Seuls...

Yazuac. Non, décidément, ce nom ne disait rien à Ombre. Voilà bien des mois qu'elle vagabondait avec Andläthvass dans les forêts les plus noires de toute l'Alagaësia, sans trouver ce qu'ils cherchaient. Mais que cherchaient-ils au juste ? Tout deux l'ignoraient. Ils savaient juste que rester au même endroit trop longtemps leur serait fatal.

Yazuac... Si, cette ville lui rappelait quelque chose, un vague souvenir, du temps où elle était un corps qui cherchait son ombre. Elle fit un pas en tendant sa main recouverte d'un voile noir, et prit plaisir à sentir le vent dans ses cheveux. Elle sourit.
Andläthvass s'approcha doucement d'elle, et frôla de son énorme tête noire l'épaule blanche de la jeune ombre. Celle-ci posa sa main sur son museau, et caressa une écaille couleur corbeau, qui était aussi grosse que sa main écartée au maximum. Son sourire s'effaça lorsqu'Andläthvass releva la tête et coucha ses oreilles à la manière d'un chat. Le vent tournait. Instinctivement, Ombre mit la main sur le pommeau de son épée Silbena, et l'autre à son fourreau incrustée de pierres plus noires les unes que les autres.

Il faisait jour, et tout deux étaient constamment sur leur gardes. Non, décidément, c'est bien quand le soleil est levé qu'ils redoutaient le plus de choses, qu'ils avaient le plus à craindre. La nuit est leur alliée, leur vie, leur espoir, leur unique raison de vivre. Chaque jour, ils l'attendent, et dès que les écailles du dragon se mettent à briller, alors ils se rassurent. Lorsque le monde plonge dans l'obscurité, alors ils sont en sécurité, car se sont eux qui se disent les maîtres de la nuit. Dès que le soleil disparaît derrière les montagnes de la Crête, ce sont les autres qui doivent avoir peur.

Ombre s'avança : le village était vide. Elle était sur ses gardes, mais à côté de son coprs, elle ne redoutait rien. Elle sentit qu'il 'lenveloppait de son regard, et une vague de confiance l'envahit, d'assurance aussi. Un peu trop, d'ailleurs.
Mais d'un seul coup, elle se retourna, et brandit Silbena devant elle. Andläthvass la rejoignit, sceptique et surpris, mais empli de confiance pour une ombre telle qu'elle.

-Qui est-là ?

Comme aucune réponse ne vint, elle menaça d'une voix calme :

-Si vous ne vous montrez pas ou vous ne répondez pas, je viendrais vous chercher.

Le vent souleva ses cheveux, et ses yeux noirs se mirent à briller.

"Le soleil se couche, lui déclara Andläthvass. Nous le verrons dans la nuit. Il est quelque part au bout de la rue."
"Oui, je suis d'accord avec toi. Il devra se montrer tôt ou tard... Dis-moi, Andläthvass, Yazuac, ça te dit quelque chose ?"

Le dragon réfléchit un court instant avant d'incliner son énorme tête d'un noir de jais :

"Oui, évidemment. Yazuac, c'est cette ville où mon père a éclos."

Ombre sourit intérieurement. Comment avait-elle pu l'oublier ? Se concentrant à nouveau sur sa cible, elle prit patience et attendit.

Cela faisait une semaine que Saedr était dans le village. Yazuac. la ville morte. Détruite par les Urgals, plus personnes n'y vivait, même pour re-construire par dessus les dégâts. Mais, une jeune fille, accompagnée de ses deux inséparables amis, y habitait. Ou plutôt y campait. car saedr, pendant son halte à la course, n'avait trouvé que ce petit village loin des regards pour se reposer. Car, sa dernière rencontre avec un humain remontait à très longtemps. Maintenant, la jeune fille était squeletique et morte de fatigue. heureusement que ce petit village sombre et vide avait bien voulut l'héberger quelques temps.
Et il ne fallut pas longtemps à Saedr pour comprendre que c'était un endroit parfait. Elle qui ne mangeait maintenant que des animaux morts, elle avait son compte, à cause d'un produit répandut dans l'atmosphère qui tué tous animaux approchant. Heureusement et étrangement, Bai et Exo avaient été épargnés. Surement parce que seuls les oiseaux approchaient du village et que, ni Bai, ni Exo n'était un volatile.

