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Wanda
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Wanda


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MessageSujet: Rendez-Vous   Rendez-Vous Icon_minitimeMar 11 Mar - 21:35

Les poils rugueux du balai frottèrent le sol avec l'énergie que fournissaient les solides bras de Wanda. En effet, notre chère protagoniste faisait le ménage dans l’auberge, qui l’eut crut ?
On appelait cet endroit une auberge, même si elle ne méritait pas cette appellation : c’était le seul endroit dans les environs ou l’on pouvait dormir et manger, s’arrêter dans son voyage et se reposer. Ces bras habitués à tenir une épée ne paraissaient pas dans leur élément, et pourtant, la dragonnière avait l’air totalement intégrée dans ce milieu. C’était d’ailleurs, une obligation et une question de vie ou de mort. Plus de mort qu’autre chose cependant.
Wanda avait quitté ses habituels habits de combats, tout de fer et de cuir, pour une simple tenue en lin de couleur claire. Elle se sentait quasiment nue sans son attirail : Elle n’avait plus qu'une arme sur elle, un petit poignard, et le reste était resté chez galbatorix. La jeune femme n’avait plus aucun signe de distinction, et bien malin celui qui la reconnaîtrait dans son état actuel.
Une « grande » de l’empire passant le balai dans un établissement obscure, et puant, quelle ironie ! Quel jasement provoquerait une telle rumeur chez les paysans du coin ! Un tel remue-ménage n’aurait pas dérangé Wanda s’il n’impliquait pas un interrogatoire forcé de la part de Galbatorix.
Quelques minutes plus tard le balai se reposait, accoudé au comptoir et la demie elfe, ou demie humaine si on veut, sortait un chiffon sale de sa poche et frottait énergiquement le bois mal poli d’une table près de l’entrée. Il était plus que probable qu’à chaque passage de la guenille, la table soit plus sale, mais l’esprit perfectionniste de Mademoiselle Wanda s’arrêtait là. Après tout, elle n’était pas là pour faire le ménage, mais attendait quelque chose de bien précis, quelque chose qui faisait battre son cœur un peu plus vite que la normale quand elle y pensait. De la frayeur ? Non, quand même pas ! De quoi pouvait on avoir peur quand on ne craignait pas la mort ? De l’inquiétude peut être…mais si légère n’est-ce pas ?... Wanda n’avait jamais aimé attendre. Et quand on a autant de pouvoir qu’elle sur les autres, la patience ne fait pas partie du vocabulaire connu.

Une antique grand-mère grassouillette entra dans la pièce en traînant ses savates usées comme si elle portait tout le poids du monde sur son dos. Sa voix usée s’éleva dans la pièce, mais pas aussi faible que l’on aurait pu l’imaginer.

-Les portes de l’auberge ne vont pas tarder à ouvrir, j’espère que tu as bien fait tout ce que je t’ai ordonné de faire, c’est un jour pluvieux aujourd’hui, et ici, un jour pluvieux est un bon jour où les affaires sont florissantes.

En entendant le mot ‘ordonné’, Wanda avait serré les dents mais n’avait rien dit. Ses faiblesses étaient fierté, et l’orgueil, mais elle le savait, et essayait de les dominer, ce qui, heureusement d’avait pas le besoin d’arriver souvent.

La porte s’ouvrit, et les premiers clients entrèrent. Wanda se débarrassa du chiffon en se disant intérieurement qu’il ne manquerait à personne, et qu’un tel niveau de malpropreté devrait être puni. Les nouveaux arrivants qui étaient sans nul doute des paysans qui avaient travaillé toute la sainte journée s’assirent et commandèrent des bières que la demie elfe leur apporta. Ils s’étonnèrent de voir un visage si beau et fin, si jeune et nouveau dans ce lieu ou tout n’était que laideur et saleté, vieux et usé.

La porte fut à nouveau poussée, et sans se retourner, Wanda sentit que ce n’était pas un personnage commun, l’homme qu’elle attendait ? Retenant son souffle le temps de la manœuvre, elle se retourna.


Dernière édition par Wanda le Ven 9 Mai - 16:46, édité 1 fois
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Kentril
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MessageSujet: Re: Rendez-Vous   Rendez-Vous Icon_minitimeMer 12 Mar - 23:39

Lorsqu'elle fit face à l'entrée de l'auberge, celle-ci était déserte. Seul le vent hurlant et sifflant s'y engouffrait avec violence, tachant le seuil de l'établissement de quelques gouttes sombres et provocant le sourd claquement de la porte. La demie-elfe sentit un frisson et une présence désagréable dans son dos, une odeur incommodante d'épices et de fleurs séchées. C'était lui, évidemment.

"Bonjour, un bol d'eau chaude je vous prie." murmura-t-il de sa voix irritante avant de prendre place à une table.

Comme à son habitude, le Comte chercha dans son grand manteau noir une petite bourse de cuir qu'il renifla pour identifier son contenu, tous ses composants se trouvant dans des conteneurs identiques. Visiblement satisfait, il la déposa délicatement sur la table massive qui portait de grossières marques faîtes au couteau par les ivrognes locaux. Lorsqu'on lui apporta le récipient, il y déversa son remède, une poudre ocre qui dégageait une forte senteur, et remua le tout à l'aide de son index long et noueux. Ce faisant, il observait les allées et venues de l'employée, ses pupilles rouges luisant sous son capuchon. Une bâtarde, un sang impur, comme son vieil ami Khazad. Le magicien avait appris à haïr les elfes autant qu'ils le haïssaient, et si le bon sens pourrait laisser penser qu'il leur préfère les demi-elfes, il n'en est rien. Pour lui, ce sont des êtres répugnants issus d'une union qui n'a rien de naturel. Aussi, que l'un des leurs soit l'un des siens l'avait toujours gêné. Kentril aurait utilisé la moindre de ses erreurs pour se débarrasser de cette recrue indésirable, mais qu'elle en soit consciente ou non, elle ne laissait pas vraiment d'opportunité au maître de la Griffe Noire. Ce dernier rongeait son frein depuis quelque temps déjà, mais voilà qu'il avait besoin de ses services. N'importe qui aurait pu s'en occuper, mais c'était une occasion de tester sa... créativité. Lorsqu'elle fut assez proche de lui, il l'interpella doucement.

"Euh... Oui, le mot de passe... Quand le vent souffle, enfile tes moufles. J'ai eu du mal à te trouver, tu peux être fière de toi. Ou peut-être devrais-je me sentir honteux... Tu sais pourquoi je suis là, Wanda? Peu importe, je vais te le dire, mais j'aime faire traîner les choses. Et puis tu ne vas pas t'envoler tout de suite, pas vrai? Alors, ça te plaît, la vie dans cette fosse à purin, cernée par cette marée humaine qui ressemble à de la vermine et sent comme du bétail, réduite à effectuer des tâches insignifiantes? Ça n'a pas l'air trop mal finalement, tu t'en sors à merveille. Si tu as le temps, passe au manoir, il y a du boulot pour toi. Normalement j'ai toute une tripotée de serviteurs, mais quatre ont pris feu, deux ont été sacrifiés, deux autres ont été nourrir les chiens et le dernier a foutu le camp, sa mère s'est cassée une jambe alors il est retourné au village pour..."

Réprimant une quinte de toux, le Comte but son breuvage d'un trait. Ce qui lui permit de revenir sans transition à la tâche qu'il souhaitait confier à la détestable Wanda.

"Des sous. Il nous faut des sous. C'est le nerf de la guerre, paraît-il, et la guerre que nous livrons se fait sur tous les fronts, nous avons donc besoin de plus d'or que les autres. Je ne te cache pas qu'aujourd'hui, la situation n'est pas vraiment reluisante pour nous. Les coffres sont vides, comme on dit, mais là ce n'est pas une expression. Tout ce qu'on a ce sont des livres à ne pas savoir quoi en foutre et des objets magiques qui ne valent pas un rond. Voilà ce que tu vas faire, Wanda. Tu vas détrousser les riches pour donner aux pauvres. Les riches, ce sont ces foutus impériaux, et les pauvres, c'est la Griffe Noire. Je me moque du temps que ça prendra où des gorges que tu devras trancher, mais tu vas détourner le plus possible du trésor royal vers mes poches, c'est compris?"
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MessageSujet: Re: Rendez-Vous   Rendez-Vous Icon_minitimeJeu 13 Mar - 20:54

La jeune femme en avait déjà vu beaucoup en travaillant pour l’empereur d’Alagaësia, mais elle avait rarement croisé la route d’un personnage comme celui qui venait d’entrer. C’était lui évidement. Qui d’autre ? Avant même d’entendre le mot de passe, Wanda savait à qui elle avait affaire, mais les autres clients n‘étaient pas rassurés pour autant, et c’était compréhensible. Elle ne l’aurait pas imaginé qu’un homme comme cela serait le chef de la Griffe Noire. Comment elle l’aurait imaginé ? Un peu moins effrayant, plus humain, moins puissant, peut être un peu plus vieux ? Comment imaginer le chef d’une organisation secrète visant à éradiquer toute autre sorte d’institution et de pouvoir afin de les remplacer ?
Par leur courte correspondance, Wanda avait deviné qu’il essayerait par tous les moyens possibles pour la chasser de la Griffe noire. Elle ne savait pas pourquoi, et pour dire crûment les choses, elle s’en foutait. Elle n’était pas là pour le plaisir, et qu’elle soit désirée ou non, n’était pas le plus important. Cet homme puissant avait l’air mal en point. De ses yeux de demi elfe, Wanda l’observait discrètement de loin : Il préparait une mixture connue de lui seule, avec pour obscure objectif de calmer une toux qui n’était pas une toux ordinaire.
Ses yeux n’étaient pas habituels, et rendraient mal à l’aise quiconque se ferait fixer de la sorte… Wanda n’échappait pas au lot, mais tentait au moins de ne pas le montrer.
Le mot de passe était le bon, mais Wanda n’en avait jamais douté. Dans la salle, personne n’avait besoin d’elle, et la demie elfe murmura quelques mots d’ancien langage destinés à rendre la discussion qui allait suivre privée à toutes oreilles indiscrètes.

