Le monde est petit [privé]

[Seith, j'ai eu l'idée qu'on en profite pour aller à la capitale, pour les festivités. ]

Syriane chevauchait depuis au moins une demi-journée en direction d'Urû'baen. Soudaine, à peine fatiguée, continuait à galoper inlassablement sur la route poussiéreuse. Sa cavalière, installée sur ses ailes repliés, était en pleine réflexion sur leur destination. Etait-ce vraiment une bonne idée de voyager vers la capitale ? Surtout en ces périodes de trouble. Et puis, le mariage de la princesse approchant, comme elle l'avait appris dans la dernière ville où elle s'était arrêtée, la ville était sûrement en ébullition. La voix de Soudaine mit un court à ses réflexion.

Une forme, dans le ciel. Juste derrière nous. On dirait un oiseau, mais en beaucoup plus grand.

La jeune elfe leva le visage et s'aperçue avec stupeur que ce que sa jument n'avait pas pue parfaitement distinguer était en fait un dragon filant dans la même direction qu'elles. Elle se retourna lentement sur le dos de Soudaine pour mieux l'observer et constata avec circonspection qu'il s'agissait d'un dragon violet. Elle avait déjà rencontrer un dragon violet et un soupçon s'insinua en elle. Et s'il s’agissait de Stampe ? Son dragonnier avait-il lui aussi décidé de rejoindre la capitale ou était-il simplement de passage ? Elle se remit à l'endroit sur sa jument et se mit à réfléchir à toute vitesse. S'il ne s'agissait pas de Seith, elle courrait un grand danger en restant ainsi au milieu de la route. Alors, une idée germa dans son esprit.

Soudaine, adresses-toi à lui.
Quoi ? Mais, et si ce n'était pas lui ? Et si il s'en prenait à nous ? Il risque de nous tuer !

La jeune elfe haussa les épaules avec fatalisme.

De toute façon, il n'y a pas cent dragons violets dans l'Empire. Vas-y, appelle-le, avant qu'il ne passe sans nous voir.
Ce serait peut-être le mieux. D'ailleurs, pourquoi tiens-tu tant à ce qu'il s'aperçoit de notre présence ?

Syriane s'empourpra mais elle se reprit rapidement en s'écriant :

Bah à ton avis ? On peut mieux se défendre à deux !

Soudaine tourna la tête vers sa compagne et celle-ci sentit nettement son scepticisme.

Ah parce qu'on a eu du mal à se défendre, jusqu'à présent ?

Syriane allait répondre quand un grand bruit de battements d'ailes retentit au dessus d'elles. Elle leva la tête et s'aperçue avec surprise que la bête les avait presque atteint. Paniquée, elle talonna sa monture et elles s'écartèrent légèrement de la route au cas où le dragon ne soit pas plein de bonnes intentions.

[à toi, spaux d'bananes]

[ Mais euh !]

Seith avait décidé de participer aux festivités en l'honneur du mariage de la princesse. Peut-être y croiserait-il des connaissances. Et puis ce n'était sûrement pas très risqué, il y aurait beaucoup de monde, il pourrait se dissimuler au sein de la foule s'il le fallait.

"Seith, je crois que nous survolons des connaissances..."

L'adolescent se pencha et entrevit une cavalière, sur une monture qu'il aurait reconnu entre mille.

" On dirait que c'est Syriane !... et Soudaine."

Il ignora le rire mental du jeune dragon. Stampe prit de lui-même la décision de se rapprocher d'elles, mais pas trop pour ne pas les effrayer. Quoique Stampe ne fut pas très impressionnant, il restait tout de même un assez imposant dragon.

"Tu devrais peut-être avertir Soudaine télépathqieument."
"Et si elle prends peur ?"
"Si c'est Soudaine, je ne pense pas qu'elle ait peur de toi..."
" Bon je veux bien essayer... Il n'y a pas de précipice proche au moins ?"

Seith ne put retenir un éclat de rire. Son dragon trouvait toujours moyen de sortir quelque chose de drôle, quelques soient les circonstances. Au moins les voyages n'étaient pas monotonnes.