Malheureusement, toute bonne chose a une faim. Alors qu'elle était partit chercher du bois dans la petite forêt environante, tout en revenant les bras chargés, Saedr perçut une étrange présence. Elle avait fait tout le tour des maisons. Ayant laisser ses deux amis dans une étable qui lui servait de grange pour se réchauffer, Saedr n'avait plus vraiment d'aide à disposition, donc, elle décida d'aller voir d'elle même.
Mais elle ne fit que quelques pas, qu'une aura terrible se propagea dans l'atmosphère. Pire que l'odeur qui tuait les oiseaux, cette aura commença à étrangler Saedr.
La jeune fille tomba à genoux, juste aux coins d'une rue, à seulement quelques mètres du maitre de l'aura.
Tous en se tenant la gorge pour ne pas étouffer sur-le-champ, Saedr poussa des gémissements étouffés, tellement cette aura lui serait la gorge.
Dans un dernier gémissement, plus fort que les autres, Saedr tomba sur le sol.

Andläthvass tressaillit. Ombre leva un sourcil en l'interrogeant, car il avait l'ouïe bien plus fine qu'elle et l'odora extrêmement bien développé. Sans plus hésiter, elle couru vers la direction d'où provenait cet étrange gémissement, essayant de se calmer et de reprendre ses esprits. Si elle s'était attendue à ça !
En quelques foulées, le dragon la rejoignit et la dépassa. Elle sauta et s'aggripa à une griffe du coude aussi grande qu'elle et se laissa porter jusqu'au coin de la rue qui était tout de même assez loin, mais grâce à lui, ils y furent en quelques secondes.

Elle sauta alors que la patte était en l'air et fit une chute de 30mètre de haut, et fit un rétablissement impeccable sur ses jambes pliées : elle avait l'habitude de se tromper de moment pour descendre. Elle rattrapa le dragon qui était arrivé à l'angle, et la vision qu'elle eut lui inspira une certaine crainte. Ombre devait rester impassible, imperturbable, car elle faisait partie de la grande race des ombres, mis tout son intérieur se révoltait.
Devant elle, effondrée sur le sol, gémissait de douleur. Elle se tenait la gorge et étouffait.
Ombre lui appliqua sa main recouverte de tissu noir sur la bouche et la souleva avec une facilité déconcertante, pour la poser sur son épaule. Mais c'est en se relevant qu'elle eut elle aussi la sensation qu'on lui aggripait la gorge et qu'on voulait la tuer. Elle établi des barrières mentales dans sa tête et Andläthvass la contacta par la pensée :

"Ombre, ce n'est pas normal. Cette odeur vient de là bas, j'y vais".
"Non, Ami, n'y vas pas, j'ai besoin de toi !"
"Tu es suffisamment résistante pour cela, confia le dragon. Sauve-là, je vais voir ce qui se passe !"

Obéissant aux ordres de son dragon, lui accordant toute sa confiance, Ombre sentit ses jambes flageoler, non pas sous le poids, mais sous l'odeur nauséabonde qui régnait. Elle ne pouvait courir avec la jeune fille sur son épaule, mais elle se dépécha de l'ammener dans un endroit où l'air était sein.
Une fois arrivée auprès d'une maison, elle actionna la poignée et s'effondra elle aussi sur le sol de terre battue, laissant tomber avec le plus de délicatesse possible son jeune fardeau.
Elle respira à plein poumons, grimaçant à cause de l'odeur qui s'était infiltrée à sa suite dans la maison obscure et vide. Au bou d'un moment, une odeur de renfermé remplaça l'air étouffant, et l'ombre retira sa main de la bouche et du nez de la jeune fille.