« Cher comte, tu ne serais pas si fermé à la magie elfique que ton château serait immaculé et le mot saleté y serait inconnu. Quand à la vie dans ce taudis, notre discutions terminée, je reprendrais le chemin du palais que me procure mon rang dans l’armée de Galbatorix. »

Wanda réprima un sourire, le sorcier devant elle avait l’air tellement faible ! Cette toux l’affaiblissait… Peut être un jour, elle sera elle à l’origine de sa mort ? En attendant, il donner l’impression qu’un coup de ferraille pouvait le renverser.

« De l'argent ? Il y a tant à faire dans ce monde où tout est à changer qu'on me demande de récupérer de l'argent des caisses de l'état ? Qu'on veut me faire jouer le rôle du Robin des bois (On va dire qu'il a existé chez Eragon ! Very Happy) ? Mais allons-y alors, qu'attendons nous! Voilà, je vais la faire ta belle mission héroïque ! Mais tu vas m'aider ! Je te ramènerais au palais, Galbatorix sera tellement ravi d’avoir le grand chef de la Griffe noire qu’il me donnera une prime conséquente… Puis je t’aiderais à te libérer… Qu’importe les moyens... Ou le nombre de gorges coupées… Sur ce point, nous allons bien nous entendre !»
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MessageSujet: Re: Rendez-Vous   Rendez-Vous Icon_minitimeJeu 3 Avr - 17:51

Agacé, le Comte s'appuya sur ses coudes et approcha son visage de celui de la demie-elfe, assez pour qu'elle puisse le voir distinctement sous son épais capuchon.

"Insolente petite bâtarde. Ne parle pas de ce que tu ne connais pas. Au sein de l'Empire, tu peux t'enorgueillir d'avoir atteint l'élite, une caste indéfinie d'aristocrates flagorneurs et de brutes embourgeoisées. Le confort et la sécurité d'un foyer, c'est délicieux, n'est-ce pas? Mais n'oublie jamais, ma jolie, que seule dans les bois tu n'es qu'une fillette apeurée, et que le grand méchant loup rôde, attiré par l'odeur si excitante d'une vie fragile qu'il peut dérober à tout instant. Tu as choisi, et c'est une preuve d'intelligence, de rejoindre la meute avant qu'elle ne vienne planter ses crocs dans ta chair. Tu es une enfant de la nuit, une jeune louve pleine d'énergie, qui croit déjà tout savoir. La vérité, c'est que tu ne sais rien. La magie des elfes, c'est la force des faibles. Libre à toi de vouloir ressembler à tous ces dragonniers et ces parjures qui parcourent aujourd'hui l'Alagaësia, avec leurs noms ridicules, leur éloquence limitée et leurs chevaux puants. Je refuse pour ma part d'être associé à ces minables sans ambition, sans imagination. Je veux avoir l'air d'un vagabond souffreteux, me trancher les veines pour allumer une cheminée, voyager à pied à travers l'Empire parce que je n'ai plus assez d'ingrédients pour voyager par magie. C'est pour ça que je pense être au-dessus de tous les imbéciles qui foulent cette terre. Parce que ce monde n'est pas à ma hauteur, il l'a été jadis, mais ce ne sont pas des humains qu'enfantent les femmes aujourd'hui, ce sont des idiots, des analphabètes imbibés d'alcool qui engrossent leurs soeurs et se battent dans des tavernes crasseuses comme celle-ci. Ce n'est pas dans ce monde-là que je veux vivre, alors plutôt que d'aller me pendre au prochain arbre, je choisis d'imposer à cette humanité répugnante une Révolution. Cette Révolution nécessite du pouvoir, et pour obtenir plus de pouvoir il nous faut de l'argent. C'est comme ça qu'on change le monde, Wanda, pas autrement."

Au long de son discours, Kentril s'était levé et son murmure s'était changé en une allocution forte et claire. Il était déchaîné, comme possédé par ces paroles haineuses. A la suite de quoi il sortit de l'auberge, entraînant la jeune Wanda à sa suite. Une fois dehors, il sortit une dague gravée de runes avec laquelle il entailla son poignet. Il incanta quelques mots dans une langue obscure et irritante et son apparence commença à changer. Ses jambes s'allongèrent un peu, son dos se courba légèrement, sa peau se rida et ses cheveux tombèrent alors qu'une grotesque barbe blanche et frisée lui poussait. Ainsi métamorphosé, il escamota sa dague et tenta de panser malhabilement sa blessure.

"Allons, il est temps d'aller voir le vieux Galbatorix."

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MessageSujet: Re: Rendez-Vous   Rendez-Vous Icon_minitimeVen 9 Mai - 17:15

Wanda, l’« insolente petite bâtarde » ne trouva rien à répliquer sur le moment au discourt enflammé du sorcier, qui remettait quand même en question son mode de vie, ses choix ainsi que ses actions. Oh, non, elle n’avait pas le confort et la sécurité d’un foyer, et le Comte ne semblait même pas pouvoir imaginer dans quelle situation elle était empêtrée, comme plongée jusqu’au cou dans une eau saumâtre et boueuse dans laquelle pouvait survenir des créatures toutes plus répugnantes les unes que les autres pour l’emmener en enfer, l’enfer de Galbatorix. Il n’imaginait sans doute pas que le fait qu’elle se soie rendue dans cette auberge pouvait lui coûter de la confiance de Galbatorix, jusqu’à sa propre vie.
La dragonnière partit sur les pas du sorcier, et comme il l’entraînait, sortit de l’auberge. La patronne de celle-ci, bien occupée, se demandera peut être plus tard ce qu’était devenue cette employée si discrète qu’elle ne l’avait pas vue s’enfuir. Bah, se dira t’elle, elle est partie sans toucher ses gages, quelle bonne affaire ! une fois dehors, Wanda parla d'une voix claire, un peu hésitante mais pleine d'entrain.

« Si je ne sais rien, alors apprend-moi. Tu ne peux me critiquer sans me tendre une main pour me sortir de la masse grouillante d’où tu crois me voir venir, et je te prouverais que je ne suis ni fragile, ni faible. Je t’aiderais à changer le monde à ta manière ! »

Wanda avait réfléchi : on pouvait dire tout ce qu’on voulait, les deux magies se ressemblaient. Si l’une demandait du sang, ou d’autres ingrédients, l’autre demandait de l’énergie vitale… Les deux utilisaient des mots appris. Pourquoi l'une et ps l'autre? Pourquoi pas maîtriser les deux? Être encore plus forte!
La demie elfe soupira, voyant l’homme se couper le bras devant elle. Il n’était pas très habile, pour quelqu’un qui soi disant avait tant de maîtrise de cette magie. La demi humaine failli proposer de soigner la blessure en quelques paroles, mais se retint, pensant que ce serait malvenu. Elle attrapa sans ménagement le bras du Comte, et banda sa blessure en quelques instants.

« Tu voyages à pied je crois? Il me faudra te trouver un cheval, mais en attendant, nous allons devoir nous contenter du seul mien. Je n’ai pas trouvé un seul équidé potable, ce qu’ils appellent ici cheval ne remplit pas mes critères. Cela ne ferait que nous ralentir, et nous avons de la route à faire ! »

Quelques instants plus tard, après que la jeune femme ait disparu dans les écuries, tout était près pour leur départ. Wanda se tourna soudainement vers le sorcier, un sourire naturel et railleur, presque malicieux, sur le visage: « Tu sais monter, j’espère ? »

Après le traitement aux reproches, aux moqueries et aux méchancetés que lui avait fait subir Kentril, et qui n'était surement pas encore fini, Wanda ne comptait pas le ménager. Mais s'ils devaient faire une mission ensemble, autant donner tout de suite du sien. La jeune femme ne voulait pas avoir à se méfier à chaque fois qu'elle lui tournait le dos.

« Simplement pour satisfaire ma curiosité, d’où viens tu ? Je ne m’attendais pas à te rencontrer, ni à pouvoir te parler avant ce soir, et tu as dit avoir du mal à me trouver ? »


Morning dew on the field, where I met you.
I was frozen a year, couldn't get through.
Got a sign, not a scar, on my shoulder, I am not quite the man you take me for...
Do you really know me? I might be a God.
Show me that you care and have a cry.
How do you see me?... as the one?
Can you see my blood when I'm bleeding?
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MessageSujet: Re: Rendez-Vous   Rendez-Vous Icon_minitimeVen 23 Mai - 23:25

Le magicien était content de lui. Il avait, en un discours, changé la pire des traîtresses opportunistes formées et instruites en une fidèle petite suivante, qui attendrait bien sagement d'avoir tiré tout ce qu'elle peut de lui avant de lui planter un couteau dans le dos. Alors que quelques instants auparavant elle l'observait comme un rapace observe une proie isolée dans la vallée, voilà qu'elle lui dispensait les premiers soins. Savourant ce maigre succès, le Comte ne dit pas un mot. Il adressa simplement un sourire cruel à son apprentie, il savait qu'elle était consciente de tout ça, et espérait que cette situation la dégoûtait au plus haut point.
Sans plus de cérémonie, Kentril attendit que la demie-elfe enfourche sa monture pour se placer comme il le pouvait derrière elle. Il n'aimait pas les chevaux, encore moins quand ceux-ci étaient dirigés par des femmes, et encore moins quand ces femmes étaient des hybrides aux grandes oreilles, mais, fatigué qu'il était, le sorcier était bien incapable de voyager autrement. Feignant l'habitude et l'assurance, il saisit la taille de la cavalière de ses longs doigts crochus, et lui intima l'ordre de procéder au départ.