" C'est Soudaine ? ...euh c'est Stampe qui te parle."

[Bah quoi ? Il est colère, le spau d'bananes ? ]

Syriane éclata de rire en entendant la voix du dragon s'adresser à sa compagne. Et dire qu'elles avaient eu peur !

C'est ça que t'appeles un dangeureux dragon ?!
Chuut ! s'écria la jument.

Elle s'ébroua légèrement, comme si le dragon pouvait s'intérésser à son allure, puis elle répondit en dressant fièrement l'encolure.

"En effet, c'est moi. Ton dragonnier souhaite-t-il se joindre à nous ?" demanda-t elle avec audace, ce qui lui valut un coup d'oeil noir de Syriane.

Soudaine s'écarta un peu pour laisser de l'espace au dragon prêt à se poser. L'elfe se laissa glisser le long de sa jument et s'avança pour acceuillir le jeune dragonnier.

" Il n'attends que ça. "

Telle fut la réponse -ironique et réaliste- de Stampe, qui lui valut un coup d'oeil sombre de la part du jeune homme. Le dragon éclata de rire.
Seith descendit , souriant. il s'inclina légèrement devant la jeune elfe.

Astra esternì ono thelduin.

Que la chance t'accompagne. Première phrase d'un rituel important pour les elfes. Il avait bien appris sa leçon. Il observa rapdement Syriane. Elle n'avait pas changé depuis leur première rencontre, environ deux mois avant. Peut-être moins. Il était content de la revoir.

[Héhé, j'étale ma science. Ho les mains et sans le livre !]

Alors comme ça, il avait retenu son cours ? Syriane ne pue s'empêcher de sourire en l'entendant réciter la formule de salutation. Elle inclina légèrement la tête pour lui rendre son salut.

Morranr'r lifa hunin hjarta onr.

Syriane se doutait bien qu'il n'allait tout simplement rien comprendre, mais cela avait été plus fort qu'elle.
Alors, Soudaine, dans un élan de compassion, souffla dans l'esprit de Seith :

"Un du evarinya ono varda. Réponds-ça !"

Avant que Seith ne réagisse, Syriane jeta un coup d'oeil à sa compagne, un sourire amusé flottant sur ses lèvres.

Tu crois que je ne t'ai pas entendu, lui glissa-t-elle à voix basse, ce qui lui value l'air indignée de la jument, comme si elle avait été atteinte personnellement.

Elle se retourna vers Seith. Elle aurait pu dire qu'il n'avait pas changé, mais elle pensait ne pas assez le connaître pour en être tout à fait sûre. Elle chercha un moment ses mots et finit par lui dire :

Si tu veux, je t'apprendrai la totalité de ces formules de salutations.

Aprés un léger silence, elle ajouta :

Sauf si tu as déjà mémorisé les paroles de Soudaine.

A l'occasion, elle lança un coup d'oeil en biais à sa compagne, qui n'arrêtait pas de gigoter, gênée. Laissant tomber le sujet de l'ancien language, elle lui demanda avec une curiosité sincère :

Alors, as-tu découvert des traces de ton père depuis notre dernière rencontre ?

- Je n'ai pas mémorisé ses paroles, je sais que j'apprends vite mais tout de même.

Il sourit.

- J'aimerais bien que tu m'apprennes les autres formules de salutations.

Il s'efforça d'ignorer_le reniflement ironique de Stampe.

- Je n'ai rien appris de nouveau sur mon père, hormis qu'il semblerait s'être dirigé vers la capitale. Qui sait, peut-être le trouverai-je là-bas, mais avec les festivités organisées pour le mariage de la petite-fille du roi, cela risque d'être difficile de trouver quelqu'un avec tout le monde qu'il va y avoir...

Stampe, arrête de rire comme un abruti !
Moi qui pensais que tu avais le sens de l'humour.

L'adolescent jeta un regard noir au dragon.

-Et toi qu'as-tu fais depuis la dernière fois ?

