Au milieu de la nuit, au coeur d'un village nommé Sidoé, une porte s'ouvrit dans un claquement sec, laissant apparaître la sillouhette d'un garçon. Karann. Sans hésiter, celui s'enfuya et courut vers la sortie du village sans regarder derrière lui. Car un homme le poursuivait. Samuel, le forgeron du village. On racontait que ce dernier avait un jour sauvé Karann d'un incendie qui avait tué ses parents. Mais l'adolescent n'y croyait pas vraiment, car Samuel était violent, il maltraitait le jeune homme et le faisait travailler jour et nuit. Aujourd'hui avait été la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Alors qu'il sortait du village, il crut un instant que le forgeron avait abondonné, mais il le vit vite revenir, à cheval cette fois. Alors Karann se remit à courir et se retrouva rapidement à l'orée d'une forêt, la forêt des Murmures. La légende voulait que la forêt soit habitée par des êtres mystérieux, les Murmures. Ces derniers viendraient murmurer des conseils aux Hommes qui les rencontraient. Certains croyaient qu'il fallait suivre ces conseils, qu'ils mènerait à une vie meilleure. D'autres, au contraire, pensaient que ces conseils détruiraient la vie de ceux qui les suivraient et les mèneraient en enfer. Karann hésita, puis finalement il s'enfonça dans la forêt. Il avait espéré que Samuel ne le suivrait pas, mais il s'était trompé. Pris de panique il atteignit le coeur de la forêt, il avait réussit à le distancer car le cheval avait du mal à avancer dans les brousailles. Ici, la forêt semblait différente, plus belle, plus sauvage. Il n'eut pas le temps de s'en émerveiller car soudain une jeune femme apparut aux côtés de Karann. Elle était jeune, vêtue d'une robe bleuté. Ses longs cheveux noirs encadraient son visage à la peau blanchâtre, au milieu de laqelle ses yeux verts resplendissaient. Le garçon eut un doute, était-ce une hallucination, ou bien était-ce une Murmures ? Il n'eut pas le temps d'y réfléchir car une voix vint alors à ses oreilles. “Cours Karann, cours.” C'était un murmure doux et mélodieux qui redonna du courage au jeune homme. Il ne douta pas une seule seconde que c'était la voix de la jeune femme. “Cours Karann, cours. Traverse la forêt. Traverse les champs. Traverse la rivière. Entre dans le village. Entre dans Les Trois Chênes. Cours Karann, cours.” L'adolescent reprit confiance. Il sortit de la forêt et la jeune femme disparut. Karann courut, traversa les champs, traversa la rivière. Sans jamais se retrourner. Alors que le soleil se levait lentement, il aperçut un village. Il courut jusqu'à atteindre la place principale. Il regarda autour de lui et aperçut une auberge dont le nom était “Les Trois Chênes.” Il hésita, puis entra. Et ce fut le meilleur choix qu'il eut jamais fait. Karann fut acceuillit par les aubergistes et commença une nouvelle vie, bien plus joyeuse que sa vie auprès du forgeron, dont il n'entendit plus jamais parler. Mais tous les ans, Karann retournait voir la Murmure, et elle était toujours présente et elle lui murmurait à l'oreille. Karann avait l'impression que ces moments duraient éternellement, pourtant, la femme n'apparaissait que l'instant d'un murmure.