"D'où je viens? De chez moi, évidemment. J'ai envoyé mes gens à ta recherche, et lorsqu'ils t'ont localisée, et ce ne fut pas chose aisée, j'ai convoqué un portail juste en face de l'auberge. Tu avoueras que c'est plus agréable que de chevaucher sur ton poney! Mais pas forcément plus sûr. Il y a dans les autres plans d'existence bien plus de danger que sur ces chemins boueux. La télévision, le communisme, la tecktonik. Des mots affreux qui ne veulent rien dire pour toi, mais qui causent des ravages ailleurs dans le multivers."

Mieux valait ne pas trop en dire pour le moment, elle n'était pas prête. Le paysage défilait à toute allure au rythme des claquements de sabots du cheval de Wanda. La vitesse le rendant nauséeux le Comte considéra l'évocation de l'inconfort de ce moyen de transport, mais il préféra changer de sujet. Autant aborder la mission en cours.

"Bon, c'est ton plan, demi-elfe, comment on s'y prend avec ce vieux fils de chien qui nous sert d'Empereur? On débarque dans la salle du trône, il me fait pendre, et tu te tires avec le magot, où tu aurais vraiment une idée? Et par idée, je veux dire quelque chose qui a une chance de marcher, pas un de ces pièges à buse qui sont le quotidien des fripouilles dans ton genre. Galbatorix, c'est pas le mec qui lit les pensées des gens, ou un truc comme ça? On fait comment dans ce cas là? Je suppose que tu y as pensé, grosse maline."

Plus tard, Kentril exigea une pause, se plaignant d'être mort de fatigue et menaçant de s'évanouir d'un instant à l'autre. Une fois pied à terre, alors que Wanda attachait sa monture, elle entendit le sifflement caractéristique de la lame qu'on dégaine.

"Je suppose que tu n'as pas le matériel adéquat pour camper. J'ai donc besoin d'un peu de ton sang. Considère ça comme une initiation au vrai pouvoir. Montre-moi tes jolies veines, Wanda."
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MessageSujet: Re: Rendez-Vous   Rendez-Vous Icon_minitimeVen 13 Juin - 20:50

- Ne te fais pas d’idées, avec une telle blessure sans soins, on ne peut pas voyager correctement, tu ne ferais que nous ralentir.

Oh, oui, Wanda était bien consciente de la situation dans laquelle elle se trouvait, et de l’étrange relation qu’elle allait sans doute entretenir avec ce sombre homme. Mais la situation n’était pas telle que l’imaginait ce bon vieux comte aux yeux de la petite parjure aux longs cheveux noirs. Elle n’était pas sa fidèle petite suivante, et cet homme si c’en était un, l’exaspérait au plus haut point. Et elle n’était pas du tout du genre à éliminer quelqu’un a qui elle avait tiré son savoir et ses pouvoirs. Le comte était le chef de la Griffe noire, et c’est lui qui prendrait tous les coups lancés par Galbatorix si coups il y avait. C’est lui qui se ferait abattre, et Wanda serait bien sécurité au château, ce rôle la satisfaisait entièrement, il n’y avait aucunement besoin d’un échange. De plus, il était évidement qu’il était le plus fort des deux, et que cette situation mettrait longtemps à changer, si elle changeait un jour.
Décidément, les gestes, les pensées et les paroles, tout dans ce magicien à l’ego sans doute surdimensionné l’irritait. Et pourtant, elle n’était pas particulièrement de mauvaise humeur aujourd’hui. L’ambiance aurait pu être saine, mais elle était surtout pesante pour Wanda qui restait malgré tout méfiante envers le magicien. Sa façon de monter à cheval n’était pas très mauvaise, mais il en ressortait une sorte de maladresse due à un manque d’habitude, mais ce n’était pas quelque chose dont la jeune femme pouvait se moquer.

- Bien sur que j’ai un plan. Un plan infaillible. Ou presque. Il suffira de te conduire en simple prisonnier, ça devrait pas t’être trop difficile n’est-ce pas? Et si tu veux un conseil, attend de voir ce que je vaux avant de me traiter comme de la vermine que tu pourrais écraser d’un coup de talon. Nous risquons tous deux notre vie dans cette affaire, ne l’oublie pas, et me reposer sur toi ne me plait pas non plus, c’est pas la peine de me le faire sentir à chaque instant. Si tu pouvais également en profiter pour arrêter de te plaindre, cela m’arrangerait, je préfère le silence au filet de voix qui sort de ta gorge irritée, et je pourrais peaufiner les détails du sort que je compte lancer dans peu de temps.

Ils finirent finalement par s’arrêter dans leur route, au coin d’un chemin peu fréquenté. Ils n’avaient pas fait la moitié de leur voyage, mais le magicien de Rochegriffe tenait absolument à s’arrêter pour la nuit, et après tout, ils avaient un peu de temps devant eux.
Lorsque Wanda attachait le cheval qui la suivait depuis quelques années maintenant, elle entendit le deuxième voyageur dégainer sa lame, et se raidi instantanément. Elle n’avait pas la moindre confiance en cet individu louche et manipulateur. Et s’il était armé, il ne lui restait qu’un simple petit poignard, à elle. Puis, la demie elfe se détendit, il ne demandait rien de moins que son sang pour monter des tentes. Des tentes ? Eh, faudrait réduire l’effort à une tente, hors de question de perdre plus qu’elle ne devrait de ses 5 litres de sang mêlé qui coulait dans ses veines ! Une tente, ça suffirait bien ! Même si heu, l’idée de dormir à coté de ce drôle d’individu n’était pas très rassurante. Serait-il d’accord de son coté ?

-Laisse moi d’abord élaborer le sort qui te permettra de te tenir devant Galbatorix sans qu’il puisse lire dans ses pensées. Je ne peux pas t’apprendre à fermer ton esprit dans le peu de temps qu’il nous reste avant d’être au palais de cet indigne maître des lieux. J’ai besoin de toute mon énergie après, je te donnerais mon sang si tu en veux toujours.

Ceci dit, Wanda ferma les yeux, et concentra le pouvoir qu’elle avait. La petite guerrière murmura quelques mots d’ancien langage, une phrase. Son dragon n’était pas là, il ne pouvait donc pas lui prêter sa force, cela promettait d’être plus dur à supporter pour son corps. Ce qu’elle demandait était quand même important, et elle sentit dans son organisme, l’énergie s’envoler avec une effrayante rapidité. Trop vite. De toute façon il n’y avait rien à faire. Le sort allait marcher, mais il fallait qu’elle reste en vie. Avait-elle été trop orgueilleuse en pensant pouvoir maîtriser ce sort toute seule? La jeune femme sentit son cœur battre plus vite, de l’affolement? Son corps inanimé s’affaissa sans un bruit et toucha la terre meuble, ses cheveux couvrant son dos.
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MessageSujet: Re: Rendez-Vous   Rendez-Vous Icon_minitimeMar 24 Juin - 20:02

Ralentir, ralentir, le Comte de Rochegriffe ne ralentissait personne! Il avait toujours été un moteur, un preneur d'initiative, un leader, UN CONQUÉRANT! Son intelligence supérieure, son don pour la magie et son charisme naturel faisaient de lui LA personne à suivre pour s'en mettre plein les poches. Ça, ces imbéciles d'impériaux ne pouvaient s'en rendre compte, car ils ne voyaient pas plus loin que le bout du nez de leur empereur! Il n'était pas le meilleur, il était le seul! C'était cette phrase que lui répétait son entourage depuis qu'il avait rejoint le manoir et pris conscience de son terrible héritage. Et cette phrase, elle était foutrement vraie. Entre cette raclure de Galbatorix et ces anarchistes prétendument bons de Vardens, rejoindre la Griffe Noire était la seule vraie solution pour ceux qui en étaient dignes. La Griffe Noire allait devenir le moteur du monde... Si la jeune Wanda ne la menait pas à sa chute.
Vexé par l'insubordination de sa protégée, le Comte songea un instant à lui ouvrir la gorge d'un coup de patte et à se repaître de son sang, mais son éducation lui permit de muer sa folie meurtrière en un souffle menaçant à l'oreille de la demie-elfe.

"Méfie-toi, à trop laisser pendre sa langue, on se la fait couper. S'il t'arrivait malheur, j'aurais parfaite idée du sort de ta dépouille, et il ne s'agit pas d'un enterrement."

Après sa proposition indécente et sanglante, Kentril resta silencieux jusqu'à l'évanouissement de Wanda, qui provoqua chez lui moult éclats de rire, le ridicule de la situation triomphant avec force sur sa remise en question des plans de la Griffe Noire. Wanda la vaillante, Wanda la prétentieuse, inconsciente aux pieds du magicien. Bien souvent ce dernier avait envisagé cette situation, pourtant, il n'était pas à l'origine de l'état de la jeune femme. Sans plus se poser de question, il s'agenouilla près d'elle, le fil de sa lame s'approchant dangereusement de sa gorge, hurlant de silencieuses menaces. De la pointe de son arme rituelle, il parcourut la trachée de la bâtarde jusqu'à son visage, effleurant sa peau sans la blesser. Tout en regardant ses yeux clos, il mourait d'envie de plonger quelques centimètres de métal dans cette femme si faible et insignifiante. Il aurait donné tout ce qu'il avait pour balayer ce contexte et cette mission qu'il s'était juré de mener à bien, et achever l'insupportable Wanda, qui gisait sur le sol, inerte, invitation muette à lui crever les yeux, à lui trancher la gorge, à arracher ses dents, à ouvrir son ventre, à la délester de ses organes inutiles... Alors qu'une de ses mains saisissait la demie-elfe à la gorge, l'autre, tremblante, s'élevait au-dessus de lui, brandissant la terrible lame, qui s'enfonca avec cruauté dans le sol, à côté du visage de Wanda. Malgré toute sa haine, toute sa colère, le Comte ne put s'y résoudre. Il se leva, tira une fronde de son manteau, et s'enfonça entre les arbres, abandonnant la jeune femme seule, sous la pluie.
Lorsqu'il revint, beaucoup plus tard, quelques malheureux lapins pendaient à sa ceinture. Sans plus de cérémonie, Kentril les massacra avec un enthousiasme certain, épargnant le sang de l'infâme bâtarde. A leur fluide vital, qu'il récupéra précautionneusement dans un petit bol sorti de nulle part, il mélangea une sorte de poudre verte, en espérant que les précipitations n'interfèreraient pas dans les dosages. Après avoir un instant considéré sa mixture, le Comte récita avec lassitude une étrange succession de mots aux consonances barbares, et en barbouilla le visage de Wanda, un sourire sans joie sur les lèvres. Se levant de nouveau, Kentril observa l'étroite clairière dans laquelle ils se trouvaient.