Elle se dressa sur ses genoux en s'appuyant sur ses mains, haletant de sa course et de cette aventure innattendue. Elle pensa à Andläthvass et le contacta par esprit :

"Où en es-tu ?"
"Je survole Yazuac, je ne vois rien d'anormal. Avez-vous trouvé un refuge sûr ?"
"Sûr, je n'en sais rien, fit-elle remarquer, mais l'odeur est normale, et il fait noir. Je ferais rentrer le jour contre mon gré, mais se sera mieux. Fais-moi signe si tu trouves quelque chose."

Et Ombre se redressa, passant la main dans ses cheveux noirs luisants, observant la vicitme du gaz. Elle vivait, car elle respirait. Que se passait-il ? Cette ville était sencée être innoccupée ?...

Dans un coin sombre de la maison, le corps de Saedr commença à bouger. L'odeur avait disparut, et tous les sens de la jeune fille se remirent en marche. La première chose à laquelle elle pensa, c'était la façon dont elle avait était libérer de cette horrible odeur. C'est enfin qu'elle perçut qu'elle ne se trouvait plus dehors, mais dans une maison, au par-terre en bois. Une fois cette solution trouvée, Saedr essaya de découvrir le moyen de sa venue en ce lieu. Elle pensa d'abord à Bai ou Exo, mais aucuns bruits ne se fit entendre par rapport à eux deux.

Soudain, Saedr sentit une étrange odeur. Elle n'était pas comme celle d'avant. C'était une odeur de renfermée, sombre... celle d'une Ombre. dans son pays, Saedr avait eut la chance (ou plus elle fut assez têtue) d'approcher un Ombre. De cette rencontre, Saedr en sortit indème, mais elle fut bien la seule. Elle en emporta aussi un don formidable : celui de repérer les Ombres.

Ce fut comme cela que Saedr arriva à détecter l'intrus. Mais, tout en pensant intelligement, Saedr ne bougea pas. Pas assez bête pour montrer sa présence et se faire tuer sur le champ.
Pourtant, une petite bulle d'anxiété grossit dans sa tête. Et si c'était l'Ombre qui l'avait emmené ici? Qui l'avait enfermé dans un endroit sans fenêtre? Un endroit pour pouvoir... la manger?! Sur ce, Saedr se réveilla aussitôt, les yeux grands ouverts, fixaient sur l'Ombre, qui n'était qu'à un mètre d'elle.

La peur pouvait se lire dans ses yeux, pourtant, Saedr les garda fixaient sur la créature, sans cligner une seule fois, par peur de déclencher un quelquonque signal pouvant dire à la créature d'avancer.
Mais, d'une façon assez têtue, Saedr lâcha un gémissement, qui eut un effet direct : la peur de Saedr augmenta et la jeune fille se votra dans un angle, en s'emprisonant d'elle même, face à l'Ombre.

Dans un dernier élan, qui pouvait peut-être la sauver, Saedr ferma les yeux et murmura :

"Pas de mal... Ne me faites pas de aml..."

A cette instant, toute la vie de Saedr passa devant ses yeux. Elle repensa à son apprentissage, qui n'était même pas finit! A son peuple, le Surda, qu'elle avait promis de venger en parcourant l'Alagaësia pour battre Galbatorix. A ses amis, Bai et Exo, fidèles compagnons de route. Mais surtout, à son mystérieux ami le savant, qui, malgré son étrange allure, avait été l'idole de Saedr. En pensant à tout cela, Saedr r'ouvrit les yeux, leva la tête. Une vague de courage, mais surtout d'entêtement, l'avait surbmergé. Cette fois, elle était prête à se battre.
Elle se leva, rajusta son regard sur l'Ombre, et attendit que sa fin approche.

Au moins, elle lui aurait tenu tête!

