Origine et Histoire

1
Naître ou mourir

Une aube nouvelle se levait sur le champ de bataille. Bientôt, le combat reprendrait et la plaine retentirait une fois de plus des cris de millions de monstres et de soldats. Une fois de trop, songea Demester en passant entre les morts. Elle savait très bien que rares étaient les survivants, et qu'elle se mettait en grave danger, mais Höljdr était là, à son coté, et elle savait qu'aucune flèche n'oserait être pointée sur elle tant que l'ombre de son dragon veillerait sur ses pas. Tentant d'effacer un instant l'image étouffante des corps ensanglantés, elle posa une main légère sur le garrot de son compagnon, sans savoir que des années plus tard sa fille ferait le même geste, aurait la même main qui se promène dans la fourrure de sa compagne. Non, tout ce à quoi Demester pensait, c'était aux grands yeux dorés de Höljdr qui plongeaient dans les siens. Höljdr. Silencieux. Curieux nom pour un dragon, songea-t elle en tentant de sourire. Ces animaux qui font du bruit à presque chacun de leurs mouvements, et dont la beauté qui émane de leurs gestes est à elle-même une clameur éternelle. C'est cette clameur qui aurait dû retentir dans tout l'Alagaësia. Cette clameur qui avait remplit chaque vallée, chaque montagne du pays des dragonniers. Mais non, le monde retentissait maintenant des cris de guerre et du fracas des armes. Silencieux était maintenant ce bas pays, lorsqu'il n'était pas en guerre ... Quelle fatalité, pour qu'un des derniers dragons se nomme ainsi ! Mais Demester continuait à y croire. La bataille allait reprendre et, cette fois, elle parviendrait peut-être à détruire l'un des derniers parjures ; Silgan. Elle lâcha un soupir de lassitude et grimpa à contrecœur sur le dos de son dragon, abandonnant sa veine quête de survivants.

