Prisonniers

Suite du Rp En route pour le désert/Sur les routes/Alagaësia
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Ce fut la douleur qui réveilla Sheya la première fois. Un mal de crâne incroyable. Elle avait l'impression que sa tête allait exploser. Elle ouvrit les yeux avec difficulté. Elle voyait flou mais elle parvint tout de même à discerner deux ou trois silhouettes autour d'elle sans pour autant pouvoir dire si elle les connaissait ou non. Exténuée par cet effort, elle laissa ses yeux se refermer tous seuls.

Dieu, ce qu'elle avait mal. Mais elle avait peur aussi. Où était-elle ? Avec qui ? Pourquoi ? Elle ne savait pas. Elle ne pouvait pas réfléchir. Elle ne se rappelait même pas ce qu'elle faisait avant de se retrouver ici ... Morte de fatigue, elle se laissa emporter par un sommeil peuplé d'étranges rêves qu'elle ne parvint pas à comprendre.

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Cette fois-ci, ce fut le froid qui tira Sheya de son sommeil. Elle était trop fatiguée pour ouvrir les yeux, aussi les garda-t-elle fermés, feignant le sommeil. Mais elle pouvait de nouveau penser et réfléchir librement. Le douleur était toujours présente, mais supportable.

La peur l'envahit. Où était-elle ? Avec qui ? Pourquoi ? Que lui avait-on fait ? Qu'allait-on lui faire ? Elle essaya de se calmer. Elle se força à faire le vide dans sa tête jusqu'à ce que son coeur reprenne un rythme normal. Elle ne devait surtout pas paniquer. Prendre les problèmes un après l'autre, c'était la meilleure chose à faire.

Continuant à faire semblant de dormir, elle essaya de se rappeller ce qu'il s'était passé. Elle se retint de sursauter lorsqu'elle se souvint de Zavall. Le traître. Le menteur. Le ... Une série d'insultes très imagées défila dans sa tête. Elle le revit disparaître et apparaître à volonté. Elle revit son épée lui traverser le corps sans lui causer aucun dommage, comme s'il n'était qu'une illusion. Il avait passé un pacte avec le Dieu des Ombres. Il avait vendu son âme au Diable

Mais pourquoi ? Pourquoi avait-il fait semblant d'être son ami ? Pourquoi avait-il fait semblant de vouloir l'aider à libérer son père ? Pourquoi avoir agi ainsi ? Dans quel but ? Qu'est-ce que cela devait-il lui apporter ? Sheya ne comprennait pas.

Elle oublia Zavall et se concentra sur leur attaque. Car ils avaient bien été attaqués. C'était même une attaque très courante dans le désert et Sheya s'en voulut de ne pas s'en être aperçut, de ne pas avoir réagit comme il l'aurait fallu. Mais elle avait été tant désorientée par les exploits surnaturels de Zavall qu'elle n'avait réalisé ce qu'il se passait que lorsqu'il était trop tard.

L'attaque consistait à poster quelques hommes à bonne distance des victimes. Ces derniers utilisainet des éléments naturels pour créer de mini-bombes qui, avec le sable, formaient les traînées de fumée qu'elle avait vu avec Zavall. Une technique simple mais impressionnante lorsqu'on ne la connaît pas.

Pendant ce temps, le restant des attaquants faisaient le tour pour surprendre les victimes par derrière. Celles-ci généralment captivées par les traînées de fumée ne voyaient rien venir et étaient faites prisonnières en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Et Sheya s'était faite avoir comme une idiote.

Restait à savoir qui les avait attaqués. Ce ne pouvait être que des brigands en grand groupe se donnant parfois le nom de "Pirates des Sables" ou des marchands d'esclaves. Aucune de ces deux perspectives n'était très réjouissante. Sheya essaya de rassembler le plus d'informations afin de déterminer qui étaient leurs ravisseurs.

Il faisait froid, et sans doute nuit. Elle était allongée sur quelque chose de dur et d'inconfortable. Ses mains étaient liées dans son dos par une corde. Elle remarqua que, par chance, ses liens n'étaient pas très serrés et qu'elle pourrait sans doute s'en défaire sans trop de difficultés. Son sac n'était plus ses épaules et le fourreau de son épée avait disparu de sa ceinture.

Elle avait toujours ses vêtements et n'avait mal nulle part hormis sa tête. Ce qui voulait dire qu'elle était entre les mains de marchands d'esclaves. Des bandits l'auraient déjà battue à mort et violée depuis longtemps. Et puis les bandits n'utilisaient pas de drogue.

Car elle avait bien été droguée, sans doute après qu'on l'ai assomée. De la Silliane. Une plante du désert dont l'odeur des feuilles suffit à faire perdre la capacité de bouger et de réfléchir. Mais il existait un antidote, la Fleur Rouge du Désert, qui ets aussi une plante délicieuse. Sheya en avait souvent mangé durant son enfance, elle devait donc être un peu moins sensible aux effets de la drogue.

Elle repris l'analyse de son environnement. En écoutant bien, elle remarqua deux ou trois autres respirations, sans doute celels des autres prisonniers. Elle remarqua aussi des bruits de conversation et un crépitement de feu lointains. Sûrement leurs ravisseurs qui mangeaient non loin de là.

Sheya se risqua à ouvrir un oeil. À première vue, il n'y avait pas de garde près d'eux. Elel se redressa et gigota un peu pour trouver une position plus confortable. Elle regarda autour d'elle. La nuit était bien tombée et elle pouvait voir les étoiles. Elle était sur une charette avec trois autres prisonniers : Zavall, une petite fille de 6 ou 7 ans et un jeune homme d'une vingtaine d'années. Zavall et la fillette dormaient encore, ou alors faisait semblant de dormir. L'autre homme, assis en face d'elle, lui adressa un sourire triste.

À côté de leur charette, un second chariot était remplit de bricoles en tout genre. C'est sûrement là que qont mes affaires, songea Sheya. Elle jeta un coup d'oeil derrière son épaule. Une trentaine d'hommes discutaient autour d'un grand feu. Ils étaient entrés dans le désert pendant le sommeil de Sheya.

La jeune fille remua les mains et la corde qui les liait commença à descendre doucement vers ses doigts. Soudain deux hommes se levèrente et s'éloignèrent du feu pour s'approcher du chariot des prisonniers. Sheya s'immobilisa. Le premier homme était chauve tandis que le second avait un anneau d'or à la lèvre inférieure.

- Voilà ce qu'on a trouvé aujourd'hui, Boss, dit l'homme à l'anneau en désigant Sheya et les autres.
- Bien Than, mais c'est pas assez, il faut plus de marchandise, sinon ça ne sert à rien d'aller à la vente d'esclaves. Faudra s'enfoncer un peu plus dans le désert demain.
- Entendu Boss, dit le dénommé Than.

Ce dernier se dirigea vers le second chariot tandis que le chauve observait les prisonniers avec mépris. Lorsqu'il fixa son regard sur Zavall, Sheya continua discrètement de défaire la corde qui liait ses mains. Lorsque Than revint, il portait les affaires de Sheya.

- Ça c'est à la fille, dit-il en montrant Sheya d'un geste du menton.

Le chauve prit son épée et l'observa sous toutes les coutures. "Intéressant ..." murmura-t-il pour lui-même. Sheya réussit enfin à ôter ses liens et d'un coup de pied, elle arracha l'épée des mains du marchands d'esclaves et la rattrapa. Elle sauta hors du chariot, prête à se battre. Elle avait dans l'idée de prendre le chauve en otage ... Mais elle tituba. Les effets de la drogue ne s'étaient pas encore disspés. Elle s'effondra en gémissant.