La jeune fille avait bougé, en gémissant un instant. Ombre ne s'était pas retournée, continuant de faire face à l'obscurité de la maison. Elle oupira puis s'approcha d'une fenêtre, l'ouvrit et écarta les volets, ce qui submergea la maison d'une vague de lumière aveuglante pour elle.
Mais dès qu'elle laissa l'air passer, elle sentit à nouveau le gaz s'engouffrer dans ses poumons et les rétracter au minimum jusqu'à ce qu'ele n'eût plus la force de respirer encore. Elle grogna puis rassemblant sa volonté de fer, elle se erssaisit et referma la vitre sale. Ombre resta un instant à observer en haletant l'extérieur d'où ils ne pourraient probablementpas repartir avant un moment. Elle perçu un autre gémissement, et cette fois-ci, pivota sur elle même, s'approcha de la jeune fille allongée sur le sol de terre battue, les yeux levés et un air farouche et déterminé.
C'était la première fois qu'une personne la regardait avec autant de conviction. Ombre s'approcha d'elle et s'accroupit :

-Ça y est, tu es réveillée ! Tu n'as pas mis longtemps, au moins tu n'étais pas morte.

Elle avait dit cela le plus naturellement du monde, avec une voix impassible, comme si on disait cela tous les jours. Ombre releva une lueur de stupéfaction dans les yeux de la jeune fille. Elle poursuivit :

-Laisse-moi prendre ton pouls, on ne sait jamais. On est dans de beaux draps, on ne peut même pas sortir de cette maison.

D'un geste vif, elle attrapa le poignet de la jeune fille, y déposa un doigt et l'enleva presque automatiquement. La peau d'Ombre était froide, presque comme une personne morte, blanche comme la neige mais douce comme une écaille de dragon. Un frisson parcouru le coprs de l'ombre.

-Comment t'appelles-tu ?

Toujours dans son coin, Saedr observa l'Ombre avec de grands yeux, sans cligner une seules fois les cils. Elle resta comme ça pendant près de trente secondes, qui lui semblairent être infini. Enfin, les engrenages de son cerveau se réveillèrent et Saedr se posa plusieurs questions à la fois. Déjà, comment se faisait-il que cette Ombre se souciait d'elle comme ça? Et aussi,qu'est ce que cette Ombre faisait là, alors que Saedr croyait que l'odeur insupportable venait d'elle? Mais pour toute réponse à ses propres questions, Saedr répondit à celle de l'Ombre :

"Je... je m'appelle S..."

Le regard impuissant, Saedr chercha dans sa tête. Et si c'était un piège? Et si en fait, l'Ombre était en mission et elle attendait gentillement que Saedr tombe dans son piège, si ingénieux et étrange qu'il soit? Pour ne surtout pas prendre de risque, saedr chercha dans sa mémoire un nom existant qui pourrait la sortir d'affaire.
Il y en eut plein, mais un seul était vraiment approprié. Levant les yeux vers l'Ombre, Saedr finit sa phrase :

"Shasta... Je m'appelle Shasta de Vermeil... je... je viens de Gil'ead..."

Pendant un instant, il eut un long silence, que rien ne romput à part le sifflement d'une souris cachée sous une commode, dérangée par tant de bruits.
Ce nom, Saedr s'en souvenait grâce à son ami le scientifique, qu'il connaissait avant une jeune femme, disparu bien avant la naissance de Saedr, qui, d'après lui, avait un lien de parenté avec un ancien Dragonnier. Il disait aussi que cette femme avait une révélation pour lui, car elle vivait dans les bois, avec toutes sortes d'animaux. Saedr se souvint aussi que son ami l'a surnommé "Flute-Blanche", car elle pouvait appeller les animaux avec une flûte en os de dragon.
Saedr se souvenait très bien, parce que ce même ami l'appellait de la même façon, car elle avait hérité de cette flûte magique.

Tout en se remémorant ce souvenir, saedr sentit une larme couler le long de sa joue. Elle la retenue un peu, avant de l'effaçait en faisait croire qu'elle s'enlevait une mèche de cheveux de devant son visage.
Pendant encore un instant, saedr fixa l'Ombre, s'attendant à une réaction.