"Ça suffira..." souffla-t-il

D'un geste, il fit surgir du sol un mur de bois, puis un autre, puis encore deux autres, autour de lui. Il hésita un moment, puis un toit plat et grossier apparut au dessus d'eux. Enfin, le sol boueux sur lequel reposait Wanda se changea brutalement en un tas de paille.

"Diable, on ne fait plus rien de correct avec du sang de lapin."

Passablement agacé, le Comte entreprit ensuite une série de signes dénués de sens au-dessus de la tête de la demie-elfe, jusqu'à ce qu'elle se décide enfin à se réveiller.
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MessageSujet: Re: Rendez-Vous   Rendez-Vous Icon_minitimeLun 18 Aoû - 18:59

Si vous voulez l’avis de Wanda, -et même si vous ne le voulez pas- il était bon que le comte Kentril ait un minimum de maîtrise de lui-même, ou d’éducation, sinon, il aurait déjà tout tenté pour se débarrasser d’une façon très définitive de son embarrassante et surtout très franche protégée. Ce n’étaient pas que de simples menaces qui étaient prononcées de sa bouche, mais plutôt une promesse de mise à mort lente et douloureuse si elle ne le respectait pas un peu plus. Mais Wanda, avec son caractère, n’était pas du genre à lui faciliter la tache pour une ou deux charmantes promesses.

Lorsque la conscience voulue bien reprendre de la demi elfe, cette dernière n’aurait jamais pu se douter, avoir le moindre soupçon, ou entrevoir le drame silencieux qui avait failli se jouer dernière ses yeux clos et sur son corps sans connaissance. Oui, elle avait bien failli perdre la vie, cette vie si menue, cette vie si hasardeuse qui ne tenait qu’à un fil, fil qui avait failli être rompu pour de bon, et de la part de son plus proche allier, c’est pour dire à quel point il était facile de le couper. Vie qui était toujours, il faut être franc, entre les mains de plus fort qu’elle. Wanda pouvait paraître forte et vaillante, hautaine et méprisante, mais c’était un moyen de montrer au monde et à ses potentiels adversaires (Dieu sait qu’elle en avait beaucoup qui pouvait se lever) qu’elle était intouchable. Un moyen comme un autre de préserver son existence.
Cela dit, en ce moment, elle ne paraissait ni robuste, ni intouchable, allongée sur de la paille fraîche, ses vêtements collés à son corps par l’eau et la terre et sa peau habituellement claire colorés d’une boue brune. Des rigoles d’eau de pluie s’étaient creusées des sillons et coulaient un peu partout et ses beaux cheveux noirs étaient souillés eux aussi. En ce moment, elle était dans un état lamentable, et malheureusement, elle n’était pas seule et ne pouvait pas le dissimuler. Ce n’était pas à cela qu’elle pensait, elle n’avait pas encore assez repris de solidité et d’énergie pour avoir ces pensées là.
Là où elle se trouvait, il faisait plutôt sombre, et son esprit perdu, et son corps sans force n’arrivait pas à situer ce lieu inconnu. De la paille ? Depuis quand était-elle là ? Et puis ce froid qui s’infiltrait dans sa chaire et ses os… Que se passait-il ? La noirceur de l’endroit l’empêchait de voir, mais Wanda ne paniquait pas. Si on lui avait voulu du mal, ce serait fait, n’est-ce pas ? On aurait dit une sorte de boite, il n’y avait aucune lumière, aucune ouverture sur l’extérieur dans la création du comte magicien.
Lorsque ses yeux se furent rapidement habitués à l’obscurité, la magicienne aperçut la silhouette de son compagnon de route / de mission. Ce qui, comprenez-le, ne la rassura pas pour autant ! Et qui plus est, il était au dessus d’elle et brandissait une lame de cérémonie comme Wanda n’en avait jamais vu.
C’est là que la dernière scène à laquelle elle avait assistée lui revint. Le sort, la demande d’énergie beaucoup trop forte pour elle seule, mais la chute et ce qui suivait, elle ne savait pas. Frissonnant de froid, et cherchant à ne pas trop montrer son manque de confiance en la dague brandie, ni en la magie qu’elle exerçait, Wanda chercha prudemment à se relever. La dragonnière se rendait compte qu’elle était trempée et maculée de boue, qui plus est, d’où le peu de chaleur qu’elle réussissait naturellement à conserver. Elle trouva aussi que la peau de son visage était différente, comme plus lourde et en la touchant du doigt, elle récolta sur son index, un répugnant produit granuleux d’une couleur rouge foncé. Wanda lança un regard rempli de suspicion au mage mais ne dit rien. Elle ne se sentait pas de force à engager et à résister à une conversation musclée, à des reproches et des menaces. Wanda se sentait en position de faiblesse. Elle était affaiblie, et le fait qu’elle se trouve allongée devant un Kentril debout et armé n’était pas encourageant. Mais pourquoi pas, briser le silence insupportable avec un autre sujet, d’une voix gênée, et qui eut du mal à sortir.


« Tout…tout va bien ? Le… Le sort a-t-il marché ? Je ne savais pas que cela me prendrait tant d’énergie. » Dit-elle, comme pour avouer sa faute.

Pour l’heure, le sentiment qui dominait chez Wanda était l’impression de faiblesse. Rien que le fait de passer de la position allongée à la position assise lui demandait un sérieux effort. Mais voulant prouver à elle-même avant Kentril, qu’elle n’était pas si faible que cela, pas si fragile qu’elle le paraissait, elle tenta de se relever en s’aidant à partir de la planche de bois qui constituait leur « cabane ». Les jambes tremblantes, elle préféra se rasseoir devant un Kentril qu’elle imaginait triomphant devant la vulnérabilité qu’elle était obligée de laisser voir.

« Y aurait-il quelque chose à manger, à boire ? J’ai besoin de reprendre des forces… Avant de repartir»

La demi elfe ne pouvait se permettre d’en montrer plus, c’était déjà beaucoup trop de sa part ! Surtout devant lui qu’elle considérait comme quelqu’un qui lui enfoncerait le couteau dans sa plaie, qui consoliderait sa moindre faille. Il devait déjà bien célébrer sa victoire comme elle l’imaginait. Heureusement qu’il ne faisait pas clair dans la pièce. D’ailleurs, elle trouvait cela assez étrange, cette construction. Pas d’ouverture sur l’extérieur, un toit peu haut et grossièrement plat, peu d’espace…

« Où sommes-nous donc ? Et pourquoi suis-je si trempée et sale ? » Puis saisie d’une inquiétude les questions continuèrent de sortir d’entre ses lèvres. « Je n’ai pas ralenti la mission au moins ? Je vous ai rencontré, et nous sommes partis aujourd’hui ? Pardon pour toutes ces questions.»

Epuisée d'avoir trop parlé, Wanda sentit à nouveau la tête lui tourner, mais résista.
Zahariel allait la tuer. Où il lui en voudrait pendant quelques temps, du moins. Elle entendait ses récriminations d’ici… Pourquoi elle n’avait pas fait plus attention, qu’est-ce qui lui était passé par la tête… Une vraie mère poule, ce dragon ! Il allait encore regretter de ne pas être venu, et Wanda devrait, pour une prochaine sortie, être encore plus stricte sur ce point là. Ce n’était plus, comme avant, pour les privilégiés… Aujourd’hui, le droit, le privilège, d’avoir un dragon n’était plus donné aux plus forts, mais on pouvait se demander si ce n’étai pas au plus débile. Les humains se voyaient attribuer le savoir de la magie elfique, et les dégâts étaient à rattraper après… Wanda ne s’estimait pas digne, mais pas indigne non plus. Elle était forte, elle, même sans dragon… Enfin, normalement. Mais être une demi elfe, c’était aussi avoir sa part d’humain en elle… Cette même part que partageaient ces rustres paysans qui ne savaient rien, qui ne faisaient rien d’autre que de travailler pour leur prochain… Malheureusement. Parfois, elle préférait l’oublier. Mais les elfes n’étaient pas si glorieux non plus, n’allez pas croire… Des moins que rien se cachant dans les forets, s’aveuglant de la vérité la plus pure qu’il soit : en oeuvrant comme des « gentils » on ne gagnait pas, on ne gagnait rien. Pas de batailles, ni d’argent, pas de pouvoir… En s’enterrant, cette bande de peureux laissaient la voie libre à tout le monde, ce qui n’était pas plus mal.
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MessageSujet: Re: Rendez-Vous   Rendez-Vous Icon_minitimeMer 20 Aoû - 20:00

"Salut, Wanda, je t'ai beaucoup manqué?"

Kentril, lui, ne le voulait pas, l'avis de Wanda! Par un heureux concours de circonstances (auxquels, c'est bien connu, le Comte arrive toujours premier), elle ne lui en fit pas part. Cependant, elle ne se garda pas de mettre en route sa fabuleuse machine à blabla, sur la position "questions stupides et commentaires inutiles". Après tous les efforts qu'il avait mis en oeuvre pour la réveiller, le magicien se demanda soudain si tout ce que Wanda méritait n'était pas un bon coup dans la figure. Ravalant sa colère et puisant dans ses réserves de patience, Kentril se contenta d'un geste agacé.