Dés lors, Than se précipita vers elle pour récupérer l'épée et la tendre à son boss. Puis il lui donna quelques coups de pieds pour la dissuader de recommencer. Sheya grimaça. Than l'attrapa par le bras et la força à se lever, puis il la jetta dans le chariot comme un vulgaire sac.

- Than, refais ses liens et serre-les bien. Vérifie aussi ceux des autres ! ordonna le chauve.

Sheya se sentait nauséeuse. Elle serra les dents lorsque Than refit ses liens en prenant bien soin de la faire souffrir. Dans la position dans laquelle elle était, elle en voyait que le chauve et l'autre homme prisonnier. Elle ignorait si la fillette et Zavall dormaient toujours.

Elle regarda le marchand d'esclaves s'émerveilelr devant son épe d'un oeil hagnard. Il fouilla ensuite dans son sac, regardant à peine les vêtements, puis il tomba sur la fiole de verre que Sheya avait toujours sur elle et qui soignait les blessures. Le marchands d'esclaves la regarda avec intérêt puis la posa à côté de l'épée. Il repris ses fouilles et finit par extriper le pendentif du fouillis de couvertures.

Il poussa un sifflement admiratif et porta la pierre à sa bouche pour ne vérifier la dureté. Du coin de l'oeil, Sheya crut voir l'autre prisonnier sursauter, mais elle n'en était pas sûre. Son attention se reporta sur le chauve.

- Than, prends ça, dit-il en désigant l'épée, la fiole et le pendentif, et met-le dans le coffre. Jette le reste.

L'homme s'exécuta et le chauve disparut du champ de vision de Sheya. C'est alors que l'autre prisonnier se penche vers elle et dit dans un murmure :

- Sheya, je m'appelle Kohza, je suis ton frère !
- La ferme ! s'exclama Than qui était revenu, et, d'un seul geste, il assoma les deux prisonniers.

La vision de Sheya se troubla, puis elle replongea dans les ténébres.

Des bandits, attaqués par des stupides voleurs. Quelle décadence pour le maître de l'ombre. Il était sur le point de faire prisonnière Sheya, la fille possédant le pendentif que lui et son peuple recherchaient tant depuis des années et ils sont arrivés. Leur technique d'approche n'était vraiment pas mal pour des simples mortels, il faudrait qu'il la garde en mémoire pour une future attaque. Pendant qu'ils avaient gardé leur attention sur la fumée qui s'avançaient vers eux, ils en avaient oublié de couvrir leur arrière. Il entendit un bruit à peine perceptible derrière lui, et avant même qu'il ait pu se retourner, il entendit un bruit comme si on tapait sur quelque chose puis un effondrement dans le sable.

Zavall regarda en face de lui, il eut du mal à distinguer la masse inerte de la fille dans la fumée crées par les bombes dans le sable. Quelques secondes après, celle-ci s’était dissipée, il pouvait admirer maintenant le corps de Sheya étendue par terre. Pendant ce temps là, les bandits venaient un par un pour tenter de donner un coup à Zavall, jusqu’à ce qu’ils se rendent compte eux aussi que la fille était à terre. A ce moment là, Zavall se retourna pour fixer ses adversaires, ou plutôt Azathoth prit le contrôle du corps du trappeur.

Azathoth - Mais qu'est ce que vous faites là? J'étais sur le point de la capturer et de l'amener au chef. Je n'avais nullement besoin de vous.

??? - Le chef en avait marre d'attendre, vous êtes trop lent Azathoth, il commence à se demander si vous libérez était une bonne chose. Cela fait des années qu'il attend et le faire languir plus serait risqué.

Azathoth - Justement là je la tenais.

???- C'est ce que vous croyez, son médaillon allait détruire votre bulle, n'oubliez pas qui l'a crée. Et pensez toujours d'où vient la fille. De plus votre pouvoir de maître des ombres allait peut-être la fragiliser ou la blesser et nous ne pouvions nous permettre cela. Alors il a décidé de reprendre le contrôle des opérations.

Zavall entendait tout mais ne comprenait rien du tout. Il pensait que suivant ce qu'il avait écouté, le maître de cette vaste opération de pouvoir et de contrôle n'était qu'un humain et un bandit quel honte, comment le maître de l'ombre avait-il pu tomber aussi bas. Soudain un hurlement jaillit dans son crâne, ce n'était pas la voix de Azathoth, non celle-là, il ne l'avait jamais entendu.

*Comment ça un simple humain, tu ignores qui je suis mortel pathétique. J'ai demandé que mes hommes prennent l'apparence des bandits du désert afin de passer inaperçu aux yeux de Sheya. Elle n'a plus confiance en toi et nous ne pouvons nous permettre de la blesser après tant d'années de recherches. Alors ne m'insulte pas avec ta stupéfaction, tu ignores ce qui t'entoure. Je te parle du royaume des cieux, je te parle de ma cage où les miens m'ont enfermé car j'allais trop loin. C'est moi l’elfe le plus puissant de ce monde, alors ne me provoque pas sinon tu risque de le regretter. Tu n'es qu'un pion à mes yeux encore plus insignifiant que Sheya, car toi tu ne m'apportes rien. Quoique si je te l'accorde, sans toi Azathoth ne pourrais se manifester. Hélas les élites de mon espèce ne peuvent faire de même. D'où la création d'une humaine au pouvoir immense grâce au pendentif.*

Zavall n'en revenait pas. Cette fille, une descendante d’une grande lignée d’être puissant. Alors, elle était comme lui. Pourquoi se faire donc la guerre, il suffisait tout simplement de la faire basculer dans son camp. Mais Azathoth vint expliquer le problème de la situation.

* La création de notre maître lui a échappé. Lorsque les siens ont découvert ce qu'il faisait, ils ont choisi de l'emprisonner dans une dimension parallèle et d'emmener la fille dans le désert du Hadarac pour être tuée par le peuple du désert. Et heureusement pour le maître, elle n'est pas morte. Mais la créature de terreur qu'il voulait s'est transformée en une sorte d'ange. Notre mission était de la ramener vers la prison du créateur au cœur du désert du Hadarac et lui faire utiliser son pouvoir et le pendentif de gré ou de force. Nous ne pouvons pas la tuer car en elle coule un rang de puissant et sans elle le maître ne se libérera pas.*

La situation était en effet bien complexe, et ayant un peu vécu avec Sheya, Zavall savait très bien qu'elle refuserait d'aider les forces du mal malgré que l'on tue autour d'elle plein de personnes. Soudain, il eut l'idée, la vraie, la bonne. Il fallait qu'elle apprenne d'où elle venait, qu'on lui explique ses origines. Ainsi, elle se sentirait troublée, perdue dans un monde qui lui aurait menti. Et égarée dans un monde de mensonge, de doute elle deviendrait violent et haïrait tout le monde. Et nous viendront alors lui proposer d'annihiler cette planète.

Vu qu'elle n'a plus confiance en moi, je ferais semblant de redevenir faible, d'avoir perdu mes pouvoirs. Et, maintenant il nous faudrait quelqu'un qui puisse lui expliquer d'où elle vient. Le grand maître répondit à la requête de Zavall, en faisant apparaitre un autre protagoniste. Pour la première fois, Azathoth félicita l'esprit machiavélique de Zavall et dit qu'il était fier d'être dans son corps.
*J'ai l'homme qu'il te faut*

Zavall prit un air narquois en voyant l'être qui venait d'apparaitre. Il lui ressemblait en tout point et lui aussi possédait un pendentif. Le tout maintenant était de créer la situation adéquate. Les faux bandits allaient continuer de jouer le même rôle et devenir marchands d'esclaves, de cette façon, ils auraient une bonne excuse pour s'enfoncer dans le désert, à la rencontre du peuple du désert et voir si Sheya sera prête à utiliser ses pouvoirs et tuer son père adoptif.