[je crois que ma réponse a la base était différente non ?]

[Edit : t'es vexée ? xd d'accord j'ai supprimé ma remarque.]

Syriane tenta de rassembler tout ce qu’elle avait fait depuis leur dernière rencontre pour en faire quelque chose d’à peu près cohérent. Pas facile, en fait.

- Heu… Je suis déjà allée deux fois à Urû’baen ; la première fois, j’ai revue cette amie dont je t’avais parlé, celle qui s’était faite arrêter par le roi. La deuxième, disons que… Que je me suis fait moi-même arrêtée.

Elle adressa un sourire crispé au jeune homme en se demandant comment il verrait ça ; la prendrait-il pour une maladroite incapable de se défendre ou même de passer inaperçue ? L’épisode d’Aroughs lui revint en mémoire et elle sentit le violet lui monter aux joues. Comment avait-elle pue ne pas réussir à se défendre contre un simple soldat ? Elle se fit la remarque qu’elle n’était pas très habituée s’attaquer ainsi aux gents. Et puis, si ce n’était pas arrivé, elle n’aurait sûrement pas connu Seith. Cette pensée lui fit reprendre contenance. Elle fit disparaître son expression angoissée et afficha un sourire franc au jeune homme.

- Mais, comme tu peux le voir, je m’en suis sortie indemne. J’ai été aider par quelqu'un de, ...disons, généreux, et j’ai pu partir de la capitale sans encombre.

Enfin sereine, elle repoussa vivement une mèche brune tombée devant ses yeux et ajouta :

-Et puis j’ai aussi revu Mila ; j’ai fait un bout de route avec elle…Voilà, je crois que c’est tout.

Et Galas ?

Surprise par la question de Soudaine, Syriane lui jeta un coup d’œil furtif.

Comment ça, Galas ? Tu crois peut-être que nous allons lui parler d’elle !?
Je… Non, tu as raison.

La jeune elfe se retourna vers Seith et lui assura :

- Pour les formules de salutations, pas de problème ; je te les répète quand tu veux.

Un léger sourire amical flottait toujours sur ses lèvres, même si son esprit était ailleurs. Elle se rendit compte que, en effet, Seith n’avait absolument pas changé ; elle avait beau ne pas bien le connaître, elle se rendait bien compte que ce jeune homme était absolument identique à celui qu’elle avait rencontré quelques semaines plus tôt. Sauf peut-être cette étrange lueur déterminée qui brillait dans ses yeux. Peut-être croyait-il vraiment en sa chance pour retrouver son père à Urû’baen. Mais Syriane avait nettement sentit le pessimisme qui perçait dans sa voix quand il lui en avait parlé. Elle eut alors la certitude d’une chose ; malgré les épreuves, l’attente et le découragement, ce gars là était pret à tout pour retrouver son père, et se surprit à espérer pour lui. Elle-même n’avait pas revu sa famille depuis des mois, et elle savait très bien que bientôt elle serait obligée de retourner la voir ; elle était incapable de penser à ses proches sans avoir un pincement au cœur.
À part ça, Seith était le même. Avec ses sourires hésitants qui remplaçaient ses paroles -car, il fallait bien l’avouer, il n’était pas très très bavard. Et ses yeux étonnamment verts qui rappelaient à Syriane ceux d’Asaïra. Des yeux de dragonniers. Toujours silencieuse, Syriane baissa le nez. En espérant que Seith ne se soit rendu compte de rien, elle se demanda si elle était dragonnière. Si ses yeux aussi étaient étranges. Non, Soudaine n’équivalait absolument pas à un dragon, c’était sûr. Mais, dans ce cas, pourquoi était-elle venue au monde comme un dragon ? Cette question fit revenir Syriane à la réalité ; ce n’était pas le moment de s’interroger ainsi, sous le nez de Seith. Elle se redressa comme si de rien était et tenta de se composer une expression un peu moins embarrassée.

- Et bien, nous y allons ? lança-t elle sur un ton qui se voulait joyeux.