"Oui, oui, oui, évidement que tu as ralenti la mission, espèce d'empotée! Si tu m'avais demandé mon avis avant de faire n'importe quoi, je te l'aurais dit, que c'était trop pour toi... On aurait procédé autrement... Mais là, c'est du grand n'importe quoi! Je me suis un instant demandé pour quoi je te payais, avant de me raviser en me souvenant que je ne te payais pas... Attends une minute, oublie ça! Tu connais le tour du lapin qui sort du chapeau?"

Le sorcier prit un air malicieux en caressant sa fausse barbe à deux reprises, puis il plongea sa main dedans et en extirpa deux lapins trop cuits et mal dépecés.

"Et... Hop! Régale-toi, grosse gourmande, on repart bientôt."

Kentril, quant à lui, se contenta d'une poignée de fruits secs tirée d'on ne sait trop où. La magie du sang lui permettait d'être à l'abri du besoin, tant qu'il restait assez de fluide dans sa vieille carcasse, et sinon, dans ses victimes. Le souci, quand on est un vieux magicien exsangue, c'est que ça devient difficile de saigner une bande de malfrats armés jusqu'aux dents. C'est dans ces cas-là qu'une brute sans subtilité comme Wanda était utile. Hacher, trancher... Ca semblait vulgaire au jeune Kentril en plein apprentissage des arts, mais à force de se faire malmener par plus costaud que lui, il avait compris. Alors qu'elle se nourrissait, comme une bête, de chair animale, il l'étudia... Elle ne ressemblait pas aux hommes de main qu'il avait l'habitude d'engager. C'était une femme, mais pas seulement. Elle n'était pas uniquement attirée par l'appât du gain. Elle aimait le pouvoir, elle aussi. Elle était comme lui. Elle attendait d'être guidée... Tant pis, Kentril n'aimait pas partager. Il donna un coup de pied dans un mur, qui s'applatit docilement sur la boue en émettant un gargouillis infâme. Les sourcils froncés, le Comte fit trois fois le tour du cube de bois, puis commença pester vivement en sautillant et en faisant de grands gestes vindicatifs vers le ciel. Quand il se fut calmé, il se tourna doucement vers la bâtarde.

"Dis-moi, Wanda, tu n'avais pas un cheval avant de t'évanouir? Si oui, nous allons devoir faire sans lui. Heureusement, je suis l'homme de toutes les situations."

D'un geste fier, Kentril tira un petit sifflet en os de son manteau et souffla dedans à s'en faire péter les poumons. Aucun son ne sortit.

"Je ne le sors que pour les grandes occasions."

Un hurlement inhumain parvint du lointain, suivit du bruit d'un galop infernal. Un immense cheval noir harnaché de cuir fit son apparition, mais ce qui était le plus frappant chez la bête, c'était sa crinière, sa queue et ses sabots en flammes.

"Allons-y, Uru'Baen, c'est tout droit!"
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MessageSujet: Re: Rendez-Vous   Rendez-Vous Icon_minitimeDim 28 Sep - 22:01

La réponse à la question qui demandait si l’affreux personnage nommé Kentril avait manqué à la charmante et fragile (hum) Wanda, n’avait pas besoin d’être énoncée, car c’était une question purement rhétorique, et les deux adversaire savaient tous deux ce qu’il en était. La situation étant ce qu’elle était, la jeune demi elfe savait parfaitement que la seule chose à faire, la seule conduite à suivre était de laisser le comte jubiler et se moquer sans intervenir, après tout, qui savait ce qu’il se passait dans cet esprit ? Mais ce n’était pas dans la nature de la dragonnière de se laisser maltraiter de quelque manière que ce soit, et par qui que ce soit, et elle ne put résister à l’envie de lui répondre. Une dernière fois… Ou peut être pas. La jeune femme alla même à se redemander pourquoi elle faisait tout cela, pourquoi elle était allée attendre le nécromancien dans cette auberge minable. Pourquoi avait-elle choisi cette voie là, au lieu de profiter du pouvoir qu’elle avait déjà avant, pourquoi ne s’en était-elle pas contentée ? Parce que rien n’était jamais simple, tout n’était jamais entièrement du coté du bien ou du mal, et qu’elle ne pouvait rester sans rien faire, à savourer la victoire qu’elle avait déjà. Elle voulait plus, elle voulait la liberté, le pouvoir, le bonheur. Course incessante pour ce qu’elle savait ne jamais pouvoir atteindre.

« Je ne te demande même pas comment tu aurais voulu procéder, puisque tu n’en sais toi même rien. Et puis, sommes nous vraiment dans une boîte ? Quel étalage de pouvoir, vraiment : Une boîte ! Heureusement que ça m’a permis d’éviter de rester sans doute des heures dans la boue et sous la pluie ! »

Wanda regarda avec un sentiment d’exaspération dissimulé le jeu du magicien. Courage, il faudrait encore le supporter, il n’était pas méchant, il était juste désagréable. Enfin, c’est ce que la dragonnière essayait de se dire, tout en sachant que la réalité était tout autre. Et c’est ironiquement, pour s’empêcher d’aller trop loin dans ses pensées, pour briser le calme d’une situation qui la mettait mal à l’aise qu’elle parla. Sans bien sur, aucune mauvaise intention.

« Le rôle de magicien de foire ne te vas pas du tout, on te l’a déjà dis ? »

Il fit tout de même apparaître la seule nourriture mangeable instantanément à des kilomètres, et même si cette dernière appartenait à un personnage peu digne de confiance, et qui avait une pointe de mauvaise intention à son égard, sans conter une haine pour son demi-sang voir pour sa condition de dragonnière, Wanda ne se fit pas prier pour commencer le repas. Tandis qu’elle entamait le premier lapin, la jeune femme regardait attentivement Kentril. Un Kentril un peu perdu dans ses pensées, qui mangeait des raisins secs.

« Tu n’en veux donc pas ? Un nécromancien comme toi végétarien? Cela m’étonnerais. Et puis, deux, c’est vraiment trop pour moi tu sais.»

Généralement, les dragonniers ne mangeaient pas de viande, et Wanda ne faisait pas exception. Lorsqu’elle le pouvait, elle se contentait de légumes et autre nourriture qui n’était ni morte, ni vivante, mais dans ce cas bien précis, elle n’avait pas le courage ni la force de s’en priver. Elle avait pourtant du mal, et allait jusqu’à se forcer. Le fait que le lapin soit trop cuit lui facilitait la tache, le grillé voir brûlé éloignait l’idée de vie antécédente, ainsi que le goût de la chair animale.
D’un simple coup de pied de Kentril, le mur si on pouvait oser l’appeler ainsi tomba, et laissa l’humidité de la nuit envahir les deux voyageurs. Wanda frissonna, elle ne pouvait vraiment pas repartir sur les routes comme ça. Enfin, c’est ce qu’elle aurait osé dire si elle n’était pas si épuisée moralement. Le comte disait encore des bêtises, elle n’avait pas retardé la mission, vu que la nuit venait juste de tomber, et il ne s’était pas si bien reposé que ça, ce qui était le but initial de leur arrêt. La dragonnière l’observa un peu comme on observe un comportement curieux de bête sauvage, toujours assise et transie de froid. Kentril faisait le tour de sa création, sautillant dans la boue.

« Très bien, nous revoilà reparti, mais je passe devant, vous tenez les rênes et je dors, cela te conviens ? On échangera si tu veux te reposer. En outre, il faudra s’arrêter dans un village avant Uru Baen, que je me sèche, que je me change, que l’on te trouve des liens convenables, pour faire une entrée triomphante à la cour du roi.»

Sur ces mots, Wanda s’approcha prudemment de l’apparition chevaleresque (héhé:/) et envoya un regard demandant implicitement de l’aide à Kentril. Ce n’est pas qu’elle avait peur de monter, ou peur du cheval, mais ce dernier n’était ni commode, ni commun.

C’est comme cela que ces deux aventuriers qui ne se ressemblaient en rien partirent vers d’autres aventures !
La dragonnière et le nécromancien s'en allèrent donc ainsi. Comme ils étaient tous deux sur la même bête, le contact physique était inévitable, et c’est sans le signe d’une once de remord que la jeune femme ne fit rien pour l'empêcher. La terre humide et l’eau dans laquelle elle avait baigné quelques heures plutôt et qui la recouvraient finirent par venir tenir compagnie au costume de Kentril.
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MessageSujet: Re: Rendez-Vous   Rendez-Vous Icon_minitimeVen 3 Oct - 22:51

« Hé, qui tu traites de nécromancien? Je suis un professionnel moi, je ne passe pas mon temps libre à culbuter de vieilles mortes au fond de leurs tombes. Et vu l'état dans lequel sont les corps, qui peut savoir si c'est un homme ou une femme? Tiens ça me rappelle une histoire assez amusante, et pour tuer le temps, je m'en vais te la raconter. »

Sur sa selle, le magicien s'étira et s'éclaircit la gorge. L'histoire qu'il s'apprêtait à raconter à l'innocente Wanda n'avait que très peu de rapports avec leur conversation, mais il s'en moquait royalement, et rien n'aurait pu l'arrêter dans son récit sans recevoir une dague sous le menton.

