poing.
A trois il pensait sûrement avoir une chance, mais se ne fut pas le cas.
L’épée de bois de Nicolaï frappait toujours à l’endroit juste, le bouclier était toujours à l’endroit ou il fallait. Les coups pleuvaient, mais rien ne parvenait à entamer la défense de Nicolaï. Un coup porter dans le dos ne le surprenait jamais et était toujours dévier au bon moment.
Soudain, plantant un genou à terre, Nicolaï se servit de son bouclier comme d’une faux, frappant les jambes de ses adversaires et les faisant culbuter.
Il se redressa, droit et fier, regarda un instant les quatre enfants qui gisaient à ses pieds, gémissant qu’ils avaient mal. Il ne mit pas longtemps à repérer celui qui avait canalisé toute sa rage.
Arzhul avait été une fois de plus été renvoyé au sol. Le jeune noble se mit à ramper dans la boue en pleurnichant quand il vit Nicolaï s’approcher de lui, l’épée en main.
Sa tentative de fuite se révéla inutile. Nicolaï lui écrasa un pied pour le forcer à rester en place et il leva son épée pour l’abattre sur la tête d’Arzhul.
-Nicolaï stop, hurla Fergys.
Le garçon s’immobilisa en plein élan et demeura figé devant le visage en larme d’Arzhul qui le suppliait.
-Nicolaï, pose ton arme, le combat est terminer, ordonna Fergys plus calme cette fois.
Mais le jeune homme ne bougea pas d’un pouce, restant dans cette position.
-Je crois…je crois qu’il ne…va pas bien, fit Arzhul qui c’était arrêter de pleurer.
En effet, depuis là où il se trouvait, il était le seul à voir les trait contracter et le teint maladif de Nicolaï.
Comme pour lui donner raison, le garçon se redressa, resta quelques secondes dans une sorte de garde à vous.
Les quatre magiciens franchirent la barrière en sautant par-dessus.
-Eloignez-vous de lui, hurla l’un d’entre eux en voulant disperser les enfants de grand geste. Sortez du petit pré, éloignez-vous.
Avant que cette consigne ne soit bien comprise par tous, Nicolaï se raidit un peut plus et tomba en arrière aussi raide qu’une planche. Heureusement pour lui que le sol était meuble. Mais cela ne changeait pas grand-chose car dans l’immédiat, il avait perdu conscience.
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