Zavall apprit que le meneur du groupe était un certain Xor, un chauve à l'allure atypique. Il portait une tenue qui lui donnait un air de clochard. Et à côté, il y avait son homme de main, Than. Lui portait un anneau en or sur la lèvre inférieur et Zavall se demandait comme cet être pouvait marcher vu le nombre impressionnant d'armes qu'il portait.

Ensuite, ils firent le trajet jusqu'à la base des bandits dont ils avaient prit l'apparence. Xor installa Sheya dans une petite prison et lui fit boire un liquide qui allait la rendre amorphe, dans une grande torpeur. C'était plus prudent, on ne savait pas encore de quoi elle était capable. Et il fallait encore installer tous les protagonistes et le décor pour que l'illusion soit parfaite aux yeux de Sheya. Pendant ce temps là, Zavall pouvait expliquer son plan. Le tout était qu'il se fasse discret pendant que son ... frère lui parlerait de ses origines.

La nuit était tombée, Zavall était installé sur une charrette avec les autres prisonniers, il faisait semblant d'être amorphe, il put voir ainsi, la superbe rébellion de Sheya, il n'en attendait d'ailleurs pas moins d'elle. Il entendit avec plaisir que Xor proposait de s'enfoncer dans le désert. Et le moment où il exulta de bonheur fut quand le frère de Sheya, Kohza entama la discussion avec elle. Les dés étaient lancés. Than avait frappé à nouveau Sheya et l'avait replongé dans le coma. Demain, il allait commencer leur route, et comme prévu selon Zavall, le frère et la sœur allaient s'échapper, afin que Kohza lui parle plus facilement de ses origines et de ceux de sa sœur. Mais, ils seraient constamment suivit par Zavall, et pendant ce temps les faux bandits au service de l'elfe allaient préparer le terrain.

La première chose qui surprit Sheya lorsqu'elle reprit conscience fut qu'elle pouvait penser et réfléchir librement, et que sa migraine avait disparu. Les effets de la drogue s'étaient dissipés et le plus étonnant était qu'on ne l'avait pas droguée une fois de plus. Ce n'étaient pas très malins de la part des marchands d'esclaves, surtout après sa tentative de fuite de tout à l'heure. Mais ce n'était pas elle qui allait s'en plaindre !

Elle gigota un peu puis grimaça. Elle avait mal partout d'être restée aussi longtemps dans une mauvaise position. Mais ses poignets étaient les plus douloureux. Les cordes qui les liaient étaient plus que serrées. Sheya sentait un liquide poisseux sur ses mains. Enfoiré de Than ! Il avait serré ses liens jusqu'au sang !

Sheya ouvrit les yeux avec difficulté. Ses cheveux noirs lui recouvraient les yeux et le visage, mais elle put tout de même deviner que c'était le matin. Le soleil venait de se lever, réchauffant peu à peu le désert après une nuit bien froide et agitée. La jeune femme se tortilla en ménageant ses douleurs articulaires et ses crampes jusqu'à se mettre sur le dos. Elle souffla sur ses cheveux pour dégager son visage.

Il lui fallut encore plusieurs minutes pour parvenir à s'asseoir et à regarder autour d'elle. Les chariots s'étaient remis en route, vers l'intérieur du désert d'après ce qu'avait dit le chauve. Les trois autres prisonniers étaient toujours inconscients, y compris l'autre homme. Comment avait-il dit qu'il s'appelait déjà ? Ah oui, Kohza. Son frère.

À la lumière du jour, elle pouvait mieux l'observer. Contrairement à elle, il était très grand, il devait bien faire une tête ou deux de plus qu'elle. Il avait une musculature fine, à l'apparence chétive, mais qui cachait une certaine force, Sheya en savait quelque chose, elle état comme ça elle aussi. Ils avaient les mêmes cheveux noirs mais ceux de Kohza étaient coupés très courts. La jeune femme supposa qu'il avait les même yeux verts qu'elle. Ils se ressemblaient beaucoup.

Un cri fit sursauter Sheya et aussitôt le chariot s'immobilisa dans un brusque à-coup. Kohza revint à lui mais la jeune fille ne lui accorda pas un regard. Toute son attention était centrée sur un groupe d'une dizaine hommes qui semblaient défier le chauve et Than sous le regard incertain des autres membres de la troupe.

- Retournez à vos postes immédiatement !! s'exclama le chauve, une lueur malsaine au fond des yeux.
- Non ! On en a marre de toi Xor !
- Ouais, tu nous fait bosser comme des dingues pour que dalle !
- On serait mieux traités et mieux payés avec un autre !
- Vous êtes vraiment sûr de cela ?! rugit le chauve, apparemment nommé Xor.

*Voilà qui ressemble beaucoup à une mutinerie* songea Sheya *Je vais peut-être commencer à avoir un peu de chance*

- Psst ! Sheya !

La jeune femme se retourna, Kohza était penché vers elle. Il avait bien les yeux verts, d'un vert profond, comme les siens. Mais elle eut l'étrange sentiment que quelque chose clochait.

- C'est le moment de mettre les voiles !

Sheya ne s'aperçut que maintenant que Kohza s'était libéré de ses liens par un quelconque miracle. Dans ses souvenirs, Xor avait ordonné à Than de vérifier les liens de tous les prisonniers et elle se demandait comment il avait bien put se détacher. Mais elle n'eut pas le temps de s'attarder sur la question. Kohza lui fit signe de se retourner et se débattit quelques temps avec ses liens avant d'arriver à la libérer. La jeune femme observa ses poignets en grimaçant. Il faudrait qu'elle soigne ses plaies rapidement, dans le désert, il suffit de quelques heures pour qu'une blessure s'infecte avec gravité.

Mais pour l'instant, la seule chose à laquelle elle pensait, c'était sa liberté. Elle sauta hors du chariot et eut l'agréable surprise de voir que cette fois-ci, elle tenait bel et bien sur ses jambes. Kohza avait déjà récupéré leurs affaires sur l'autre chariots : l'épée, la fiole et le pendentif de la jeune femme, plus une rapière qui appartenait sans doute à Kohza. Son frère. Sheya avait du mal à utiliser cette expression, elle sonnait fausse dans son esprit.

Un cri la sortit de ses réflexions. Les marchands d'esclaves venaient de s'apercevoir de leur tentative de fuite. Oubliant leurs différents, les bandits se ruèrent comme un seul homme vers Sheya et Kohza. Ce dernier lui agrippa la main et l'entraîna sur la gauche. Mais elle retira sa main.

- La gamine ! On ne peut pas la laisser là-bas ! s'écria-t-elle en se dirigeant vers la fillette blonde qui avait été faite prisonnière elle aussi. Kohza la retint.
- On a pas le temps, si on y retourne on va y rester !! C'est notre seule chance !

La jeune femme hésita un instant puis se résigna à courir à la suite de Kohza. Mentalement, elle se promit de revenir la libérer plus tard. Son comportement la surprit, ce n'était pas son genre de se soucier des autres. Elle avait déjà une belle dose de problèmes, pourtant elle s'obstinait à s'en créer de nouveaux. Il lui arrivait souvent d'être stupide. Un peu trop souvent même.