« Je n'ai pas toujours été un loup solitaire qui pourchasse les jouvencelles dans les bois à la nuit tombée, vois-tu? A une époque -Oh ciel, me voilà bien vieux- je n'étais qu'un jeune louveteau inoffensif, et j'ai failli me prendre un couteau dans le dos plus d'une fois. Lors de mon apprentissage magique, on m'a même enlevé! J'étais en train de nettoyer les écuries de ce qui deviendrait un jour ma splendide demeure, lorsque l'alarme fut donnée par l'un des serviteurs de mon... prédécesseur. C'était bien évidemment une situation sans précédent pour le jeune moi. Qui pouvait bien assiéger l'endroit le plus sûr de l'Alagaësia? Oui, je sais, le plus sûr, c'est un peu exagéré, bien que je ne me rappelle pas t'avoir déjà vu chez moi, mais à l'époque, c'est ce qu'on m'avait dit pour calmer mes angoisses paranoïaques d'obsédé du complot. Eh bien figure-toi, jeune écervelée, que c'étaient de simples mercenaires. Une troupe d'une vingtaine de cavaliers tout au plus, sans étendard ni musicien. Ils n'étaient malheureusement pas là pour vaincre les défenses du manoir, mais pour attirer l'attention pendant qu'un groupe plus restreint s'en prendrait à leur objectif, moi. Alors que je courais me mettre à l'abri, dans mes appartements, deux grands gaillards maigrichons me tombèrent dessus. Un serviteur était déjà sur place pour me porter secours, mais aussi combattif était-il, il fut vaincu par mes agresseurs. Me jetant sur une épaule, les intrus regagnèrent leurs montures et partirent au grand galop pendant que leur troupe empêchait toute poursuite. »

Fier de son introduction, le sorcier s'arrêta et un sourire mystérieux éclaira son visage d'emprunt. Il était certain que son admiratrice la plus fervente brûlait de connaître la suite de cette aventure. Par qui étaient envoyés les mercenaires? Dans quel but leur commanditaire avait-il organisé cette attaque? Et surtout, comment Kentril s'en était sorti?

« Je poursuivrai plus tard, nous devons nous arrêter avant la capitale, parait-il... Je ne sais pas comment se nomme ce village, mais il a l'air tranquille, malgré la proximité d'Uru Baen. Il doit y avoir une patrouille régulière de la milice locale, mais pas de troupes impériales. Et quand bien même il y en aurait, je ne suis pas assez fatigué pour me laisser faire... Cela dit, ça aurait plus de gueule si on faisait le reste du voyage accompagnés par la garde personnelle du vieux, tu ne crois pas? »

Le magicien descendit de sa monture infernale, aida sa compagne à en faire de même, et renvoya la bête aux ténèbres d'un geste.

« Et voilà. Parti pour de bon. Un jour je te raconterai comment j'ai obtenu cette faveur. Mais allons à l'auberge d'abord. »

D'un pas lourd, Kentril traversa le village jusqu'à l'enseigne de l'Immonde Gargouillis, dont il poussa sans ménagement la porte qui s'ouvrit avec fracas.

« L'Immonde Gargouillis est complet ce soir, messire. »

« Plus pour longtemps, l'ami... plus pour longtemps. »

Le Comte désigna une table pleine de villageois au fond de la salle.

« Vous, là. Barrez-vous. Je suis magicien. »

Les clients s'en allèrent sans demander leur reste, et les deux voyageurs griffus purent passer commande.

« J'ai l'impression qu'on est tout le temps en train de bouffer et de se reposer, pas toi? »

Kentril versa le contenu d'une bourse dans un bol d'eau chaude et poursuivit son récit.

« Donc les deux affreux me sont tombés dessus et m'ont emmenés. Où, je ne sais pas, parce mes yeux étaient... obstrués. Quand on m'a ôté le sac en toile que j'avais sur la tête, on était au beau milieu de la forêt. Et là j'étais dégoûté, je peux te le dire. Toutes ces années passées dans cette forêt, pour enfin m'échapper dans ce grand manoir, et voilà qu'on m'y ramène. Des empaffés de Vardens, oui madame, et aux oreilles pointues, en plus. Grands débats chez les enfoirés bien pensants. Blabla bla je suis un danger potentiel, il faut me neutraliser... Blabla bla, un jour je servirai l'empereur... J'aurais préféré un bon vieux cercle de sorcières qui sacrifie des gamins à la gloire de Mère Nature! Mais j'étais là, entre des peureux qui voulaient me tuer, des imbéciles qui voulaient me garder prisonnier, et des naïfs qui voulaient faire mon éducation. Je leur ai dit ce que je pensais de leur débat ridicule, et ils n'ont pas aimé, du coup ils ont décidé de me crever. Mais déjà à l'époque, j'étais un malin doté de grands pouvoirs. Alors qu'un elfe s'avançait vers moi avec sa dague, je me suis planté dessus et j'ai invoqué un diable. Et là il s'est passé quelque chose de merveilleusement insensé. Les vardens ont paniqué, ils ont fait feu sur le diable et naturellement, ce dernier leur a volé dans les plumes. Du sang, des oreilles qui volent, des tripes... J'étais sur un petit nuage, moi qui me vidais de mon sang. Lorsque son affaire fut faite, le diable essaya de trouver le salopiot qui l'avait invoqué. Quand il a compris que c'était moi, il s'est senti super mal. Il m'a fait promettre de ne dire à personne (dans son royaume, bien entendu) qu'un mouflet l'avait invoqué et qu'il était venu comme un gros bêta. En échange, il m'a empêché de souffler ma dernière bougie. Sympa, non, les sphères infernales? »
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MessageSujet: Re: Rendez-Vous   Rendez-Vous Icon_minitimeSam 15 Nov - 13:10

Une fois que le vieux Kentril avait commencé à monologuer pour les seules oreilles un peu pointues de la demie elfe, il n’y avait plus rien à faire, et ne restait plus qu’à l’écouter. Cette voix rocailleuse pouvait devenir berçante une fois qu’on le voulait un peu, qu’on se l’imaginait aussi, peut-être, mais il y avait des moments ou l’inconscient prenait le dessus. L’oreille était plus ou moins distraite, parfois attentive, parfois peu. Cependant, c’était une des premières fois ou le sorcier s’adressait à elle sans accents moqueurs, ou pointes désagréables. C’était rare, et Wanda comptait en profiter pour l’écouter calmement, et pour ne pas louper l’occasion. Cet homme aurait presque put paraître sympathique. Bien sur, son ego était toujours aussi surdimensionné, mais les choses ne changeaient pas du jour au lendemain, et la dragonnière commençait même à s’y habituer. A ce défaut là, de moins. Le bercement du cheval, aussi inconfortable soit-il… Réussissait à tenir Wanda éveillée malgré la fatigue qui la submergeait, et la faiblesse qui l’habitait. Elle ne s’était pas encore vraiment remise de son sortilège manqué. Quand ils s’arrêtèrent dans le village, un petit bled pommé au milieu de la campagne, où des paysans rustres et illettrés vivaient en toute ignorance de tout ce qui se tramait en hauteur. Un peu comme tout ceux qu’on pouvait trouver dans le pays. Les paysages changeaient et évoluaient, mais les hommes, eux, quand ils ne bougeaient pas, régressaient. Un jour, il suffirait d’une occasion, une situation particulière, une bonne opportunité, une personne talentueuse pour tous les inciter à la révolte, en bon mouton, ils suivraient la voix mielleuse, promesse d’une vie meilleure, croyant à ces mensonges jusqu’au bout, au bout de leur courte vie. Ce jour là, la Griffe noire ne sera plus officieuse. Jusqu’à ce moment, il fallait survivre, être sous les ordres de gens insupportables mais aussi bourrés de talents. Et qu’ils ne leur viennent pas au dernier moment l’idée de la laisser tomber, et elle était mal partie pour ce point, vu que Kentril n’attendait que ce moment. Aujourd'hui, il fallait bien que quelqu’un s’occupe de la terre, et les paysans étaient tout indiqués. Ils y tenaient tant, à leurs parcelles chéries ! Leurs maisons, leurs vie, on enlève l’un, ils perdent l’autre. Si vulnérables…
En attendant, l’histoire du magicien était partiellement terminée, et il fallait sortir de ces pensées pour retourner à la réalité pluvieuse. La nuit était rapidement tombée sur la route, et demain, serait un grand jour, tout devait se passer parfaitement bien, et chaque détail devait être prévisible pour s’en tirer comme il faut, avec l’argent de l’empire plein les poches, bien sur.

"C’est une histoire intéressante, est-ce ici qu’ont commencés à apparaître tes problèmes de santé ? Puisque tu abordes le sujet, comment tu as débuté à frayer avec ta magie ? Si j’ai bien compris, elle consiste à utiliser le sang de vivants ? Quel est le sacrifice le plus important que tu aies fait ?
Je propose d’aller trouver notre escorte personnelle demain, après une bonne nuit de repos. Il faudra s’arranger pour que je t’attache réellement, pour que ce soit crédible, mais que tu aies aussi un moyen de te libérer si il y a un problème. De toute façon dans ce cas, je ne pourrais pas vraiment t’aider tout de suite, si je ne veux pas perdre ma position dans le château.
Comme j’ai vu que tu savais te charger avec brio des relations humaines, peux-tu aussi t’arranger pour dénicher une chambre, sans sacrifier personne ?"


Wanda ne pensait pas vraiment que son interlocuteur répondrait tout de suite à sa demande de savoir. Il était trop méfiant, trop suspicieux, craignant qu’une personne prenne sa place. Un paranoïaque en puissance qui avait sans doute des raisons de l’être, mais qu’il aurait été de toute façon. Enfin, mais pourquoi avait-il accepté de venir ? Ce n’était que maintenant que la question se posait. Le plan était quand même un peu bancal, et puis se rendre à l’empire n’était sans doute pas le meilleur moyen de le rouler dans la farine. Un jour, en plein cours psychologique avec Galby, le dictateur de l’empire lui avait murmuré à l’oreille : Sois proche de tes amis petite Wanda, mais encore plus de tes ennemis. A ce moment là, la demie elfe avait été sure qu’il avait découvert sa traîtrise un jour qu’elle avait abaissé le mur de son esprit, et certaine d’être torturée et tuée, son corps laissé au premier venu derrière le local à ordure. Mais il ne s’était rien passé. Peut être qu’il la soupçonnait juste, même si c’était évident qu’il n‘était pas assez intelligent pour deviner l’ampleur de la trahison, peut être aussi qu’il avait besoin de cette dragonnière. Les jours suivants allaient ou non le dire. Zahariel, son dragon, était prêt à toutes les éventualités. Des deux, c’était celui qui avait le plus de chances de s’en sortir, sauf contre un face à face avec l’animal de compagnie de Galbatorix, le dragon black au nom imprononçable.

