-Joyeuse soirée à toi, mon ami !
-À toi aussi, mon cher compagnon !
-Mais non, c'est moi qui te souhaite le mieux !
-Voyons, tu n'y penses pas !
-Mais si !
-Mais non !
Décidément, Washka n'arrivait pas à se mettre d'accord sur lequel des deux personnages qu'il interprêtait arriverait à souhaiter les meilleurs choses possibles et imaginables à souhaiter pour cette occasion. Aujourd'hui, c'était un grand jour, pour lui. C'était une fête que tous les enfants du monde fêtaient chaque année, c'était une sorte de "fête des enfants" auquel tout le monde était convié et tout le monde pouvait participer.
Mais ce jour là, dans la petite ville de Yasuac, il était seul dans cette petite maison vide, poussiéreuse et noire. C'était le soir, le soleil se couchait. Il avait trouvé des bougies qu'il avait allumées, pour mettre un peu d'ambiance.
Et comme il se trouvait un peu seul, il s'était dédoublé en restant une seule personne, et il parlait à l'autre, et l'autre parlait avec lui. Cette soirée s'annonçait bien, enfin, à ce qu'il croyait, car une fête doit être de bonne humeur et avec une certaine ambiance, de préférence joyeuse et pas éplorée...
Il portait une chapeau de paille sur la tête, et était accoutré d'une façon particulière... Comme il était seul, il en profitait !
-Je m'excuse, mon cher, je vais passer aux cabinets.
-Je t'en prie, mais me mettre au courant ne servait à rien, je ne vais pas prier pour que tu ne tombes pas dans le trou...
-Mais tu pourrais au moins prier pour que je me raccroche au papier !
-Je tirerai la chasse après-toi !
Washka n'avait qu'une seule véritable peur : tomber dans le trou des toilettes. C'est pour cela qu'une petite prière s'imposait avant de passer aux "choses sérieuses"... Il priait au dieu des grandes eaux de bien vouloir l'épargner, ou encore au dieu des cabinets, mais il doutait de son existence, car il n'avait jamais été mentionné...
Washka s'agenouilla devant le cabinet, plaqua ses mains sur ses genoux, marmonna plusieurs paroles, et s'assit sur le siège troué, tremblant et pâle.
Il balançait ses pieds nerveusement dans le vide, lorsqu'il entendit une assiette de porcelaine se briser sur le sol.
Il tressaillit, mais pour des raisons que je ne pourrais nommer ici, ne se redressa pas, ni ne se leva. Il tendit l'oreille, et entendit un verre se casser (et oui, il arrivait à différencier les sonorités de tout ce qui se cassait, car il était très souvent la cause de ces chutes...)
Pour une fois, il était innoncent, et le siège troué en était témoin. Lorsqu'il sortit à pas de loup de sa cabine, il observa attentivement la porte fermée et les débris de porcelaine et de verre sur le sol. Il fronça les sourcils, referma la petite porte de bois derrière lui, et remercia dans sa tête le dieu des toilettes de l'avoir épargné pour cette fois.
Puis, il couru sous la table, rapide comme l'éclair au chocolat, et se tapit contre le pied, caché par la nappe de tissu brodée. Il attendit un instant, ne sachant si on l'avait repéré (ce qui était probable, car un éclair au chocolat n'est pas toujours silencieux lorsqu'il tape des pieds en courant pour aller sous une table), et passa une main très discrète sous la nappe pour chercher à tâton un bout de quelque chose à grignoter sur la table.
Washka avait toujours été d'un naturel très discret, c'est pour cela que lorsqu'il attrapa avec un sourire de victoire, avec discretion, avec ravissement et avec ses mains le bout de pain, il attrapa en même temps un bout de la nappe, et lorsqu'il ramena son bras vers lui, il tira le tissu blanc d'un coup.
Toute sa cachette s'écroula d'un coup, la nappe glissa par terre, suivit des verres, des assiettes encore entières et de tout le reste, dans un grand bruit.
GRAND BRUIT
Un petit sourire s'afficha sur sa tête confuse. Là, il pouvait être sûr de s'être fait repérer...