Elle avait perdue tous ses repères. Elle ne savait pas où elle était, ni dans quelle direction elle allait. Il lui faudrait attendre la nuit et la venue des étoiles pour pouvoir repérer la sortie du désert. Mais pour l'instant, elle ne pouvait que fuir à la suite de Kohza sans se retourner.

Ils courraient depuis des heures lorsqu'ils s'arrêtèrent enfin, exténués. Ils avaient enfin réussit à semer les marchands d'esclaves. Sheya trouvait étrange qu'ils aient put s'en sortir alors que leurs poursuivants avaient l'avantage des chevaux. Mais elle était trop fatiguée et perdue pour y réfléchir. Lorsqu'ils trouvèrent enfin un rocher pour leur faire un peu d'ombre, elle se laissa tomber dans le sable brûlant et s'endormit aussitôt.

La première chose que ressentit Sheya à son réveil fut la douleur lancinante de ses poignets. Elle ouvrit les yeux et fut momentanément aveuglée par la lumière éclatante du soleil. Lorsque ses yeux s'habituèrent à la luminosité environnante, elle put voir que ses poignets étaient vraiment dans un sale état. Elle regarda autour d'elle. Kohza avait disparut. Où pouvait-il bien être allé ?

La jeune femme se redressa, prit un pan de sa cape, le déchira et s'en servit pour bander étroitement ses poignets ensanglantés. Elle espérait ne pas avoir attrapé d'infections. Cela lui prit plusieurs minutes. Puis elle lâcha un soupir et réfléchit à tout ce qu'il venait de se passer. Tant d'évènements se bousculaient en si peu de temps. Elle se sentait perdue dans un monde qu'elle ne connaissait pas, dans un jeu dont elle ignorait les règles.

Sheya commençait à se dire qu'elle avait faim lorsque Kohza réapparut au détour du rocher sous lequel ils s'abritaient. Il portait avec lui deux animaux de taille moyenne, une des rares espèces de mammifères vivant dans le désert et comestibles par l'Homme. Encore fallait-il savoir les chasser, ce qui était loin d'être évident pour un novice.

- Tu as faim ? demanda-t-il avec un sourire.
- Oh oui ! s'exclama la jeune femme.

Et durant les instants qui suivirent, ils furent occupés à cuisiner les deux rongeurs. Lorsque enfin leur repas fut prêt, le frère et la soeur enfin retrouvés se jetèrent instantanément sur la nourriture. Tandis qu'ils mangeaient, Sheya restait pensive. Elle ne pouvait s'empêcher de penser à la fillette qu'ils avaient laissé derrière eux. Les yeux dans le vague, elle lâcha un soupir. Pourquoi s'obstinait-elle ainsi à se poser des problèmes en plus ?

- Tu t'inquiète pour ton ami ?
- Qui ?
- L'homme avec qui les marchands d'esclaves t'ont capturés.
- Zavall ? Non, ce n'est qu'un égoïste, un menteur et un manipulateur. Je me fiche pas mal de ce qui peut bien lui arriver. Je m'inquiète pour l'autre fillette. Je n'aurais pas dut la laisser seule avec ces vauriens.
- Ne dis pas ça. Tu ne pouvais rien faire. Si tu y était restée, les marchands nous auraient rattrapés et tout cela n'aurait servit à rien.
- Oui, sans doute, murmura Sheya.

Mais elle n'était pas convaincue. Elle n'avait cependant pas la force d'y réfléchir. Elle se sentait étrangement fatiguée. En même temps, elle n'avait pas beaucoup dormit cette nuit ... La découverte de son frère l'avait chamboulée. Elle se surprit à l'observer du coin de l'oeil.

- Qui es-tu ? finit-elle par demander.

Kohza la regarda stupéfait, ne comprenant pas où elle venait en venir. Il s'était déjà présenté la veille, dans le chariot, avant que Than ne les assomme.

- Je m'appelle Kohza. Je suis ton frère, répéta-t-il, hésitant.
- Non, ce que je voulais savoir, c'est quelle est ton histoire ... notre histoire ...
- Ah oui bien sûr. Notre histoire ? On ne peut pas vraiment dire qu'elle soit ordinaire. Tu connais les elfes ?
- Oui.
- Notre père en est un. Il se nomme Anley. Et je dois d'abord te raconter son histoire pour que tu comprennes la suite. Il a été trouvé seul au milieu de la forêt alors qu'il n'était qu'un enfant. Personne ne sait qui étaient ses parents ne ce qu'ils sont devenus. Anley était orphelin et il a été recueillit par une vieille elfe solitaire qui l'a éduqué loin des autres elfes. Mais un jour, alors qu'Anley devenait adulte, elle fut prise de folie et tenta de tuer celui qu'elle avait élevé comme son fils. Anley se défendit instinctivement et tua la vieille elfe. Ce jour-là, il comprit à quel point il était puissant, plus puissant qu'aucun elfe ne l'avait été, aussi puissant qu'un ... dieu.

Kohza marqua une pause. Il se rappela les ordres qu'on lui avait donné. Jusqu'à présent il avait dit la vérité, mais maintenant il devait la modifier pour inclure sa présence en tant que frère auprès de Sheya.
- Mais il se retrouvait seul alors il se mit en marche et arriva jusqu'à un village elfe. C'est là qu'il rencontra ma mère. Elle s'appelait Vindaï et était incroyablement belle. Anley en tomba éperdument amoureux et lui fit la cour. Elle accepta ses avances et se donna à lui pour une nuit. Ils s'aimaient et envisageaient déjà de passer le restant de leurs jours ensemble. Mais les parents de Vindaï avaient d'autres projets pour leur fille. Ils séparèrent les deux amants qui ne se revirent plus jamais.

Kohza poursuivit son récit tout en jouant son rôle à la perfection, pourtant au fond de lui, il eut un pincement au coeur. La suite de son histoire ressemblait étrangement à son véritable passé.

- Cependant neuf mois plus tard, Vindaï me donnait la vie, mais elle ne résista pas à l'accouchement et mourut sans que personne ne puisse rien faire. Ses parents me gardèrent quelques années puis me mirent à la porte. Désormais seul, je me mis à la recherche de mon père. Je ne le retrouvais qu'après de longues années de recherches. Depuis sa perte de Vindaï, il était tombé en dépression et le seul moyen qu'il avait trouvé pour remonter la pente, c'était de se plonger corps et âme dans son travail.

Mis à part qu'il n'était pas le fils d'Anley, c'était ce qui s'était réellement produit, c'est ainsi qu'il avait rencontré son maître.

- Il était si passionné que son travail devint sa seule et unique préoccupation, son grand rêve qu'il voulait à tout prix réaliser : créer synthétiquement, de A à Z, un être humain aussi puissant que les elfes. Il trouvait ces derniers prétentieux et hautains. Il voulait leur montrer qu'ils n'étaient pas les seuls à pouvoir être puissants. Il voulait les ramener à la réalité.

*En réalité, il a donné l'apparence humaine à son oeuvre pour mieux tromper les siens. Qui soupçonnerait une simple humaine de détenir un tel pouvoir ? Le plan du maître était parfait* songea Kohza.
Il reprit son récit :

- À mon arrivée, il m'accueillit avec joie et bienveillance alors que je sortait tout juste d'un voyage semblable à l'enfer. Très vite, je devins son assistant. Son rêve était devenu mien. Cependant, même après des années de recherches et d'expériences en tous genres, nous n'arrivions à rien. Le corps humain n'était pas assez résistant pour supporter une telle puissance. Plusieurs fois je faillit abandonner, mais la volonté d'Anley ne faiblissait jamais. C'est ainsi, en persévérant encore et encore, qu'il trouva enfin la solution à notre problème.