Le combat avait reprit. Comme à leur habitude, l'armée des Vardens et celle de Galbatorix allaient s'affronter franchement, en se rentrant simplement dedans. C'était un face à face sauvage qui aurait fait trembler n'importe quel paysan, vu le nombre de leurs ennemis et la densité des rangs de l'Empire. Mais les Vardens, les rebelles, avaient l'habitude. Cette fois ou une autre, c'était le même combat. Le même espoir de liberté. Et les urgals ou d'autres pouvaient bien pousser leurs cris effrayants, les combattants des Montagnes étaient bien loin de livrer leur dernière bataille. Demester, quand à elle, attendait la venue de Silgan. Elle était debout sur un léger terre plaint herbeux, à quelques mètres de l'armée Varden, et je pense qu'il y a là le bon moment pour vous la décrire. Ce n'est pas l'elfe déjà d'âge moyen qui représente la mère de Syriane, ça non. De toute façon, vous savez sûrement que les elfes sont rarement assez âgés pour avoir des rides, vu qu'ils sont immortels. Demester avait à peu près 25 ans quand elle a trouvé son dragon, c'est à dire environ 18 ans pour les humains. Elle en a ici 75 et en paraît 25. Donc, elle est encore assez jeune. Cheveux châtains, yeux noisette qui tirent dans les marrons. Elle n'a pas un visage très anguleux comme certains elfes. Elle a plutôt un beau visage doux et légèrement hâlé, caractéristique dont sa fille héritera. En fait, peu le savent et j'espère que celui qui lit ça l'oubliera rapidement, mais Syriane n'est pas de sang tout à fait pur. J'allais quand même pas dire qu'elle était qu'aux 4 cinquièmes elfe ! ... En effet, Demester a une mère humaine, disparue en mer il y a bien longtemps, et de qui elle tient son teint étonnamment foncé et ses pommettes pas aussi hautes qu'une véritable elfe. Son père, quand à lui, est encore vivant mais il refuse de parler de sa femme humaine. Donc, notre chère dragonnière n'est en fait qu'à demi-elfe... Enfin bon, je vais être obligée de faire un arbre généalogique, si je continue comme ça ...Mais voilà qu'apparaît l'ennemi juré, sa petite dragonne mesquine derrière lui. Il a apparemment longé le champs de bataille sans même se faire remarquer, et Demester a les yeux fixés sur lui depuis qu'elle l'a vu sortir du campement ennemi ... En même temps, c'était assez normal que les soldats ne tentent pas de l'arrêter ; la plupart des combattants, Vardens et soldats de l'Empire mêlés, préféraient laisser les dragonniers à leurs petits combats entre eux. Un genre de vieux rituel. Enfin bref, voilà que Silgan s'approche lentement de son adversaire, son petit sourire mauvais lui tordant le visage, déjà couvert de cicatrice. Demester ne pu s'empêcher de se sentir satisfaite en voyant la balafre rougeâtre qui courait dans le cou du parjure. C'était un petit souvenir qu'il tenait d'elle ... Étonnée que Galbatorix laissa un homme dans cette état repartir au combat, elle se sentit dégoûtée par le faux roi cruel qu'il était. Galbi, songea-t elle, la hargne au cœur, on aura ta peau. Puis elle reporta son attention sur son adversaire, qui semblait être dans un piètre état. Sans quitter son sourire mauvais, il s'inclina légèrement, en s'arrêtant à quatre mètres d'elle. Sa dragonne, Slytha, resta en retrait, comme celui de Demester. Celle-ci lui rendit son salut, mais son visage n'exprimait qu'un dégoût empreint d'une certaine colère ; comment un dragonnier pouvait-il devenir ainsi ?
Sans se poser plus de questions, elle dégaina lentement Vöndr, son épée. Ce geste là, Syriane le ferait sûrement rarement. La petite elfe ne le serait jamais, mais le hasard veut que, en souvenir de cette scène, elle ne nomme jamais son épée, pourtant chose habituelle chez les dragonniers. Ce qui suivit fait partit intégrante de son histoire. L'épée de Silgan siffla et manqua Demester de peu. Celle-ci reprit juste à temps son équilibre. Dans un geste circulaire, elle fit voler Vöndr vers sa victime. Les fer brillèrent intensément en se rencontrant, et Demester pu lire la panique dans le regard de son adversaire. Il s'en était fallu de peu. Prenant le risque de rater son cou, la demi-elfe fit glisser son épée le long de celle de Silgan. Sous les yeux fixes de son ennemi, elle releva lentement son arme, la plantant de tout son long dans le corps du parjure. Un hurlement inhumain brisa la scène. Slytha. Quand il s'acheva dans un rugissement de haine, un silence de mort tomba sur la plaine. Tous les combattants semblaient s'être figés. Le dragonnier tomba lentement dans les bras de Demester, qui ne pu que le retenir, le cœur lourd. D'un geste tremblant, elle retira Vöndr, laissant une plaie béante dans le ventre de l'homme. La demi-elfe jeta son épée un peu plus loin et allongea doucement l'homme dans l'herbe rase du terre plaint. Elle se redressa lentement et jeta un coup d'œil à la dragonne de Silgan. Repliée sur elle-même, elle s'était mise à