Ils finirent par aller se reposer, des chambres s’étaient étonnamment vidées depuis leur entrée dans l’établissement de l’immonde gargouillis. Le lit de Wanda paraissait propre, sans l’être cependant. Une légère odeur de moisi imprégnait la pièce, et le bois était vermoulu. L’intérieur de l’auberge ressemblait à son extérieur, aux gérants, à la nourriture proposée… Repensant à ce qui s’était passé pendant la journée, aux discutions empoisonnées ou pas qu’elle avait eue avec Kentril, Wanda mit du temps à s’endormir. Le vent et la pluie qui les avaient suivis pendant la chevauchée faisaient taper le volet de la fenêtre : il n’était pas bien installé, et même fermé, restait à moitié ouvert. Mais le sommeil arriva tout de même, apportant avec lui un rêve des plus étranges. Des corps entrelacés, des caresses insupportablement agréables, des sourires dissimulés, de longs cheveux blancs…
Le lendemain était un grand événement, et Wanda ne se réveilla pas plus fatiguée que la veille. Elle s’habilla en vitesse, armes et magies prêts à servir pour une journée particulière qui devait devenir triomphante. Comme il fallait que leur arrivée en jette un maximum, un ou deux sors consacrés aux vêtements ne furent pas de trop. Cuir et acier brillant, cheveux et corps lavés de toute boue, Wanda avait nettement plus de prestance. Elancée et pourtant imposante, l’aubergiste n’allait pas reconnaître la voyageuse crasseux qui s’était imposée avec son compagnon la veille. D’ailleurs, il allait lui falloir bien du courage et de contrôle de lui-même lorsqu’il verra l’armée arriver et pas n’importe laquelle, l’armée personnelle de Galbatorix. La demie elfe contacta Zahariel, lui conseillant de se tenir paré à contacter la garde impériale.

Dans la salle à manger, quand Wanda s’y rendit, quelques paysans déjeunaient encore. Ces derniers la regardèrent comme s’ils n’en croyaient pas leurs yeux, oscillant entre deux choix : Ils se demandaient s’il ne devaient pas tenter leur chance, ou s’ils ne feraient pas mieux de ne rien faire, se contenter de la regarder par peur que ce soit la dernière fois. Assise devant une soupe chaude, la jeune femme jugea que Kentril devait bientôt être prêt, et demanda à Zahariel d’agir. Le temps que tous les soldats spéciaux se bougent et arrivent, toutes les cartes seraient parfaitement jouées.
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MessageSujet: Re: Rendez-Vous   Rendez-Vous Icon_minitimeJeu 20 Nov - 21:56

Le sorcier écouta distraitement les questions de sa compagne et remuant son étrange breuvage doré. Il pensait au jour où une petite sotte avait eu le mauvais goût d’ajouter du miel à son eau chaude. C’était dans une auberge, à Teirm, alors que le Comte recherchait un tueur pour se débarrasser de la princesse Erythrine. La jeune femme pensait ainsi adoucir la gorge irritée du magicien, mais le miel n’avait fait que neutraliser les effets de sa potion. Pleine de bonnes intentions… Elle aurait été une tueuse parfaite. Jamais la petite garce de l’Empereur n’aurait osé soupçonner une telle personne de vouloir l’étouffer avec un oreiller. Il faut dire que l’humaine n’aurait jamais accepté d’accomplir un tel travail sans la menace appropriée, et le Comte, malgré ses pouvoirs maléfiques, ne se sentait pas capable de tenir en laisse une femme de son acabit. Kentril a toujours aimé le mot acabit… Il commence comme acajou, son bois préféré, et se termine par…

« Huh? Mille excuses, j’étais ailleurs. Alors comme ça on veut en savoir plus? Tu penses mériter ces connaissances, Wanda? Je ne crois pas qu’elles te soient utiles pour ta mission. Si je suis surprenant, c’est parce que je garde jalousement mes secrets. Lorsque ce sera nécessaire, je t’en parlerai. Pour l’instant, tu vas dormir, et moi je vais dignement célébrer ma dernière nuit d’homme libre. Une véritable nuit en enfer. »

Sous les yeux inquiets de la demie-elfe, Kentril se leva et d’un bruyant éclaircissement de gorge, tenta d’obtenir le silence. En vain. Il essaya de nouveau en frappa comme un sourd sur la table.

« Fermez-la, bon sang! »

Le silence ne vint jamais, mais les bavards se firent plus discrets.

« Bon, très bien. Je suis quelqu’un de formidable. En plus d’être immensément riche, je suis abominablement généreux. Pour tous ceux qui veulent gagner une fortune, rejoignez-moi dehors, et je vous expliquerai la suite. »

Sans attendre la réaction des poivrots du coin, le magicien sortit. Quelques uns hésitèrent lourdement avant de se lancer à sa poursuite, d’autres interrogèrent leurs amis du regard, et les derniers ignorèrent le piège du Comte. Une fois son troupeau au complet, soit au total une dizaine de personnes. Pour ce qu’il comptait entreprendre, c’était suffisant.

« Ecoutez-moi bien, mes amis. J’ai récemment découvert l’emplacement d’un fabuleux trésor, qui dépasse tout ce que vos sales caboches de paysans peuvent bien imaginer. Le seul problème, c’est qu’il me faut de l’aide pour le déterrer, alors plutôt que de me fatiguer, je vais vous demander de le faire, et chacun repartira avec un gros sac d’or. Tout le monde a bien compris? Oui monsieur, une question? »

« Oui, bonsoir, je me prénomme Charles, et je voudrais vous poser une question. Est-ce que quand vous dites sales caboches, ça a un rapport avec notre coupe de cheveux? »

« Eh bien… Oui, en partie. C’est une bonne question, Charles. D’autres questions? Oui? »

« Bonsoir, je m’appelle Julot et je voudrais savoir à combien vous estimez la somme gagnée par chacun de nous. »

« Vous savez compter? »

« Non. Quel rapport? »

« Vous avez raison, aucun rapport. Selon mes sources, il devrait y avoir… voyons… Beaucoup plus que tous vos doigts réunis. »

Enthousiasmés par cette promesse alléchante, les villageois suivirent bêtement le sorcier jusqu’à une plaine assez vaste et éloignée de la ville. Pas à pas, le Comte s’éloigna, sans même faire semblant de savoir où il allait. Pendant ce temps, les discussions allèrent de bon train.

« Tu crois que c’est vrai? »

« Bah, on peut pas vraiment savoir si on n’y va pas! »

Au bout d’un moment, le magicien s’arrêta.

« Parfait, nous y sommes. »

« Pourquoi donc qu’on a pas de pelle ou de pioche? »

« Vous n’en aurez pas besoin, ce n’est pas très profond. Et puis songez à tout cet or, il faut bien le mériter. »

Et sans s’interroger, les villageois creusèrent le sol à mains nues, salissant leurs doigts et brisant leurs ongles. Le poisson était ferré. Beaucoup plus tard, lorsque le fossé fut suffisamment profond, Kentril, resté en dehors, sortit furtivement sa dague de sa manche, et traça une croix dans la paume de sa main. L’un des paysans poussa un cri.

« Ça y est, je sens quelque chose! »

« Bien. La première étape est achevée. Maintenant, que diriez-vous de gagner encore plus d’or? C’est assez simple. Vous allez vous battre, et le dernier survivant remportera l’intégralité du trésor. »

Les ouvriers d’un soir se regardèrent tous les uns après les autres.

« Ce n’est pas une blague, allez! » cria le Comte en jetant sa dague dans la fosse.

« Qu’est-ce que c’est encore que cette histoire? Personne du village n’osera en tuer un autre, ça je vous le garantis! » vociféra un vieillard avant de verser le premier sang.

Il tomba à genoux en regardant vers le ciel, alors que son assassin se tenait derrière lui, lame à la main. Kentril sourit lorsqu’un nouveau cri se fit entendre…

Environ une heure plus tard, le magicien était assis en tailleur au milieu des corps. Il était entièrement nu et recouvert du sang de ses victimes. Il avait gravé sur sa poitrine, à l’aide de sa précieuse dague, de sombres incantations dans des alphabets interdits aux formes barbares. Nul doute que ce petit tour ne plairait pas à Galbatorix, et cette idée plut beaucoup au Comte.

Le lendemain matin, c’est en souriant que Kentril rejoignit Wanda dans la salle principale de l’auberge.

« Une grande journée nous attend, pas vrai, petite opportuniste? Hier soir j’ai un peu fait la fête avec des amis du coin, mais je tiens le coup. Allez, mets-moi hors d’état de nuire avant que tes copains n’arrivent, il faudrait pas qu’ils se fassent des idées sur nous deux. Si tu peux glisser une suggestion à l’oreille des personnes qui vont me… prendre en charge, n’hésite pas à leur dire combien mon corps aime les caresses du fouet. »
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MessageSujet: Re: Rendez-Vous   Rendez-Vous Icon_minitimeMer 17 Déc - 22:06

Alors que Wanda, demie elfe et dragonnière de son état mangeait un bout de pain avec de la confiture locale, les conversations allaient de bon train. Des femmes chuchotaient, des trémolos dans la voix à propos de la masse de paysan qui avait disparue dans la nuit, des hommes s’indignaient, allant jusqu’à regretter de ne pas avoir été là, ou qu’on ne soit pas allé les chercher avant la chasse au trésor et encore d’autres qui, un air dédaigneux sur leur visage, ne voulaient même pas en parler. Le goût peu engageant de la marmelade dans la bouche, la jeune femme ne pouvait que se demander ce qu’il était advenu de ces hommes, voir même ce qu’il restait d’eux, pourquoi pas. Il ne devait pas subsister énormément, puisque personne du village n’avait encore donné l’alerte d’un massacre.
Si on lisait entre les lignes des dernières paroles de Kentril, le jour ou il penserait à partager son savoir magique, il ne pleuvrait pas que de la pluie… Et même sans aucune précision, ce jour là n’était pas prêt d’arriver. Si elle pensait mériter ces connaissances ? Peut être, peut être pas, de toute façon, cela ne l’intéressait pas, il était déjà parti sans attendre de réponse. Mais quand on était si peu contre tant, n’était-ce pas mieux d’être le plus fort possible ? Le magicien avait une personnalité des plus étranges. Un instant, il était désagréable au possible, l’autre, il pouvait essayer d’être amusant (ou même l’être vraiment, là, les points de vue divergent), il pouvait être soufrant, puis repartir plein d’énergie. De ce qu’elle en avait vu, Wanda retenait qu’il ne tenait pas en place, il ne faisait que remuer, à droite, à gauche, toujours occupé, toujours en action !
La pluie avait cessée et séchée et au petit matin, l’herbe était fraîche, au même titre que l’air ambiant, et la traîtresse de l’empire s’employa à effrayer l’aubergiste, passe temps comme un autre après une nuit passée sur un lit effroyable.