Kohza retint un sourire. Il se souvint de ce jour-ci. La joie et le bonheur visible sur le visage de son maître avait été le plus beau cadeau qu'il avait jamais reçu.

- Le corps humain de parvenait pas à contenir la puissance elfique, il fallait donc créer un réservoir de puissance dans lequel l'humain pourrait piocher à volonté sa puissance. Nous fîmes plusieurs essai et au final, nous avons créé le réservoir. C'était un pendentif, fais d'un rubis. Les gemmes sont d'étonnants réservoirs d'énergie, mais Anley modifia celui-là pour qu'il renferme une puissance qui ne s'éteigne jamais, une puissance éternelle. Nous avons ainsi put créer artificiellement un être humain. Un bébé. Toi.

Kohza se tut quelques temps, histoire que Sheya encaisse le coup, ce n'est pas tous les jours que l'on apprends que l'on a été fabriquée de toutes pièces par un scientifique.

- Mais lorsque les autres elfes s'aperçurent de ta véritable nature, ils décidèrent de punir Anley et de l'enfermer dans une autre dimension. Pour ma part, je parvint à m'enfuir. Quant à toi, ils t'abandonnèrent dans le désert où tu fus recueillie par un Urgal.


Sheya n'en revenait pas. C'était trop incroyable pour être vrai. Pour qui la prenait-elle en pensant qu'elle goberait son histoire ? Et puis comment un être humain pourrait-il être synthétique ? Comment son pendentif pouvait-il cacher une telle puissance ? Et si Kohza était un elfe, pourquoi n'avait-il pas les oreilles pointues ? Il n'était pas son frère biologique, alors pourquoi se ressemblaient-ils autant ?

Sa migraine revint, encore plus forte qu'au paravent. Elle ne se sentait pas très bien. Elle se leva et s'éloigna de quelques pas. Kohza s'approcha et posa une main sur son épaule. Elle se dégagea.

- Tu ne me crois pas ?
- Comment le pourrais-je ?
- Je suis ton frère.
- Non, vous êtes un inconnu, un étranger ! s'exclama-t-elle en le vouvoyant brusquement.
- Ne dis pas n'importe quoi Sheya. Regarde-moi dans les yeux et tu verras que je dis la vérité.

Les deux jeunes gens s'observèrent un instant en silence. Sheya retint un frisson. Cette lueur dans les yeux de Kohza, elle l'avait déjà vu. Elle recula.

- Tu as les mêmes yeux que lui !
- Qui ?
- Zavall !! cracha-t-elle avec autant de haine qu'il était possible pour un humain d'exprimer.

Tu as les mêmes yeux que lui, les mêmes que Zavall. Cette phrase avait raisonné dans la tête du trappeur. Sheya fidèle à elle-même venait encore de tout gâcher en doutant de l’homme qui venait en se présentant comme son frère Kohza. Pourquoi devait-elle se montrer si méfiante ? Tout le plan de Zavall commençait à tomber à l’eau. Que faire dans ce cas là ? Sheya venait de découvrir le poteau rose, et maintenant le plan B c’était quoi.
Ne pouvait-elle pas être naïf comme la plupart des humains ? La création d’Anley était vraiment très impressionnante, elle était vraiment digne du pouvoir suprême, et sans doute le pendentif commençait à lui donner petit à petit du pouvoir. Zavall commençait à en avoir marre d’elle. Pour trois raisons en particulier. Tout d’abord, il ne pouvait pas supporter que cette jeune fille se permette de contrer tous les plans du trappeur avec une telle facilité. Cela était vraiment très humiliant pour lui. Ensuite, elle ne voulait absolument pas laisser son côté maléfique prendre le dessus, elle restait là avec son air de pudibonde et de sainte. Tant de gentillesse, de bons sentiments, cela en était écœurant pour Zavall qui avait dû supporter cet élan de gaieté durant tout leur voyage. Mais le pire, était l’information qu’il avait eu sur la jeune fille. Il ne pouvait pas supporter qu’une fille comme elle se permette de lui voler son rêve de grandeur et de conquête. Il était jaloux d’elle et il allait tout faire pour montrer qu’il valait mieux qu’elle.
Il commençait à en avoir marre de cette mission et Azathoth vint renforcer sa pensée, enfin de manière détourné bien sûr pour ne pas s’attirer tout de suite les foudres d’Anley.

*Tu oserais faillir à ta mission, toi ? Tu oublies que tu n’es qu’un simple humain qui as tout pour être le maître du monde. Nous devons gouverner avec Anley en le libérant… ou pas. Mais ne t’en fais pas je te suivrais dans tes mouvements nous sommes unis pour l’éternité. Ensemble, en libérant mon peuple et en faisant de ce monde notre vaisseau pour visiter les autres planètes. Nous avons la force, ne l’oublie pas et nous pourrions en avoir beaucoup plus.*

Zavall rigola, il était fou de bonheur, ainsi il était suivit et même Azathoth qui devait tout à Anley ne voulait plus de lui, et réclamait son indépendance. Il devait prendre ce pendentif, et acquérir le pouvoir absolu, la force pour dominer le monde et faire de lui l’être le plus puissant du monde. Et il savait très bien comment il allait procéder pour faire cela. Il devait tout d’abord faire partir ce Kohza qui ne lui avait été d’aucune utilité. Il demanda quand même l’autorisation à Anley l’autorisation de tuer son assistant. Et comme Zavall le pensait, ce dernier en avait strictement rien à faire de lui. Zavall avait donc carte blanche pour le tuer en toute tranquillité. Il demanda également au chef des bandits de lui envoyé la petite fille dont il ignorait tout.
Sheya semblait s’attacher à cette fille, mais pourquoi ça il l’ignorait. Peut-être était ce encore sa façon de penser trop gentille. Mais en y réfléchissant bien, la présence de cette fille était étrange car même les bandits ne savaient pas d’où elle venait, ni qui elle était. Ils l’avaient trouvée tout simplement évanouie dans le désert. Ce devait être une fille du désert qui s’était perdue. Enfin peu importait pour Zavall, c’était pour lui un moyen d’échange. Zavall reçu une réponse du chef des brigands et il lui annonça qu’il était en route pour lui amener cette petite fille.
Zavall allait la faire d’une manière qui lui semblait plus que adéquate, c’est à dire agir de manière directe et faire preuve de violence. Il sortit de sa cachette, derrière sa dune de sable et se dirigea vers le duo d’incapables. Pour les deux, ce fut la surprise de choc. Sheya, ne s’attendait pas à le voir ici, et Kohza ne pensait pas le voir dès maintenant. Il n’avait pas été avertit du nouveau plan. Et quand, il vit le regard noir de Zavall, il compris ce qu’il venait faire ici. Zavall souriait et lançait de sombres regards aux deux protagonistes.

- Zavall : Bravo, bravo. Tu sais Sheya, tu auras eu l’honneur de me mettre hors de moi. Je n’ai jamais vu une fille aussi gentille, et aussi stupide avec sa volonté de protéger le monde. Tu es vraiment très énervante. Mais au moins, tu me fais l’honneur d’être haï par toi, et ça c’est beaucoup pour moi. Le pire, je pense c’est que c’est toi qui a été choisie pour dominer le monde et ça je ne peux pas l’accepter. Tout ce que t’as dit Kohza est vrai, tu as été créée de toutes pièces, tu as en toi, un grand pouvoir et tu le refuses. Tu ne le mérites pas. Quand à toi Kohza, tu ne nous sers plus à rien, même Anley ne s’intéresse plus à toi. Je peux donc te tuer.