gémir, après son hurlement de douleur. La bataille avait repris, mais les hommes semblaient engourdis par ce qui venait d'arriver, dans un camp comme dans l'autre. Soudain, alors que Demester ne s'y attendait pas, la bête se redressa brusquement et, avec les dernières forces qui lui restaient, se jeta sur Höljdr, ignorant Demester qui était pourtant agenouillée devant son dragonnier. Dans un rugissement qui fit trembler la terre, elle découvrit ses effrayantes dents de dragon et se précipita ailes et griffes dehors sur le compagnon de la demi-elfe. Celle-ci ne pu qu'assister, plus angoissée que jamais, à un combat dans lequel elle n'avait rien à faire. Il y avait là un véritable déchaînement de fureur, et les soldats proches ne pouvaient s'empêcher de s'écarter, de peur d'être écrasés par les deux masses de muscles entremêlées dans un corps à corps effrayant. Höljdr jaillit soudain du combat, grâce à un judicieux coup d'aile. Échappant de peu à Slytha, il s'élança vers les cieux. L'autre le suivit, ses forces décuplées par une rancune et une hargne sans vergogne. D'un battement d'ailes puissant, la petite dragonne verte rejoignit le grand dragon brun et se jeta sur lui avec férocité. Trop menue pour pouvoir le déséquilibrer, elle referma sa mâchoire sur l'encolure de Höljdr et tenta de lui déchiqueter le dos en battant frénétiquement de ses griffes acérés. Le compagnon de Demester, affolé, ne pu que zigzaguer dans les airs en secouant la tête. Mais l'autre était bien accrochée. La demi-elfe, quand à elle, sentait la douleur de son compagnon l'envahir lentement. Bientôt, elle du se frotter le cou car la souffrance de Höljdr devenait insupportable. Mais le dragon ne perdait pas espoir. Les larmes coulaient maintenant sur les joues de la demi-elfe et Höljdr su qu'il ne lui restait qu'une seule solution. Il orienta différemment ses grandes ailes semblables à celle d'une chauve-souris, et commença à piquer vers le sol, plongeant vers la rivière toute proche. Slytha ne réagit même pas. Mais quand ils entrèrent dans l'eau, elle sentit le liquide glacé se glisser dans sa bouche et elle fut obligée de lâcher Höljdr pour pouvoir refermer la gueule. C'était ça ou la noyade.
Alors que les deux dragons, épuisés par leur combat, s'extirpaient tant bien que mal de l'eau, un homme apparu tout à coup devant eux. Grand et tout habillé de noir, il posa un regard calculateur sur les deux bêtes exténués. Il sembla un moment parler seul, puis une longue lance toute en métal apparu dans sa main. Le cœur de Demester fit un bond dans sa poitrine et elle se leva précipitamment. Trop tard. L'arme siffla en filant sur sa cible. Et la lance se figea dans le cœur de Höljdr. Que dis-je. Dans le cœur de Demester.
Slytha poussa un rugissement de triomphe avant de s'écrouler, car les forces de son dragonnier s'en allaient doucement. L'homme disparu.
Demester cru un instant qu'elle était morte. Elle espéra même être morte, car la vie sans Höljdr lui semblait inhumaine. Impossible. En fait, ce jour là, Demester n'échappa à la mort que parce que sa descendance devait la venger. Elle ne s'en rendit même pas compte, mais la possibilité de l'existence de Syriane ne fut confirmée que ce jour là. Ou peut-être est-ce simplement parce que la main de Silgan se referma sur son poignet, la faisant tressaillir. Personne ne sait ce genre de choses ... Encore sous le choc, elle ne pu que tourner la tête vers le dragonnier, peut-être aussi un peu pour échapper au spectacle des deux dragons agonisants. Un vrai massacre. Une bataille inscrite dans les annales, pour la quantité de sang qui aura coulé ce jour là. Le sang des dragons, des dragonniers. Le sang de l'alagaësia. Maintenant, Demester ne voulait plus qu'une chose ; oublier. Oublier même qu'elle avait été dragonnière. Quelque-chose en elle avait disparu, et sa première réaction était de faire comme si il n'y avait jamais eu quoi que ce soit à cette endroit là. Que du vide. Un vide infini, et plus douloureux que n'importe quelle blessure. Elle avait l'impression que son cœur allait exploser, que ses larmes allaient couler jusqu'à ce qu'elle en meure. Mais non. Elle ne pleurait même pas. Le regard vide qu'elle posa sur son ancien ennemi effraya Silgan et il ne pu s'empêcher de détourner les yeux. Pourtant, il ne desserra pas les doigts qu'il avait refermés sur la main de Demester.
- Je ... je ..., commença t-il.
Elle l'interrompit, et sa voix était curieusement calme, presque froide :
- Dragonnier, comment ta dragonne se nomme-t elle ?
- Slytha ... C'est, c'était, Slytha ...
Elle sembla alors réaliser que lui aussi avait perdu une partit de son âme, même s'il était parjure. Curieusement, toute envie de vengeance ou quelconque ressentiment disparu de son cœur.
- Slytha. Sache qu'un jour ce nom sera honoré, je te le jure.
- Mais ... elle ... elle a essayé de tuer ton dragon. Je suis désolé.