-« Je veux deux chevaux, les meilleurs possibles. Grands, bien faits, et rapides, vous avez ce genre de chose ou est-ce trop vous demander? Si vous ne trouvez pas, ne vous en faites pas, la garde personnelle de Galbatorix viendra me chercher. »

Le retour du Kentril. Il n’avait pas l’air très fatigué malgré ses paroles, il avait même l’air un peu revigoré. Etaient-ils vraiment prêts à se jeter dans la gueule de la louve ? Tout dépendait de la taille de cette embrasure !

« J’espère que tu en as profité cette nuit, ça ne sera pas aussi joyeux là ou nous allons, ce n’est même pas sur d’avoir du fouet ! Tu n’auras qu’à dire que tu n’aimes pas ça, si Galby est trop énervé, tu lui serviras peut être de défouloir, surtout que tu t’y connais pour asticoter les autres, non ? »

Dans un but avoué de donner une apparence inoffensive à Kentril, Wanda lui ligota mains et pieds, puis, dague à la main, déchira à certains endroits non stratégiques la tunique dans le but de donner une impression d’ensemble assez misérable, et un air globalement inoffensif. Ce même personnage, une fois jeté en travers d’un cheval et aidé par un sens de la comédie sans doute inné, ressemblait à un vrai vaincu. Wanda ne doutait plus que le sire Galbatorix n’allait pas y voir la moindre fumée.

Les soldats royaux ne tardèrent pas à arriver sur leurs grands chevaux, et c’est ainsi escortés, que les deux survivants de la griffe noire firent une glorieuse entrée, du moins aux yeux des pigeons qui regardaient, car la cour de Galbatorix n’était pas du genre à se lever tôt. De même, il n’y avait qu’aux yeux des pigeons que Kentril, diminué comme il l’était, pouvait trouver grâce.

Pendant que le magicien était tenu sous bonne garde, Wanda attendit patiemment le réveil et la venue du grand manitou de la force empirienne. C’est dans la salle du trône, bien sur, qu’il la recevit.

« Monseigneur, J’ai capturé après un combat acharné le chef de l’organisation appelée la Griffe noire il y a maintenant un jour et demie. Je vous l’ai ramené comme il était convenu. »

Une heure et demie plus tard, Wanda sortit légèrement épuisée de son entretient privé avec l’empereur. Elle lui avait tout raconté, toute sa version erronée, et il avait tout avalé. L’effort en soutenu exercé pour contenir une partie de sa mémoire à l’écart avait commencé lentement à l’anéantir ; et la jeune demie elfe était pressé de retrouver Zahariel. Retrouver de la chaleur, de la force, de l’affection, à peu près tout ce qui lui avait manqué le plus pendant son voyage. L’impression d’exister aux yeux de quelqu’un pouvait effacer bien des problèmes.

Le plus dur n’était pas encore fait. Kentril était enfermé dans les cachots du palais, et la dragonnière ne savait pas quand Galbatorix comptait l’interroger, ou le faire torturer. Il fallait qu’il réussisse à sortir le plus rapidement possible, c’était leur chance de survie. Wanda se mit à courir dans les couloirs sombres et glacés, où l'oppressement subi dépassait les limites du supportable.
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MessageSujet: Re: Rendez-Vous   Rendez-Vous Icon_minitimeJeu 18 Déc - 21:32

J’avais dormi quelque part, une nuit où tu n’étais pas là
J’avais bien bu je crois, et j’avais le ciel en moi…
Et le vent sur le chemin, et le vent sur le chemin
Ne me dit rien… ne me dit rien.


Le bourreau, le front couvert de sueur, les yeux rouges et la respiration difficile, continuait à appliquer le fer rouge sur le dos de Kentril en essayant d’ignorer ses provocations. Il avait pour mission de faire craquer sa victime avant l’arrivée de l’Empereur, mais voilà déjà une demie-heure que le vieillard chantait avec un sourire vicieux. Son dos portait les marques des coups que le bourreau lui avait portés, mais il ne semblait pas s’en inquiéter outre mesure.

Et comme je pense encore à toi, et pas d’espoir de vent meilleur
Pourquoi m’as-tu laissé partir, pourquoi m’as-tu laissé là?
Et le vent sur le chemin, et le vent sur le chemin
Ne me dit rien… ne me dit rien.


Il aurait voulu le tuer. Ça, au moins, ça l’aurait arrêté de chanter, mais les ordres étaient clairs. Cet homme était le chef d’une dangereuse organisation opposée à l’Empire, et il possédait des informations capitales. Il fallait le faire chanter, lui avait-on dit. Quelle réussite! Le bourreau était désespéré. S’il échouait, ce serait à son tour de pousser la chansonnette, et cette idée ne lui plaisait pas du tout. Il saisit une tenaille et commença à arracher un à un les ongles du magicien.

Est-ce que je t’ai sauvé? Est-ce que je t’ai pardonné?
Je t’ai aimé, je t’ai aimé, bien plus qu’un seul homme
Et le vent sur le chemin, et le vent sur le chemin
Ne me dit rien… ne me dit rien.


Le prisonnier se permit même de lui faire un clin d’œil. C’en était assez! Aucun homme ne pouvait endurer de telles souffrances sans montrer de signe de faiblesse. Certains pouvaient garder leurs secrets jusque dans la tombe, mais aucun n’était d’aussi bonne humeur. Exaspéré, le bourreau força le sorcier à ouvrir la bouche, et entreprit de lui arracher les dents avec violence, mais la langue continuait de remuer et chatouillait la main du tortionnaire.

Ch’est la ‘ête ‘ationale, ‘entend ’attre ‘on cœur
Et tous ’es dingues qui ‘irent en ’air, ‘epuis ’outes ’es heures


Le bourreau jura et donna un vilain coup de tenaille dans la tête du prisonnier, oubliant toute précaution concernant sa survie. Après tout, il n’avait pas l’air d’aller si mal que ça. Kentril cracha quelques dents dans sa direction, et avec un beau sourire édenté, poursuivit sa chanson en s’étouffant dans son propre sang.

Est-ce que tu te souviens, est-ce que tu te souviens
De notre rendez-vous? De notre rendez-vous?


Des pas se firent entendre dans le couloir. Jurant et pleurant, le bourreau alla à leur rencontre pendant que le Comte éclatait de rire. Il pouvait lire dans les pensées du pauvre homme rien qu’en regardant son visage. Un personnage pathétique. Il infligeait la souffrance aux autres pour qu’elle lui soit épargnée, mais cette fois-ci, un coup de pouce du destin allait lui rendre la monnaie de sa pièce. L’Empereur entra dans la salle de torture.

« Eh bien, M. Kentril, vous êtes un prisonnier bien sévère avec son geôlier. On vous entend depuis la salle du trône, à croire que vous ne désiriez qu’obtenir mon attention. Je constate que Leslie a échoué dans la tâche que… »

« Leslie? Le bourreau de l’Empire se nomme Leslie? Quelle blague, c’est encore plus drôle que… C’est comment, votre nom, déjà, Panoramix? Mais cessez donc ces préliminaires, vieil imbécile orgueilleux, et montrez un peu ce que vous avez dans le pantalon, que je puisse raconter quelque chose à mes enfants lorsque je me serai échappé de votre foire. »

Galbatorix parut décontenancé par les paroles abjectes du chef de la Griffe Noire. On l’avait sûrement habitué aux jeunes dragonniers blonds qui tombent à genoux devant lui pour lécher la crasse impériale logée entre ses puissants orteils.

« Je suis déçu, M. Kentril, je vous pensais mieux informé. N’avez-vous donc pas lu les livres? »

Le Comte se demanda d’abord de quels livres parlait l’Empereur, avant de se souvenir de l’infâme biographie de Galbatorix rédigée par le scribe illettré Pao Lini. Dans ces livres, il était en effet question des pouvoirs mentaux de l’Empereur, conférés, selon certaines sources, par un objet magique qu’il dissimulerait sur sa personne, comme une chaussette enchantée.

« Malheureusement pour moi, j’en ai lu le premier volume, vieux cornichon, et je l’ai trouvé vraiment très mauvais. En réalité je pense qu’il s’agit d’une resucée de l’œuvre du poète G. Lucas, qui lui aussi aime gagner beaucoup d’argent avec des produits dérivés, mais je m’égare… »

« En effet, vous vous égarez, pauvre ignorant. Je veux vous parler de mon talent pour lire dans l’esprit des hommes! Craignez mon pouvoir, magicien de pacotille! »

S’approchant avec une vitesse incroyable, Galbatorix plongea ses deux pouces dans les oreilles du Comte, qui poussa un cri d’effroi. L’Empereur avait brisé sa barrière mentale et percé ses tympans.
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