Kohza frémit et sortit une immense épée et couru en la pointant vers Zavall. Mais l’attaque qu’il porta fut d’une grande inutilité. L’épée passa à travers le corps de Zavall, mais le trou qu’il créa se reboucha aussitôt. Zavall venait de reprendre le pouvoir du maître des ombres. Il pouvait désormais déformer son corps et créer dedans de grands trous. Il ressentait la colère monter en lui, il sentit le pouvoir . Zavall rigola en voyant le regard stupéfait de Kohza et Sheya, il attrapa le visage de Kohza et une chose visqueuse noirâtre sortit de la paume de la main de Zavall et commença à recouvrir tout le corps de Kohza. Désormais, il ne bougeait plus, la main de Zavall, se transforma en tentacule toujours composée de cette boue noirâtre, attrapa le corps de Kohza et le projeta à une distance inimaginable, de toute façon, il était déjà mort, étouffé par la chose.
Maintenant c’était au tour de Sheya, il se transforma en loup garou, la bête qui avait fait de lui un être surpuissant. Cela faisait si longtemps qu’il n’avait pas eu le plaisir de ressentir autant de pouvoir. Justement, au moment où il se transformait, le chef des brigands arriva pour lui apporter la jeune fille. Zavall couru vers lui la récupérer et retourna vers Sheya. Et lui fit une proposition des plus alléchantes.

- Zavall : Bon écoute moi toi. Tu m’énerves plus que tout. Donne moi ton pendentif, et je te laisse la vie sauf et tu pourras aller retrouver tous tes ami(e) les animaux de la forêts. Je men moque de toi, je veux juste le pouvoir. Si tu refuses, je tue cette fille que tu as l’air de t’en aimer. Ne joue pas au héros

C'était donc cela. La clef de toute cette histoire était son pendentif. Ce petit caillou rouge était la cause de tout. Sheya ne savait pas en quoi elle croyait, à vrai dire, elle s'en fichait un peu ...

- Mon pendentif ? C'est ça que tu veux ?

Un sourire ironique anima les lèvres de la jeune fille. Elle resta un moment immobile, à sourire comme une idiote, puis éclata de rire. Secouée par ses éclats de rire, elle ôta son collier et l'agita devant elle.

- C'est ce vieux caillou rouge que tu veux ? C'est à cause de ça que tu m'as mentit pour me suivre ? C'est pour ça que tu m'as dupé ? Pour ce vieux caillou rouge ?! Tu le veux ? Prends-le ! J'en veux pas, même si possède un "pouvoir exceptionnel", j'en veux pas. Il m'a créé que des problèmes ce fichu caillou, alors si tu peux m'en débarrasser, je t'en prie fais-le !!

Sheya éclata encore d'un grand rire. Elle était en plein délire.

Sous le bandage de fortune que Sheya avait fait, l'état des poignets de la jeune fille empirait. Les plaies avaient cessé de saigner, mais un étrange liquide noir et visqueux s'en échappait à intervalle régulier. C'était l'oeuvre d'une bactérie du désert venue infecter les plaies de Sheya. Une bactérie très rare et mortelle qui provoquait migraines, nausées et hallucinations. Dans le cas de Sheya, l'infection était à un stade assez avancé et irréversible. Il n'existait pas d'antidote, Sheya n'avait plus beaucoup de temps à vivre.

- Ce fichu caillou rouge m'en a fait voir de toutes les couleurs. Du bleu, du vert, du jaune, et même du rouge !!! T'imagine ?! Alors tu sais quoi ? Si j'avais un marteau, et bien je le frapperais ce caillou, et je le détruirais. Et puis après, je frapperais le jour, et je frapperais la nuit, et je frapperais la terre, et je frapperais le ciel, et je frapperais ... je frapperais ...

Sheya appuya sa main sur sa tempe. Sa migraine était revenue. Sa vue commença à se troubler. Son autre main qui tenait le pendentif se mit à trembler et le bijou glissa entre ses doigts puis tomba dans le sable.

- Je frapperais ... Je ...

La jeune fille tituba puis s'écroula au sol, inconsciente. Un étrange chose se produit alors. Le pendentif de Sheya de mit à briller, il diffusait une lumière rouge, intense et brillante, il semblait animé par des flammes magiques. Puis il se mit à bouger, seul. Il s'éleva dans les airs. À quelques centimètres du sol d'abord, où il stagna quelques minutes avant de monter encore plus haut dans les airs. Il s'éleva jusqu'à être environ un mètre au dessus du corps inconscient de Sheya. Là, il s'immobilisa.

La lumière qu'il diffusait devint plus vive, et sembla s'étendre dans toutes les directions, aveuglant Zavall et la fillette. Une mélodie retentit, semblant venir de nulle part. Douce. Mélancolique. Mais porteuse d'espoir. La lumière rouge s'anima comme l'aurait fait un être vivant, comme si la mélodie lui avait donné la vie. Et bientôt, la lumière forma une demi-sphère qui emprisonna Sheya en son intérieur. Cela ressemblait un peu à un bouclier, une sphère protectrice qui la garderait en sûreté tandis qu'elle se remettait de ses blessures.



Sheya ouvre les yeux. Un plafond formé de vieilles planches clouées entre elles la surplombe. Elle cligne des yeux. Elle se sent bizarre, comme si elle était là, sans vraiment y être. Elle se redresse. Elle est dans une sorte de cabane en bois rempli d'un étrange bric-à-brac. C'est étrange, elle a l'impression de connaître cet endroit, d'y être déjà venu, mais ne parvient pas à s'en souvenir clairement. Elle était allongée à même le sol. Toujours cette impression bizarre. Sheya se lève et observe les alentours. À première vue, il n'y a personne, elle est seule.

- Non, tu n'es pas seule Sheya.

La jeune fille sursaute. Une voix - féminine de toute évidence - vient de retentir, cependant Sheya n'arrive pas distinguer clairement d'où elle vient. Elle fait le tour de cette étrange cabane. Il n'y a toujours personne, à moins que celle-ci ne soit invisible.

- Où êtes-vous ? Qui êtes-vous ?

Pas de réponse. Cette "personne" semble en savoir long sur elle. Déjà, elle connaît son prénom et puis elle ... lit dans les pensées, semblait-il ... Qu'est-ce que c'était encore que cette histoire ?

- Qu'est-ce que vous me voulez ? Où est-ce que je suis ?
- Du calme, chaque chose en sont temps. Tu connais cet endroit n'est-ce pas ?
- Qu'est-ce que vous en savez ?
- Regarde autour de toi Sheya, et tu comprendras.
- Comprendre quoi ?

L'impatience se fait entendre dans sa voix.
Pas de réponse. Sheya a envie de crier, de hurler, elle en a marre de ne rien comprendre à ce qui se passe autour d'elle. Mais la curiosité est plus forte. Elle lâche un soupir et observe la cabane avec plus d'attention. Elle en est sûre, elle connaît cet endroit, elle est déjà venu ici, mais où ? et quand ? Elle voudrait comprendre ... Puis c'est le déclic. Bien sûr, comment avait-elle pu oublier ? Pourquoi n'avait-elle pas compris plus tôt ? C'était tellement évident !