- Tu n'as pas à être désolé. Je ne t'en veux pas. Seul Galbatorix paiera le sang qu'il a fait couler, aujourd'hui. Et bien d'autre fois encore.
- Je ... je sais. Mais il m'a rendu aveugle. Aveugle des crimes ... Me pardonneras-tu un jour, dragonnière au sang juste ?
- Je t'ai déjà pardonné, Silgan.
- Je ... Merci.
Demester soupira, et referma les paupières de l'homme mort. Elle ne devait pas lui en vouloir. Elle ne pouvait pas lui en vouloir. Ce dragonnier-là avait largement payé sa traîtrise et sa cruauté. Mais elle avec.

2
Appréhension

- Sire ?

Le sire en question ignora suprêmement son interlocuteur et continua d’observer la carte du Surda posée devant lui.

-Hum … Sire, vous m’écoutez ?

Galbatorix se retourna brutalement, et sa voix cinglante trancha l’air, faisant sursauter Argan.

- En l’occurrence, non. Mais je suppose que vous voudrez bien répéter ce que vous vous acharniez à essayer de me faire comprendre.
- Oui, je … Bien sûr, mais, c'est-à-dire que, je pensais …
- C’est au sujet de cette dragonnière, n’est-ce pas ? Cette, comment dites-vous … ?
- Demester, Sire. Demester.
- Demester. Hm.

L’Empereur commença à faire les cent pas devant son devin. Celui-ci, grand et vêtu de noir, tentait de cacher son angoisse. Finalement, Galbatorix reprit de sa voix froide :

- Il me semble que vous avez tout à fait réussit votre mission. Le dragon de cette femme n’est-il pas mort ?
- Si, mais …
- Et bien, il me semble que tout est en ordre. Cette Demester est maintenant hors d’état de nuire, je pense.
- Justement. Elle est hors d’état de nuire, mais pas sa descendance. Il aurait fallu que Silgan la tu, avant de mourir. Mais cet idiot s’est contenté de regarder sa dragonne s’énerver bêtement. D’ailleurs, cette idiote de Slytha n’a même pas été capable d’achever l’autre dragon, et il a fallu que je m’en mêle ! …
- Il me semble qu’elle était sur le point de s’en charger, avant que tu ne t’en mêles, Argan … Sa descendance ?
- Oui, sire. Cette femme aura pour enfant un dragonnier ou une dragonnière. Les eaux de Tüdosten me l’ont dis. C’est pourquoi, il me semble, il aurait été plus sage de s’en débarrasser vraiment.
- Je vois. Mais je suppose que tu vas trouver un moyen d’éviter ce genre d’incident, mon cher Argan …

Plus crispé que jamais, le devin hocha lentement la tête.

- Je pense que la magie peut nous sortir de là, Votre majesté.
- Et, bien sûr, tu vas me dire par quel moyen ? susurra Galbatorix.

Une fois de plus, l’homme acquiesça.

- Je suis capable de lancer un genre de malédiction sur cette fameuse descendance …
- Fameuse ?
- Façon de parler, sire …
- Donc, tu disais ?
- Oui, je parlais d’un sort qui permette de changer l’état de ce qui sortira de l'oeuf …
- Je vois. A quoi pense-tu précisément ?
- Un cheval, sire.