- Alors, tu te souviens ?
- Oui ... c'est la cabane dans laquelle je vivais avec mon père juste avant que son ancien clan Urgal ne nous attaque et ne le capture. Mais ... c'est impossible. C'est endroit n'existe plus. Les Urgals y ont mis feu juste après l'attaque. C'est endroit a disparu.
- C'est exact, il a disparu dans la réalité, mais pas dans tes souvenirs.
- Quoi ? Vous voulez dire que c'est une hallucination ?
- Non, un souvenir. Un repaire où ton esprit s'est réfugié pour échapper à la douleur et pour se protéger du danger qui le guettait.
- Mon esprit ? Vous voulez dire que je suis pas vraiment là ?
- Ton esprit est ici, mais pas ton corps. Il est toujours dans le désert du Hadarac
- Quoi ? Mais il faut que je retourne là-bas, Zavall n'a qu'une seule envie, me tuer. Il faut absolument que j'y retourne.
- Ne t'inquiète pas, tu es sécurité. J'arrive à contrôler le pouvoir que détiens ton pendentif sans avoir besoin de le toucher. Je m'en suis servi pour créer une bulle protectrice qui empêche Zavall de s'en prendre à toi. Le pouvoir du pendentif est aussi en train de me soigner.
- Me soigner ?

Sheya lève ses poignets devant ses yeux. Elle se souvient maintenant, le bras droit des brigands qui les avait capturés avait tellement serrés ses liens aux poignets que des plaies étaient apparues. Elle n'avait pas eu le temps de les soigner correctement et ...

- Tes plaies se sont infectées. Une maladie très grave qui t'aurais tué si je n'étais pas intervenue.
- Vous voulez dire que mon pendentif détient vraiment un pouvoir ?
- Oui, Kohza avait beau être un imposteur, tout ce qu'il t'as raconté sur ta "fabrication" est vrai. Je sais que tu as du mal à y croire, mais c'est la vérité et tu dois l'accepter. Ton pendentif détient un pouvoir si grand qu'il en est dangereux. Et si je peux le contrôler, c'est parce que moi aussi j'ai été créée par Anley. Mais, à la différence de toi, j'étais un échec, alors il m'a abandonné et je serais sûrement morte si je n'avais pas été recueillie par un groupe d'elfes qui s'opposait farouchement aux activités d'Anley. Ils m'ont soigné et ont découvert que je possédais un étrange pouvoir que je pourrais utiliser qu'une seule fois car, dépensant trop d'énergie d'un coup, j'en mourrais, un pouvoir qui pourrais cependant se révéler très utile. Ils m'ont donc éduqué pendant des années pour que je sois prête à user de ce pouvoir le moment venu.
- Et vous sacrifier ?
- Oui, mais je suis prête à faire ce sacrifice. Et j'espère que le moment venu, tu m'aideras à le faire.
- Vous aider ? Je ne connais même pas votre nom et je ne vous ai jamais vu.
- Mon nom est Amylia et tu m'as déjà rencontré.
- C'est à dire ?
- Tu te rappelle de la fillette capturée en même temps que toi et Zavall ? C'était moi. Je suis peut-être plus âgée que toi mais j'ai l'apparence d'une petite fille, et je garderais cette apparence toute ma vie. C'est un des effets secondaire étranges dont j'ai hérité suite à ma "fabrication".
- C'est pour cela que je n'ai pas arrêté de penser à vous ?
- Je ne sais pas. Je pense que c'était une intuition, ou bien un effet involontaire de ton pouvoir.

Sheya se tait. Elle a du mal à réaliser tout ce qui lui arrive. Elle qui cherchait juste à libérer son père se retrouve maintenant à une histoire qui la dépasse. Une histoire qui pourtant la concerne plus que tout. Son histoire.

- Et maintenant ? Que vas-t-il se passer ?
- Tes poignets sont guéris, tu ne devrais plus tarder à reprendre conscience. Alors je te libérerai et nous devrons combattre Zavall.
- Comment ? C'est un loup-garou !
- Je sais, il a aussi le dieu des Ombres avec lui. Mais tu as le pouvoir du pendentif.
- Je ne sais pas l'utiliser !
- Ne t'inquiète pas, je t'aiderais.
- ... Pourquoi ? Pourquoi est-ce que vous m'aidez ?
- Tu as le coeur pur Sheya.

La vision de Sheya se troubla. La cabane disparue. Elle était de retour dans son corps.





HJ : Défi relevé ! J'avais envie de t'en donner un aussi, mais j'ai pas eu le temps d'y réfléchir.

Qu’est ce qui se passait encore ? Il était à deux doigts de le prendre. Sheya avait perdu toute espoir, elle était désemparée, il ne suffisait plus que de cueillir le pendentif. La victoire était au bout des tentacules de Zavall. Mais non, il fallait encore que quelque chose se passe. Une sphère rouge avait entouré le corps de la jeune fille qui était tombée dans les pommes. Il n’arrivait pas à atteindre le derrière de la sphère, il avait beau frapper de toutes ses forces elles ne se brisaient pas. Il commençait à en avoir marre, il était déjà à cran à cause de la gentillesse démesurée de Sheya, mais là, là il avait atteint un point de non retour, jamais il n’avait éprouvé cela. Comment osait-elle se moquer comme ça de lui. Elle, une jeune fille pathétique conçue de toute pièce qui n’y connaissait rien à l’art de la guerre, à la notion de puissance elle avait l’audace de faire tourner en bourrique Zavall.

Cela devait cesser et aller cesser. Il s’énerva sur la sphère qui ne fissurait pas, il y mettait toute sa force mais rien n’y faisait. Il n’avait plus rien d’humain, la forme visqueuse noirâtre couvrait maintenant toute sa peau, on ne voyait plus son visage. Il lançait des boules de ce liquide contre la sphère qui protégeait Sheya mais même ça, ne permettait pas de la briser. Le trappeur hurla, vociféra contre tout ce qu’il trouvait. Il en avait marre d’être le pantin d’Anley qui avait créer une forme abjecte de puissance, et aussi de ses acolytes aussi inutiles qu’idiots. Il décida de passer à l’acte et de désobéir à Anley. Mais à la grande surprise de Zavall, il n’allait pas vraiment lui désobéir. En effet, alors qu’il s’apprêtait à s’attaquer les unités d’Anley, celui-ci vint lui parler.

*Calme toi Zavall, Sheya va revenir je sais parfaitement où elle est. Une autre de mes créations la prise sous son aile. Elle n’a pas disparu comme tu peux le voir, mais son esprit est ailleurs. Je sais parfaitement qui est cette création. Tu te souviens de la jeune fille que tu tenais dans te bras, regardes où elle est maintenant.*

Zavall regarda autour de lui et constata avec effroi qu’elle avait disparu. Il ne se rappelait par pourtant l’avoir tuer ni rien mais pourtant elle ne pouvait pas avoir disparu. Il leva le semblant de tête qui lui restait et vit la petite fille en haut de la sphère, les yeux fermés. Elle semblait être à l’origine de ce dôme de protection. Alors cette personne était aussi une création d’Anley.