Un instant, l’empereur resta silencieux, comme figé. La tension du devin monta d'un cran. Puis le roi éclata d’un rire effrayant.

- Ah, mon cher Argan, il y a des moments où tu es vraiment brillant …

L'homme lâcha un soupir de soulagement. Puis il reprit :

- Bien sûr, j’aurai besoin d’aide, étant donné la difficulté que représente un tel sortilège … Mais il en vaut la peine, je pense, vu le danger que représente l’apparition d’un nouveau dragonnier…
- Prétendrais-tu que je suis incapable de me débarrasser de ce genre de soucis, Argan ?
- Je … Bien sûr que non, sire.

Sa voix tremblait, car il venait de croiser les yeux de l’Empereur. Des yeux étonnamment noirs.

- Dans ce cas, expliquez-moi en quoi consiste ce sortilège, reprit l'autre comme si rien ne s’était passé.
- Je … C’est un sort fort compliqué …

La suite, vous la connaissez. Ce jour-là, un destin bien funeste se dessina sur la vie de Syriane. Galbatorix et Argan préparèrent un moment les incantations, puis lancèrent le voile sombre de la malédiction sur Demester. Sa descendance trouverait l'oeuf, mais seul en sortirait un petit cheval de rien du tout, qui ne vivrait que quelques jours, et qui emporterait Syriane dans la mort. Après, allez savoir si cela allait fonctionner …

3
Le berceau de l'elfe

Une femme marchait dans les couloirs de Farthen-Dür, sans paraître douter de son droit d'être là. Elle s'arrêtait tout de même à certains croisements pour jeter un coup d'oeil au passage adjacent, puis elle reprenait sa route indifféremment. Plutôt grande, elle semblait quand même assez âgée et quelques rides troublaient son visage. Ses mouvements étaient curieusement accentués par ses habits épais et par les manches bouffantes de sa cape brune. Elle s'arrêta soudain devant une porte, qui ne semblait pourtant pas différente de toutes celles qu'elle avait croisé. D'un geste assuré, elle saisit la poignée et poussa calmement le battant. La pièce semblait vide, et était d'ailleurs plongée dans le noir. Au fond de la salle, une nouvelle porte se dessinait sur le mur de pierre. La femme s'approcha de quelques pas, puis sembla tendre l'oreille. Elle pu bientôt entendre les voix de deux personnes qui discutaient dans la pièce d'à coté.

- Non, nous devons retourner à Ellesmera. C'est son pays, et puis tu sais bien que ...
- Non, ne me ressors pas le vieux numéro du « c'est dangereux, ici », Demester ! Sache que nous sommes tout à fait en sécurité, tant que nous ne quittons pas les montagnes. Et puis, tu sais comme moi que son pays est ici ! Je pense que notre fille vivrait bien mieux dans cet endroit, où les gent ne restent pas terrés chez eux en attendant que ça se passe ...
- Critiquerais-tu notre peuple, Eyod ?
- Je ... Bien sûr que non, mais avoue qu'elle grandirait différemment, dans un peuple comme celui-là !
- Bon, je ne discuterai pas plus longtemps avec toi. Tu as pris ta décision, je le comprends, mais attends-toi à ce que je force la mise si un quelconque danger menace cette cité ...
- Je comprend, et je respecte ton choix. Si c'est ce dont tu as besoin, je m'engage moi-même à te suivre dans ce sens si l'Empire décide d'essayer une fois de plus de se débarrasser des Vardens.
- Merci, Eyod. Et puis, tu comprends, j'ai tellement peur pour elle ..

Les voix semblèrent s'éloigner, puis se turent. La femme, toujours immobile derrière la porte, observa la lumière qui filtrait au bas de celle-ci s'éteindre. Son regard se porta alors sur un coin de la pièce plongé dans l'ombre. Elle s'avança lentement. Un petit bruit plaintif la fit sursauter.