*Je savais depuis le début qui était cette jeune fille, mais je devais la laissez agir pour qu’elle ne nous cause plus de souci. Cette création ne pouvait utiliser son haut pouvoir qu’une seule fois et après elle mourrait. Il fallait donc mieux qu’elle l’utilise maintenant. Elle s’est sacrifié pour Sheya, pour la soigner et surement pour lui remonter le moral, lui dire de te combattre. Mais cela ne servira à rien, elle ne sait pas utiliser le pendentif, elle ne pourra rien contre toi. Nous sommes désormais sûr de notre victoire. D’autant plus et tu vas être content, je m’en fiche de sa survie désormais. Je te laisse faire ce que tu veux d’elle maintenant. Elle n’a plus d’importance, je me rend compte que ma création n’est qu’une erreur. Donc tu peux la détruire, tu as mon total accord. De plus, je vais t’aider un peu. Ta forme actuelle permet d’accumuler de l’énergie et de la force. De ce fait, je vais te faire le plaisir d’absorber tous mes acolytes. Va t’amuser un peu avec eux avant que Sheya ne revienne.*

Aussitôt dit aussitôt fait, Zavall se glissa vers Xor et Than et les autres membres du désert. Il lança une tentacule vers eux, et les engloba de cette boue visqueuse. Et la ramena vers lui. Les hommes de mains de Anley n’avaient rien eu le temps de voir. Il n’aurait jamais pensé qu’ils allaient être trahis. Maintenant, ils allaient servir de nourriture à la créature qu’était devenu Zavall. Il n’était plus un homme, mais plutôt une bête, il n’avait en tête que sa vengeance contre Sheya et aussi sa quête de puissance. Les corps entrèrent dans le monstre, pour ne faire après plus qu’un avec lui.

Il sentait la puissance monter en lui, avec en plus un affut d’énergie, c’était tellement bon, tant revigorant. Il se sentait désormais plus fort, prêt à anéantir la terre entière. Il se retourna maintenant vers la sphère en attendant le retour tant attendu de Sheya. C’était le grand moment, la lutte finale. Il allait lui réserver une belle surprise. Il n’était plus le Zavall tout gentil que la jeune fille avait connu, maintenant c’était un monstre de l’ombre, un futur maître du monde. Il fallait donner une bonne leçon à cette Sheya et il savait exactement comment. Il se concentra et transforma le monde autour de la sphère où se terrait Sheya. Il ne se trouvait maintenant plus dans le désert mais dans le monde des ombres où juste derrière lui se tenait le portail des ombres où étaient emprisonnés Azathoth et ses acolytes de l’ombres. Tout autour de lui se tenait le néant du noir à perte de vu et surtout des rires macabres. L’heure de la victoire était proche, et enfin Sheya arriva. Il créa des golems de l’ombres et se tint à l’écart de ses créations. Il fit une nouvelle proposition à Sheya.


Zavall –Bonjour jeune créature. J’espère que Amylia t’as bien soigné et motivé mais tu as perdu. Tu te trouves dans le monde de l’ombre, personne ne nous retrouvera et personne ne viendra t’aider ici. Alors je vais te faire une proposition, donne moi le pendentif et je te promet de te tuer sans te faire souffrir, sinon attend toi à la plus horrible des fins. Allez c’est fini Sheya rend toi.

Sheya ouvrit les yeux. Un paysage d'enfer se présenta à ses pupilles. Une obscurité maléfique s'étendait à perte de vue et seule une faible lumière blafarde éclairait la scène devant elle. Face à elle, à une dizaine de pas, se tenait Zavall. Où du moins ce que la jeune fille devina comme étant Zavall. Il n'avait plus rien d'humain, il n'était plus qu'une vulgaire représentation du diable derrière laquelle se cachait l'âme ravagée du trappeur. Derrière lui s'étendait une armée de monstres assoiffée de sang et de violence. Plus loin encore, un immense portail de fer forgé se dressait vers le ciel noir.

La jeune fille trembla. Juste avant de réintégrer son corps, elle avait eu le temps d'entendre la voix d'Amylia retentir dans sa tête. "Tu dois réussir Sheya". Puis elle avait sentit la vie l'abandonner, elle avait sentit la flamme d'Amylia s'éteindre. Une larme coula lentement sur son visage déformé par la peur. Elle était seule maintenant. Seule face à Zavall. Seule face au loup-garou. Seule face au diable et à son armée. Seule face à un milliers d'ennemis. Elle n'avait plus aucune chance, c'était fini. Et la voix d'Amylia qui retentissait encore dans sa tête n'y changerait rien.

Sheya écouta la voix désincarnée du monstre lui faire une bien odieuse proposition. Odieuse, mais terriblement attirante. Une mort rapide, c'est la seule chose qu'elle pouvait espérer maintenant. Mais c'était si lâche, que la jeune fille s'en voulait d'accepter une telle chose. Le pendentif était dans sa main. Elle le serra dans ses doigts si fort que les tranchants du rubis lui entaillèrent la paume. Elle s'en aperçut à peine. Elle tremblait et pleurait de rage de se comporter avec tant de lâcheté, mais elle jeta quand même le bijou vers le trappeur.

Le pendentif, en parti couvert par le sang de la jeune fille, s'éleva dans les airs empoisonnés du Royaume de Ombres. Il décrivit un large arc de cercle dans le ciel noir, comme au ralenti. Ce n'est qu'alors que Sheya réalisa à quel point elle était attachée à ce vieux bijou. Ce n'est qu'après l'avoir perdu qu'elle comprit à quel point elle en avait besoin. Un noeud d'angoisse lui serra la gorge. Elle s'était planté, encore une fois. Depuis peu, elle accumulait les erreurs et allait maintenant le payer de sa vie. Elle se mordit la lèvre et sa pensée fut qu'elle était stupide, qu'elle avait gâché sa vie.

Le pendentif commença à redescendre, volant vers la main tendue de Zavall ...
Un étrange frisson parcouru le dos de la jeune fille. Et comme cela arrive parfois dans des situations critiques, elle eut l'impression qu'un autre guidait ses gestes, et qu'elle n'était plus que spectatrice dans son propre corps.
Le pendentif n'était plus qu'à quelques centimètres de la main monstrueuse. Un sourire sadique traversait le visage de Zavall ...
Une sorte de décharge électrique sembla traverser le corps de la jeune fille. Son sang était sur le bijou. Elle était le rubis. Le rubis était elle. Ils n'étaient qu'un. Le pendentif ne pouvait avoir qu'un et un seul maître.

Le pendentif atterrit doucement dans la main de Zavall qui se referma sur le bijou. Un éclat de rire victorieux s'échappa de sa bouche.
Sheya avait l'impression qu'elle allait s'évanouir, que son coeur allait s'arrêter, que son corps allait se désintégrer sous l'effet du pouvoir qui l'envahissait.

Le pendentif, dans la main du trappeur, se mit à briller. Des éclairs blancs s'en échappèrent et foudroyèrent les golems de Zavall, l'un après l'autre, tous, sans exception. En l'espace d'une seconde, l'armée de monstres avait disparue, anéantie par la puissance du rubis qui attirait toutes les convoitises. Puis un flash rouge zébra le monde des ténèbres. Aveuglée, Sheya ferma les yeux, sentant l'adrénaline couler à flots dans ses veines. Elle rouvrit les yeux. Elle était dans un monde blanc. Il n'y avait rien à perte de vue, juste un sol et un ciel blanc. Zavall était devant elle.

- Tu as perdu Zavall. Mais je te pardonne. Je te pardonne pour tes méfaits Zavall. Je te pardonne pour tes erreurs Zavall. Que ton âme soit sauvée.

Il y eut un nouveau flash. Zavall était dans le Désert. Sheya avait disparue. Le pendentif aussi. La voix de la jeune fille résonnait dans le paysage de sable.

- Que ton âme soit sauvée ...