- Garjzla ... , murmura-t elle.

Et une petite boule de lumière apparu dans sa paume. Ce qu'elle pu enfin voir la fit sourire. Deux grands yeux bleus la regardaient avec intérêt, au milieu d'un petit visage rond lui même entouré d'une masse de cheveux noirs comme les plumes d'un corbeau. L' enfant était dans un genre de berceau tout simple, mais dont les bords étaient brodés d'un curieux tissu bleu nuit, sûrement apporté du Du Weldenvarden pour l'occasion. Le bambin n'avait sur lui qu'une couverture en laine et ses petites mains commençaient à s'agiter vers l'intruse ; sûrement la gamine était-elle bien heureuse d'échapper à une nuit sans incidents. D'ailleurs, le visage de l'enfant elfe se fendait déjà d'un large sourire.
Pas tout à fait elfe, songea la femme pour elle-même, alors qu'elle posait une main affectueuse sur le bord du berceau. L'enfant, plus curieuse et éveillée que bien d'autres à son âge, poussa un petit cris de surprise et de ravissement, tendant de plus belle sa main vers l'inconnue, et commençant à battre des pieds sous sa couverture.

- Chut, chuut, ma petite. Ne serait-ce pas bête de réveiller tes parents, petit Oeil-de-Nuit ?

À l'évocation de son prénom, la petite se tu brutalement et son visage devint curieusement sérieux, expression inhabituelle chez un bambin. Sachant qu'elle avait toute l'attention de la gamine, la femme recommença à lui parler :

- Oeil-de-Nuit ... Tu n'as pas eu de chance, mon enfant. Tu es destinée, quoi qu'il en soit, à souffrir beaucoup ... Peut-être pas tout de suite. Je pense même qu'il y a moyen d'éviter que cela arrive trop rapidement. C'est sûrement là la décision la plus sage à prendre, en fait. Et oui, Syriane, tu seras la première et sûrement la seule personne de ce monde à avoir pour compagne une jument ailée ...

La bouche entrouverte, la petite elfe ouvrait de grands yeux lumineux dans lesquels Aline cru un moment se noyer. Aline Amagon. Arrière petite fille de Sylves Amagon, l'un des premiers dragonniers humains. En toute logique, mère et grand-mère de dragonières. Mais le destin en avait décidé autrement, et sa petite fille ne serait pas immédiatement la compagne d'un de ces êtres de légende ... Avant cela, elle devrait traverser de nombreux chagrins et épreuves, pour ne pas avoir perdu la vie ... Pour ne pas avoir eu à payer le sang de sa famille ... Un sang de dragonniers. Ou du moins, de dragonnières, en l'occurrence ^^
Plus sûre que jamais de sa décision, Aline leva une main au dessus du petit corps fragile.

- Eitha ... eitha ... Argan ! Eitha ... Slytha, eka ono ethgrí. Un Syriane, eka weohnatanéiat haina ono. Blaka ! ... Eka aí varden du onr wyrd ... Syriane, du grind huildr du iet dras. Atra esterni ono thelduin, Syriane un Slytha. Iet hugin tauthr ono ... !

Quelques secondes plus tard, la pièce était vide, le berceau silencieux, et l'avenir commençait à changer d'avis.

Et bien ? Peut-être que personne n'a lu, c'est pas grave. Mais c'est l'origine même de Soudaine, donc vous plaignez pas de pas être informés ^^

J'ai pas eu le temps de lire, et j'avoue que je regarde rarement les écrits. Mais tu avais déja écrit une autre histoire sur Soudaine me semble t il ?

Non, pas vraiment. Enfin, pas comme ça. Là j'explique simplement pourquoi elle existe, chose que j'ai supprimé de ma fiche. On avait tellement débattu sur ce sujet à mon arrivée que là je suis super fière d'avoir trouvé une histoire qui tienne enfin la route :p

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